Comment a été lancé le Cirque Lavrat ?
Le Cirque Lavrat était avant tout un cirque de jeunes acrobates issus du monde de la gymnastique, celui du cercle Michelet de Fleury-les-Aubrais. Ce club était un réservoir de jeunes talents. Mon père, fasciné par le funambulisme, a un jour souhaité faire un exploit : traverser la Loire ! Les copains l’ont mis au défi avec des moyens de fortune. Le plus difficile était de tendre un fil d’environ 500 mètres sur les deux rives à Orléans. Il a trouvé ce fil dans les surplus d’une drague de Loire mais le câble était plein d’ « échardes ». Il a dû jongler pour ne pas s’empaler dessus. C’est cette traversée qui a lancé le cirque Lavrat.

François Lavrat et le vélo de son père.
Quel genre de cirque était le Cirque Lavrat ?
C’était un cirque surprenant et innovant dans l’originalité des numéros comme le tête-à-tête en musique très difficile à réaliser car il y avait un double défi : le porteur, qui avait tout le poids du joueur de trompette, ne devait pas faire tomber son compagnon qui lui-même ne devait pas faire de fausses notes. Et puis le fameux « RoolBoule », manège que mon père a inventé, très spectaculaire et une vraie prouesse technique ! Quant à ses numéros de clown, ils auguraient sa passion pour la sculpture : en créant des objets originaux, il a pris conscience de son potentiel artistique.
Vous n’avez pas connu ce cirque mais a t-il été une forme d’inspiration dans vos créations artistiques ?
Oui bien sûr. Dans mes sculptures, on retrouve l’équilibre, la fantaisie et le côté éphémère et passionnel du monde du cirque. Il y a l’exaltation d’une forme d’inspiration, le goût du spectacle et de l’esthétisme aussi. Moi, j’étais trop timide pour faire du cirque. J’ai préféré vivre dans les ténèbres réconfortantes de mon atelier où je donne le meilleur de moi-même, où je déploie ce que je peux faire, avec un père toujours présent, un inspirateur qui m’a toujours porté et qui m’impressionnait tout en me faisant peur : à 70 ans, il faisait encore du vélo à une roue dans son atelier entre les machines et les barres de feu !
Propos recueillis par Estelle Boutheloup
A lire aussi l’article sur l’exposition Lavrat à l’Argonaute: http://www.magcentre.fr/179811-a-largonaute-dorleans-la-memoire-du-cirque-lavrat-trouve-le-bon-equilibre/