Dans les ateliers Oulan Bator d’Orléans, Onie Jackson ne cesse de peindre, sans doute du lever du jour à la tombée du soir pour ne pas perdre une miette, une étincelle, une mèche de lumière qui peuple ses toiles. “J’utilise l’acrylique, le pastel, l’huile , le fusain, cela dépend des humeurs du temps” nous déclare en toute simplicité cet artiste qui avait en mars avril 2018 proposé la saillante et performante exposition “Meubles et accessoire ” à la médiathèque d’Orléans.

Onie dans son atelier avant l’exposition
Aujourd’hui, il propose simplement l’expo “Onie”, à la galerie du Théâtre de cette même cité. Tout cela à l’invitation de Gil Bastide et de Ludovic Bourreau, commissaires de l’exposition et de François-Xavier Hauville, directeur de la Scéne nationale.
Quarante œuvres d’une prenante et rare présence

Avec Onie, femme libre sur un cochon, balance ton macho
Quarante œuvres sont cette fois exposées dont un très grand format de quelque cinq mètres sur deux évoquant une scène de cabaret. Et Onie de poursuivre, peu avant l’expo, qu’actuellement c’est surtout l’acrylique qui prime, technique et matière qui “l’oblige à aller vite”, une contrainte dont il peut avoir besoin.
Cela dit, ce souriant artiste acharné affirme tout aussitôt: “Je suis si bien quand je peins que ce n’est pas du boulot, je pourrais faire cela tout le temps”.
Dans son atelier où sont encore suspendues aux murs quelques-unes des grandes toiles hautes en couleurs, à la dense comme légère matière, Onie, conjuguant humanité et animalité, nudité et songe, solitude d’un Pierrot tout droit sorti d’un rêve, se sent prêt pour l’accrochage et se félicite, amusé, de la météo clémente de ce jour de printemps: “Il fait beau, le ciel bleu va me remettre le cerveau à l’endroit”.
Le temps lui-même est une matière

L’hommage au collectionneur Sergueï Chtchoukine cl Ludovic Bourreau
Celui qui aime la Goulue, le fabuleux collectionneur russe Sergueï Chtchoukine (1854-1936), Gertrude Stein, collectionneuse-muse et poétesse américaine(1874-1946) , “personnalité si libre et indépendante”, est aussi un maître amoureux du trait affirmant que pour lui le dessin et le trait sont exactement la même chose. L’abstrait n’est qu’un dessin avec de la couleur reprend-il.
Dans son atelier orléanais de la rue des Curés, il y a un clavier, car Onie est aussi compositeur, un musicien autodidacte. “Que ce soit en musique ou en peinture il s’agit de créer un magma d’émotions de couleurs, de bruits, de volumes” dit- il doucement.
Aux murs du bel atelier en désordre, attendant sagement d’être révélés au public, figurent des personnages, enfants ou adultes troublants ayant interrompu leur jeu. Ces êtres qui captent le regard du visiteur, ne peuvent qu’inviter à la contemplation de ces présences. Tout est suspendu.
Et tout à coup nous vient à l’esprit qu’avec ce beau peintre, si personnel, le temps lui-même est une matière.
Jean-Dominique Burtin.
Exposition “Onie”
Galerie du Théâtre d’Orléans, boulevard Segelle,
du 26 avril au 26 mai inclus.
Du mardi au samedi de 14 heures à 19 heures et les soirs de spectacles.
Ouvert dimanche 28 avril et les 5, 12, 19, 26 mai de 12 heures à 17 heures (entrée par Café du Théâtre).

L’affiche de l’exposition
Biographie succinte
Le peintre graphiste et compositeur Onie Jackson est né Orléans en 1977. Il intègre très jeune les cours de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts pour s’initier au croquis de nu mais il s’émancipe de la formation académique pour un monde plus alternatif grâce au graffiti.
Jonglant entre le graphisme et le graffiti, il commence à produire des grands formats à l’aide de différents mediums: l’aérosol, l’acrylique, le pastel, le fusain et l’huile sur toile. Travaillant depuis 2009 aux ateliers Oulan Bator d’Orléans, il s’inscrit dans un style moderne classique.