L’affaire du numérus clausus qui restera inchangé dans la région Centre-Val de Loire, pourtant désert médical record, alors que toutes les autres régions seront en augmentation au final en nombre de médecins continue de soulever l’indignation.
Le CHU de Tours.
Sauf à Tours, où la réaction est positive de la part de l’université et de l’hôpital. Celui-ci a envoyé un communiqué assez sidérant expliquant que le problème n’est pas au niveau du numerus clausus (nombre d’étudiants passant en deuxième année… mais situe en sixième année…) et que l’augmentation de 13,5% d’étudiants au niveau national passant en deuxième année est du à “un ajustement technique”! Authentique. Voici le communiqué de la fac de Tours:
“L’arrêté du 21 avril dans lequel ont été publiés les numerus clausus (NC) des PACES des facultés de médecine a été mal compris et ont fait l’objet d’interprétations erronées relayées depuis quelques jours. L’apparente augmentation de 13% au niveau national est liée essentiellement à des ajustements techniques, comme l’expérimentation en cours à Brest et Paris de 2 années en 1 en PACES. Cette année, les doyens de médecine et les agences régionales de santé n’ont pas été interrogés sur ce sujet, car il a été décidé de figer nationalement les numerus clausus pour attendre que la réforme de la PACES soit mise en place.”.
Tours: “ouvrir d’avantage notre cursus”
Donc pour l’université et l’hôpital de Tours, il convient d’abord de réformer le PACES (Première année commune de études de santé) avant de s’attaquer au numerus clausus: “Cette réforme nécessaire doit permettre aux universités une adaptation intelligente et pertinente pour leurs territoires des conditions et modalités d’entrée dans les études médicales.
L’enjeu pour la région Centre-Val de Loire, dans la logique de l’Alter PACES* mise en place dans les universités de Tours et d’Orléans, et d’Ambition PACES** déployée dans 14 lycées ruraux de la région, est d’ouvrir davantage notre cursus à des bacheliers plus diversifiés que notre écrasante majorité de lycéens et lycéennes bac S mention très bien ou bien, provenant principalement des 3 départements le long de la Loire.
“Augmenter le nombre d’étudiants entrant dans les études de médecine dans notre région ne peut avoir de sens que si on réduit les fuites en fin de deuxième cycle, en 6ème année (72% des étudiants ont encore choisi l’année dernière de partir dans une autre région pour y faire leur internat) et que si on aligne le nombre des internes avec le nombre d’étudiants de premier et deuxième cycle.
Après être passés de 220 en 2017 à 234 postes d’internes en 2018, nous allons tout faire cette année, en lien avec l’ARS, pour obtenir 259 postes d’internes (notre numerus clausus est de 255).
Certains de ces internes seront médecins 3 ans plus tard, et susceptibles de s’installer immédiatement si notre région sait les fidéliser. Les augmentations de numerus clausus (nous en avons obtenu une très conséquente en 2015 avant toutes les autres facultés) ne produisent d’effet que 10 à 15 ans plus tard.”
Guillaume Peltier: “une logique d’installation contrôlée”
Dans la foulée de François Bonneau le président de région, les réactions hostiles à cette décision gouvernementale se multiplient. Celle indignée de Guillaume Peltier (LR), patron du groupe d’opposition UDC à la région: “Le Gouvernement est totalement déconnecté face à l’accroissement de l’inégalité territoriale en matière d’accès aux soins et face à l’échec des mesures incitatives d’installation de jeunes praticiens dans des territoires défavorisés.
Guillaume Peltier (LR)
J’avais déjà déposé il y a plus de deux ans une proposition de loi visant à modifier en profondeur la libre installation des jeunes praticiens en passant d’une logique de liberté d’installation totale à une logique d’installation contrôlée”, explique le député du Loir-et-Cher, Il en relève du patriotisme et du civisme des médecins.”
Et Guillaume Peltier de rappeler: “De même, lors de la session du Conseil Régional de décembre 2018 nous avions proposé d’étendre le dispositif PAÏS(Plateforme Alternative d’Innovation en Santé), expérimenté avec succès en Loir-et-Cher et reposant sur des logiques organisationnelles (secrétariat commun, plannings partagés), un exercice moins isolé et un accent sur la prévention. Notre vœu n’avait alors pas été adopté.
Afin de porter au mieux vos voix, nous lançons une pétition que nous adresserons au Premier Ministre.
Pour signer cette pétition: http://chng.it/zhmgsBbJGj
CiTLab: “seule la Touraine ne souffre pas de pénurie de médecins”
Pour sa part CityLab, un groupe de réflexion orléanais qui ne cache pas des ambitions aux municipales réagit en ces termes:
Philippe Rabier.
