Les réflexions sur l’aménagement du futur éco-quartier sont engagées autour de Patrick Bouchain, un des grands noms de l’urbanisme et de l’architecture.
La concertation de Paterick Bouchain avec des jeunes.
Friche urbaine en déshérence depuis des années sur le territoire des villes d’Orléans et Saint-Jean-de-la-Ruelle l’ancien terrain militaire des Groues est appelé à devenir un des quartiers phares de l’agglomération. Désormais géré par la Métropole le projet d’aménagement veut éviter les erreurs commises dans nombre de quartiers en développement : manque de concertation, uniformité architecturale, surdensité de logements. D’où l’importance d’engager une réflexion très en amont sur ce quartier qui aspire à décrocher le label « éco-quartier ». Cette ambition de la Métropole a 
rencontré celle de l’État, notamment les ministères de la Culture et de la Cohésion des Territoires, qui recherchait des sites pouvant accueillir une démarche expérimentale. Celle-ci a aussi rencontré le chemin de Patrick Bouchain, un des grands noms français de l’urbanisme et de l’architecture qui vient juste d’être désigné lauréat du Grand Prix de l’urbanisme 2019. On lui doit de grandes réalisations sur des friches comme la transformation des anciennes usines LU en Lieu Unique à Nantes, la Condition publique à Roubaix, la scène nationale le Channel à Calais et la transformation de Blois quand Jack Lang était maire et lui directeur de l’atelier d’urbanisme.
Présence physique sur le terrain
Bien qu’en retraite Patrick Bouchain a lancé une initiative visant à « promouvoir le recours à des approches inédites, à dessiner de nouvelles manières de construire la ville collectivement, et à revendiquer un droit à l’expérimentation ». Cette démarche, « La preuve par sept » avec des initiatives sur 7 échelles différentes, depuis le village de 50 habitants jusqu’au territoire d’outre-mer en passant par la métropole régionale. C’est ainsi que les Groues ont été intégrés dans ce projet au titre de l’échelle métropolitaine.
Patrick Bouchain
Ce « chantier » est désormais visible sur le terrain avec l’ouverture d’une « maison des projets » que Patrick Bouchain est venu ouvrir mardi et qui sera « une fenêtre sur le quartier ». C’est l’endroit où seront exposés les projets à venir, où se tiendront les réunions de concertations et où un étudiant-architecte sera présent en permanence à partir de l’automne au titre de « la permanence architecturale ». « On a n’a pas encore tout expérimenté explique Patrick Bouchain, les projets comme celui des Groues sont trop normés, trop encadrés par des rigidités, on doit innover partout et pour cela la voix des différentes acteurs, habitants, élus, écoles, chefs d’entreprises est fondamentale ». Mardi il a d’ailleurs pu rencontrer des classes mais aussi des habitants séduits ou interrogatifs comme ceux de l’association Pôle Nord qui se battent depuis des années pour l’aménagement d’un vaste parc urbain et d’une faible densité de logements sur le quartier.
Zac à l’automne
La concertation avec les habitants.
En parallèle à ce « brain storming architectural » la Métropole poursuit la procédure administrative. « Nous avons engagé la concertation avec les habitants insiste Cyril Revaud, directeur de l’aménagement et de la planification urbaine à la Métropole et à la ville d’Orléans, nous avons entendu leurs revendications en modifiant notre projet qui sera acté à l’automne par la création de la Zac ». C’est l’an prochain que l’aménagement entrera véritablement dans les faits avec la désignation d’un aménageur même si un pré-verdissement du site a déjà été réalisé. A l’origine le site devait d’étendre sur 40 hectares. Mais divers aménagements comme une chaufferie urbaine et un prochain centre pénitentiaire de préparation à la sortie des détenues en ont réduit l’emprise à moins de 30 ha. Le projet s’oriente donc vers un terrain où seront construits entre 900 et 1 000 logements (contre 2 000 puis 1 700 initialement prévus) mais aussi un parc urbain de 10-11 ha et des activités.
C’est dans ce cadre que Patrick Bouchain veut mettre sa patte, peut être sa griffe, pour imposer une autre approche, moins technocratique, plus « citoyenne ». Avec un horizon : « le temps long » puisque le projet d’étalera au moins sur 15 ans. « Vous savez dit-il, j’ai 75 ans, je ne verrai pas la fin du projet et c’est ça qui est intéressant ! ».
JJ Talpin