Devant 300 militants, plusieurs ministres dont les régionaux Jacqueline Gourault et Marc Fesneau , de nombreux parlementaires et maires -dont ceux d’Orléans et de Tours-le Premier ministre est venu redire toute sa foi dans l’Europe et appeler à la mobilisation générale pour dimanche en faveur de la liste “Renaissance”.
Edouard Philippe, jeudi soir à La Chapelle Saint-Mesmin.
Édouard Philippe n’est pas « un européiste béat » mais un « pragmatique » et surtout un européen convaincu malgré les faiblesses de cette union qui « est une construction unique au monde » et qui nous a apporté « la paix et la prospérité ». Poursuivant sa tournée nationale, notamment chez les maires macron-compatibles, Édouard Philippe a donc fait une halte à La Chapelle-Saint Mesmin devant 300 militants et sympathisants -mais aussi de nombreux élus- réunis par la République en Marche. Après son entrée dans l’arène, avec un format en cercle proche de celui du Grand Débat National Édouard Philippe en bon politique a d’abord su flatter ses hôtes, les parlementaires, Orléans et ses fêtes de Jeanne d’Arc (il en fut l’invité l’an passé dans un « esprit de fête, de sens du collectif qui reste gravé dans mon esprit ») et le maire d’Orléans. « Olivier Carré, insiste Édouard Philippe a été un des députés les plus expérimentés et les plus compétents en matière de fiscalité et d’économie ».
Les valeurs de l’Europe
Tous les marcheurs avaient fait le déplacement.
Après cette mise en bouche amicale, le Premier ministre est d’abord venu rappeler les enjeux du scrutin de dimanche : « la vraie question, le vrai enjeu c’est de savoir si le Parlement va rester à Strasbourg alors que sa présence est remise en cause par la présidente de la CDU ». « Le Parlement à Strasbourg c’est un symbole fort martèle M. Philippe il faut se battre résolument pour conserver ce siège ». La seconde question qu’il pose c’est de savoir « s’il y aura une majorité de députés qui veulent améliorer et corriger l’Europe ou qui veulent au contraire casser cette union et remettre en cause ses valeurs européennes ». Et de prévenir « s’il y a une masse critique importante qui veut déconstruire, alors elle déconstruira patiemment tout ce qui a été fait depuis des décennies ». C’est pourquoi le Premier ministre se fait le héraut de la liste Renaissance conduite par Nathalie Loiseau : « une liste de rassemblement qui veut conserver les valeurs fondatrices de l’Europe ». Troisième enjeu fondamental du 26 mai : la souveraineté de la France et de l’Europe. Pour lui l’opposition n’est plus entre « souverainistes et européistes » mais entre défenseurs et pourfendeurs d’une « souveraineté durable qui repose sur une Europe solide » notamment sur les questions monétaires, de défense, d’agriculture. Sur ce dernier point Édouard Philippe a trouvé un coach en la personne de Jérémy Decerle, candidat de la liste Renaissance, agriculteur et ancien président du CNJA (jeunes agriculteurs). Pour celui qui sera élu député européen dimanche le projet Renaissance « a du sens et de la gueule » avec un « programme écologique ambitieux et courageux » qui refuse « l’écologie de comptoir au profit d’une écologie responsable ».
L’Europe jaune d’œuf
L’incontournable séance de selfies de fin de meeting.
Les élus de cette liste se battront d’ailleurs pour la défense du budget de la PAC mais aussi pour que les aides financières soient attribuées aux exploitants et « pas à la reine d’Angleterre ou au prince de Monaco ». Dans l’agriculture comme dans la défense « l’Europe face aux Usa ou à la Chine est la seule capable d’assurer notre souveraineté ». Et cela d’autant plus que les menaces géopolitiques s’affirment avec « un Est incertain, un Ouest imprévisible et un Sud instable ». Face à ces menaces un seul remède : « une Europe plus forte et plus solide seule capable de garantir notre destin et l’influence de la France dans le monde ». Pour consolider l’Europe Édouard Philippe plaide pour le renforcement de l’Euro, pour la création d’une défense commune car « il vaut mieux compter sur nous-mêmes avant de compter sur les autres ». Au jeu des questions réponses, Édouard Philippe est aussi intervenu sur le budget européen, la souveraineté industrielle et technologique, la mise en commun des efforts de recherche et d’innovation. Une ambition résumée par une image : « l’Europe peut être le jaune d’œuf autour duquel la sauce prend ! ». Il se permet même une pirouette à propos du brexit et de la situation de la première ministre britannique : « En France le rôle du Premier ministre n’est pas simple mais parfois je pense à Theresa May… ».
« L’Europe c’est comme l’oxygène… »
S’il faut « corriger et améliorer l’Europe M. Philippe veut pourtant mettre des limites : « on a parfois tous les instruments dans chaque pays pour régler nos problèmes internes, sans attendre une solution de l’Europe. Soyons très exigeant avec l’Union Européenne mais ne tombons pas dans le travers de tout lui demander et de tout en attendre ! ».
Pour poursuivre la grande aventure européenne et « être à la hauteur de nos prédécesseurs » Édouard Philippe appelle donc à la mobilisation pour le vote de dimanche : « le succès dépend de vous, de votre mobilisation, si vous y croyez on gagnera. L’Europe c’est comme l’oxygène quand on n’en a plus on se rend compte que c’est précieux… ».
J.J.T.