” Pour la 3ème année consécutive, la faculté de médecine de Tours, seule ville ayant un CHU en région Centre Val de Loire, où sévit la plus importante des désertifications médicales de France, n’aura pas d’augmentation de son numerus clausus.”; Pourquoi le doyen de la faculté de médecine de Tours dit-il que même sans la décision du gouvernement il n’aurait pas demander d’augmentation? CitLab explique: “Parmi les 6 départements de la région Centre Val de Loire, seul le département de l’Indre et Loire ne souffre pas de pénurie de médecins car un grand nombre de jeunes diplômés s’installent près de leur lieu de formation. – La région Centre Val de Loire est la seule région de France a n’avoir qu’un unique CHU. – Orléans est la seule métropole et capitale régionale à ne pas posséder de CHU.” Et CitLab de rappeler les positions des parlementaires: “le 8 mars 2019, M. Jean Pierre Door, député du Loiret, rappelant ces anomalies délétères, a proposé l’amendement N°AS899 à la loi « Organisation et transformation du système de santé » qui aurait permis que le centre hospitalier régional d’Orléans (CHRO) devienne universitaire (CHU). Mme Stéphanie Rist, députée du Loiret et rapporteure de la commission des affaires sociales, qui a préparé cette loi sur la santé, a émis un avis défavorable à cet amendement qui a été rejeté par la majorité.
Le collectif CitLab milite depuis de nombreux mois pour la création d’un CHU à Orléans.
http://petitionpublique.fr/Default.aspx?pi=NHUO (pétition ayant obtenu près de 2500 signatures en quelques mois.
Et CiTLab de porter l’affaire sur un registre politique en montrant du doigt les députées LREM:
“A l’exception des députés de LREM, toutes celles et tous ceux qui nous ont reçus sont favorables à un CHU sur Orléans afin de réparer une anomalie territoriale, d’augmenter l’attractivité et le rayonnement de notre région et de permettre à terme d’augmenter le nombre de médecins formés et installés sur notre territoire. Nous ne sommes pas dupes. “
La réaction du maire d’Orléans
Olivier Carré.
« La stabilité du numérus clausus concernant les places de 2ème année aux étudiants de la Fac de médecine de Tours, seule fac de médecine de la Région Centre-Val-De-Loire pose question.
Même si c’est le cas dans 16 autres facultés, notre région, et en particulier l’Orléanais, subit une pénurie de médecins qui met en danger nos concitoyens. Il est tout à fait anormal que l’Etat donne le signal qu’il ne faut rien changer. Je lui ai fait part de mon mécontentement.
Ceci étant dit, il faut rappeler aussi que la plupart des étudiants qui passent la seconde année quittent notre Région au moment d’entrer en 6ème année. Le nombre de places d’internes proposé n’est même pas couvert à 100%. Cette fuite est un véritable sujet et met en échec toute capacité de développer le nombre d’étudiants qui, devenus médecins, s’installeront dans notre Région. Il ne sert à rien d’avoir le plus grand nombre d’étudiants au début de leurs études s’ils partent ailleurs au moment de leur formation finale. Ce qu’il nous faut, ce sont des médecins.
Le numérus clausus sera aboli à la rentrée 2020. Il faut profiter de cette réforme pour être plus ambitieux, audacieux, et faire en sorte que la nouvelle formation médicale dans notre Région permette de fidéliser plus de médecins.
La Faculté de Médecine de Tours travaille déjà avec le CHRO et l’université d’Orléans. J’apprécie le dialogue noué avec l’actuel doyen de la Faculté de Médecine. Mais il faut aller beaucoup plus loin, être encore plus lisible et intensifier considérablement ces coopérations pour structurer une véritable filière de recherche et de formation sur nos deux métropoles régionales. Il faut réunir tous leurs potentiels pour en faire un atout.
Cela passe par la création d’un enseignement médical sur Orléans, en lien et sous l’égide de la Faculté de Médecine de Tours. La création d’une composante santé à l’Université d’Orléans est une véritable voie pour densifier la formation médicale dans notre Région. L’installation de l’école de Kiné va dans ce sens.
Profitons de la réforme pour accueillir à l’Université d’Orléans les formations en premier cycle qui vont remplacer la PACES, en lien avec la Faculté de Tours. Nous devons mettre toutes nos chances de notre côté en nous appuyant sur les deux universités. Par ailleurs, la Faculté de médecine de Tours doit tirer profit de la qualité du plateau technique du CHRO en y pratiquant de l’enseignement et de la recherche de façon beaucoup plus intense qu’aujourd’hui. La désignation de professeurs chercheurs, au sein du CHRO, évidement rattachés à la faculté de médecine de Tours, serait un plus pour tout le monde. Cela se fait ailleurs pour le plus grand bien des territoires.
L’enjeu est de renforcer l’attractivité médicale de notre Région. Nos établissements universitaires et hospitaliers d’Orléans et de Tours doivent s’allier et relever ensemble ce qui est un véritable défi. Je demande à tous ceux qui sont impliqués et impactés par les réformes de se saisir de ces opportunités pour changer la donne dans notre région quitte à bousculer leurs habitudes. Il y a urgence. C’est un enjeu vital pour les habitants d’Orléans, de sa métropole, du Loiret et de la Région. »
Olivier Carré,
Maire d’Orléans,
Président d’Orléans Métropole