Pour examiner les plus de 5 000 amendements déposés par l’opposition UMP, les députés ont siégé depuis le 29 janvier, jour et nuit dans le débat sur le mariage pour tous. L’Assemblée nationale devrait éviter un nouveau week-end de travail et voter la loi mardi prochain. Au Sénat, le Président de la Commission des lois, Jean-Pierre Sueur, organise les auditions avant que la Haute assemblée ne se saisisse à son tour du débat.
Pour Valérie Corre (PS), une des deux nouveaux députés du Loiret élus en juin 2012, c’était le baptême du feu que cette session mémorable consacrée à une loi sociétale qui fera date. Magcentre a voulu savoir comment elle l’avait vécue.
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Pour vous le baptême du feu d’un premier débat marathon, plein d’amendements, fiévreux…comment l’avez-vous vécu?
Valérie Corre: Depuis que je suis députée, c’est le débat le plus long dans l’hémicycle, le plus animé, pas le plus sympa, c’est une bonne façon de découvrir définitivement les coursives de l’hémicycle.
Avez-vous été surprise par la violence de certains propos, de ce ton qui sortait de l’ordinaire?
Cela ne m’a pas vraiment surprise car depuis que l’on commençait à parler de ce sujet dans l’assemblée, les propos était plus feutrés, mais existaient déjà. Ce qui m’a choqué, ce sont tous les relents homophobes autour des propos tenus dans l’hémicycle et en dehors. Sous couvert d’une respectabilité vis-à-vis de l’homosexualité, les députés UMP frôlent régulièrement les propos homophobes, en tous cas le non-respect des différentes familles.
Vous avez assisté et participé à tous les débats y compris les nuits?
Nous y sommes depuis mardi après-midi cela fait plus de huit jours. J’avoue ne pas avoir fait la nuit de dimanche à lundi parce que j’avait une permanence à neuf heures à Châteauneuf-sur-Loire. Pour être présente ce matin (jeudi lors de la venue des deux Ministres à Orléans) j’ai fait une courte nuit.

Devant le lycée Jean Zay à Orléans jeudi, une manif anti-mariage gay interpelle les députés.
Oui, nos sommes convaincus tous les députés de gauche qui participons à ce débat, de prendre part à une évolution énorme de notre société et on oubliera jamais de toute notre vie que nous avons voté cette loi, qui est une avancée extraordinaire pour l’égalité de tous.
On a l’impression quand même d’un décalage avec les Français qui considèrent qu’il y a d’autres priorités l’emploi, la crise économique…
Bien sûr, ce n’est pas la première préoccupation des Français, mais c’était un sujet sur lequel nous nous étions engagé et sur lequel il fallait faire évoluer les choses et le fait que dans l’hémicycle le débat se focalise là-dessus n’empêche pas les ministres et les députés de travailler sur d’autres sujets. Cette nuit, il y avait une commission des finances qui a travaillé sur la réforme bancaire… cela n’empêche pas le reste d’avancer.
Ce débat sur le mariage pour tous devait bien avoir lieu à l’Assemblée pas dans la rue?
Que le débat doivent avoir lieu dans l’hémicycle et qu’à un moment on ait le courage de légiférer oui cela me semble légitime et logique.
Et dans deux ans on n’y pensera plus…?
Oui, je pense que dans quelques années, même ceux qui se sont battu contre diront du mariage ce qu’ils disent aujourd’hui du Pacs. Qu’il y ait eu débat c’est normal, que cela fasse réfléchir et qu’il y ait des interrogations sur l’évolution de la société, c’est tout à fait normal. Ce qui ne l’est pas c’est la façon dont les débats sont abordés par la droite, c’est de l’obstruction. Maintenant les choses vont se faire et la loi sera votée mardi”.
Propos recueilli par Christian Bidault