Europe1, qui fut longtemps la radio référence en matière d’info depuis mai 68, étant devenue une pâle copie populiste de RMC, nous sommes nombreux à avoir basculé sur France Inter. Les derniers chiffres d’audience confirment que la radio de service public cartonne en doublant RTL, en particulier avec sa matinale, fabriquée par de vrais journalistes et pas par des bateleurs de variétés. qui font immanquablement penser à un radio crochet télévisé. Une mention toute particulière en ce qui nous concerne à Claude Askolovitch. Preuve comme le dit Léa Salamé que France Inter n’est pas une radio de parisiens bobos, le journaliste de la revue de presse de France inter a rompu avec les pratiques élitistes de ses prédécesseurs.

Dans cette matinale déterminante pour une radio, et là encore France inter avec Nicolas Demorand et Léa Salamé est en tête de gondole, une mention particulière donc à Claude Askolovitch qui a renouvelé l’exercice de la revue de presse. Exit les morceaux d’éditoriaux de nos journaux de « province », bonjour les tranches de vie de la France dite « profonde ». à Paris.
Chaque quotidien régional avait son éditorialiste qui mettait son grain de sel sur la politique nationale et planétaire, donnait des leçons aux grands de ce monde, vilipendait Chirac ou Mitterrand, allumait Georges Bush ou le pape… “Vous vous rendez compte Mme Michu comment qu’il leur parle, le petit gars de chez nous”, avec en prime un bon jeu de mots pour la chute. Ne restait plus qu’à envoyer cette prose supposée rivaliser avec les grands éditorialistes de la presse nationale à l’AFP. Laquelle agence renvoyait vers les radios et les TV, qui reprenaient quotidiennement une tranche savoureuse des dits éditos « provinciaux » pour les servir tout chaud à la France entière. Tout le monde était content: les journalistes de revue de presse radio, satisfaits d’avoir cité un morceau d’édito de ces bouseux de “province”, lesquels bouseux étaient fiers comme des bars-tabac d’être cités dans une revue de presse nationale.
Claude Askolovitch lui, évite soigneusement de citer ces éditorialistes dont franchement tout le monde se bat les ondes de ce qu’ils pensent du Brexit ou de la montée en puissance de l’économie chinoise. Il s’intéresse bien sûr à la presse nationale, cite Le Figaro, Le Monde, l’Humanité ou Médiapart, mais Askolovitch, lui, sans jamais que ce soit méprisant, cite volontiers aussi l’Eveil du Puy-en-Velay ou le Petit Bleu d’Agen, parce qu’il y a décelé une « petite » info, mais qui dit bien la France d’aujourd’hui. Parfois avec humour et un brin de poésie, il raconte l’histoire relatée par la Nouvelle République de ce maire d’une petite commune de Touraine qui a démissionné parce qu’il n’en peut plus de la haute administration, de ces personnels de la maternité de La Châtre montés à Paris dans de drôle de déguisements pour se faire entendre. Ou de cette boite de nuit ouverte au Nova club à Orléans pour les handicapés, une information développée par le journal local.
Si l’auditeur veut vraiment de l’éditorialiste, il dispose de toutes les palettes possibles et imaginables du genre, sur les chaines d’info où l’on s’y crêpe l’écharpe rouge à longueur de soirée. Que Claude Askolovitch continue de nous parler de la « France profonde » et des journaux qui la disent. C’est ça, aussi “écouter la différence”.
Ch.B