La santé sera l’un des angles d’attaques de l’opposition de gauche aux municipales. C’est déjà le cas dans cette pré-campagne. Il faut dire que comme le dit le cri d’alarme lancé par Marie-Emmanuelle Matay de Rufray du groupe PS-Verts et par Michel Ricoud (PC): “la désertification médicale est une urgence absolue“. La France, a eu le génie dès 1943, unissant toutes les forces résistantes du pays (gaullistes, centristes, socialistes, communistes…), de penser cette magnifique institution de solidarité qu’est la Sécurité Sociale. Comment est-il possible que 80 ans après, la population ne soit plus soignée correctement, à l’hôpital comme en ville, parce qu’il n’y a plus de médecins ?”, demande la première.

Le CHR d’Orléans.
Au CHRO d’Orléans, les urgences sont débordées par des patients qui n’ont que de petits “bobos”, mais qui y ont eu recours car “nous n’avons pas de médecin traitant”, disent-ils en arrivant. Sur la métropole, les généralistes refusent de prendre de nouveaux patients faute de place.
“Un demi-siècle de politiques publiques à visée économique à court terme, incapables de dépasser les corporatismes, nous a conduits à ce résultat.
Pourtant, si, sur le papier, il n’y a jamais eu autant de médecins inscrits à l’Ordre des médecins, dans la réalité, il n’y a jamais eu aussi peu de médecins en exercice réel, avec des inégalités territoriales gigantesques partout en France, touchant particulièrement Orléans.”, poursuit la conseillère d’opposition.
La maison de santé de La Source risque bien de fermer faute de médecin

A la Maison de santé de La Source lors de son inauguration.
Michel Ricoud (PC) le conseiller municipal et métropolitain de La Source interpelle Stéphanie Rist, députée de cette circonscription (la 1ère du Loiret) et ancien chef de pôle au CHRO: ” la Maison de Santé de la Source qui risque de fermer début 2020, les médecins actuellement en pose partant en retraite, je souhaite connaître le détail de vos interventions afin que le droit à la santé et le droit à l’accès aux soins soient une réalité pour notre quartier de la Source dont vous êtes la députée.”
Proche de la ministre Agnes Buzyn, Stéphanie Rist plaide,
“L’accès aux soins…continuera d’être l’une de mes grandes préoccupations pour notre territoire. Durant ce mois de mai, cet objectif a été, une fois encore, au cœur de mon action parlementaire : l’annonce de la non augmentation du numerus clausus dans notre région à la rentrée prochaine a donné lieu à de nombreuses critiques. Je les comprends ayant été rapporteure de la loi “. “Ma Santé 2022″ qui est actuellement examinée au Sénat et qui supprime le numérus clausus dès 2020.”.
Le fameux numerus clausus a été mis en place il y a 50 ans et le gouvernement en place comme ses prédécesseurs doit faire avec. La réforme de la santé présentée par Agnes Buzyn, outre la suppression de ce numérus clausus prolongé jusqu’à maintenant par le lobby médical, prévoit de répondre d’ici dix à quinze ans aux déserts médicaux.
Et en attendant on fait comment? Les malades d’Orléans et la région continuent-ils d’aller à Paris pour avoir un rendez-vous avec un spécialiste en moins de six mois? Les moins fortunés continuent-t-ils de saturer les urgences dont les infirmières, les médecins et les aides-soignantes n’en peuvent plus et se mettent en grève?
Le salariat des médecins un gros mot?
“La réforme, urgente, globale, doit être menée avec courage, pragmatisme, lucidité, et sans tabous : salariat remplaçant l’exercice libéral? réforme du financement à l’acte? CHU bi-site Orléans-Tours pour innerver toute la Région? Passerelles entre les filières de formation médicale pour fluidifier les parcours professionnels? Réorganisation de la continuité des soins et des gardes ? …
Tout doit être mis sur la table. Le système de santé est un service public financé par les français. Sa « régulation » n’est donc pas un gros mot, elle est due aux français.
Il faut 10 ans pour former un médecin. Orléans a besoin, maintenant, de dizaines de médecins, qui viennent, et qui restent. Pourquoi ne pas expérimenter sans attendre davantage, le salariat des médecins généralistes à Orléans ?”, demande le groupe PS-Verts.
“Différentes propositions sont en débat, propositions que je partage”, dit Michel Ricoud. – “l’installation des nouveaux médecins là, comme à la Source, où il y a un vrai problème de désertification médicale. La mise en place de centres de santé, avec des médecins salariés. Vous savez que dans les communes ( toutes tendances politiques confondues) où existent ces centres de santé, le droit à la santé et le droit à l’accès aux soins se trouvent améliorés; la création d’un CHU à Orléans; “
Vendredi lors de l’Assemblée générale de quartier à La Source, Olivier Carré et son adjoint à la santé, Valmy Noumi Komguem, se sont montrés optimistes: “pas question qu’elle ferme” a dit le maire à propos de la MSP de La Source. Des solutions seraient en vue avec de nouveaux praticiens qui officieraient aussi à l’hôpital.
Quoi qu’il en soit, la médecine dans son volet professionnel ne fait pas partie des compétences de la mairie ou des métropoles -financer des MSP s’il n’y a personne pour y exercer ne sert à rien- mais relève bien de l’Etat; Pourtant ce thème de la santé qui est de fait une “urgence absolue” dans le Loiret notamment, risque bien d’être un des thèmes majeurs de la campagne pour les municipales.
Ch.B