Marine Le Pen et Jordan Bardella ont fait le plein à la halle de Mer samedi 13 dernier pour leur meeting régional. Plus de 500 militants et sympathisants sont venus écouter leurs discours prônant une Europe des nations, la fin de l’immigration et le retour à une économie locale.
Marine Le Pen à Mer samedi.
Offensive et habile Marine Le Pen. Forte de sondages la plaçant presque presque au coude à coude avec LREM, la présidente du RN a surfé, avec la rhétorique qu’on lui connait, sur la vague anti-européenne et la colère sociale des Gilets jaunes qui pourraient bien déferler au soir du 26 mai
prochain. Tandis qu’une manifestation d’une dizaine de personnes, sous l’égide du NPA 41, se tenait face à l’édifice classé, c’est d’abord Jordan Bardella, la jeune tête de liste de 23 ans, qui a chauffé une salle envahie de drapeaux tricolores.
” L’Europe inféodée à la finance”
Environ 500 personnes sous la halle de Mer.
Evoquant François 1er et Jeanne d’Arc, le conseiller régional d’Ile-de-France, s’est employé à faire vibrer la fibre nationale en évoquant la Renaissance, les racines culturelles françaises ou encore les fameux Gaulois réfractaires.
Puis Nicolas Bay, qui figure en 7 e position sur la liste du Rassemblement national, bien que co-
président du groupe au Parlement, a abordé plusieurs thèmes comme la nécessité d’une réponse démocratique avec le référendum d’initiative populaire ou encore de protéger les français en mettant en place une économie à visage humain. L’exemple de la fermeture annoncée d’Arjo Wiggins où il s’est rendu le matin même lui a permis d’illustrer ce qu’il nomme « l’asservissement de l’économie réelle par la finance ».
Très attendu par les militants, ces derniers ont retrouvé dans le discours de Marine Le Pen tout ce
qu’ils étaient venu entendre : une critique au vitriol d’Emmanuel Macron, de Nathalie Loiseau, tête
de liste LREM, et Gilles Legendre, président du parti dont la femme vient d’être nommée Dircom de la Française des Jeux mais aussi la stigmatisation du système mondialisé et de l’Europe fédéraliste
« inféodé à la finance ». Les plus affreux qui gagnent L’Europe, laboratoire de la mondialisation sauvage. Sur le sujet. M.Le Pen avait dans sa besace un lot de petites phrases. On retiendra son propos sur « les plus affreux qui gagnent », ces « entreprises » prédatrices arrivant sur le marché avec le produit le moins cher et qui gagnent les marchés en payant leurs salariés avec des cacahuètes. Cette course aux moins-disant social et environnemental, c’est la “prime aux salauds “
L’Europe des Nations contre l’Europe de Macron
Une contre-manif du NPA-41.
« Nous sommes des humanistes (sic). Notre conception de l’homme n’est pas d’être une
marchandise interchangeable. Pour nous, c’est un être enraciné aspirant à vivre sur ses terres », a-t-elle aussi affirmé en prône la responsabilité sociale des entreprises et le retour d’un Etat stratège.
Dans le viseur, la commission mais aussi l’Euro qu’elle a qualifié de « cauchemar responsable de la désindustrialisation », et la BCE, « seule banque centrale dont l’objectif n’est pas l’emploi mais “l’inflation”. La Présidente du RN a aussi décliné le concept de « civilisation écologique et de juste échange « On emmerde l’automobiliste qui fait Blois-Mer mais on vote le traité CETA qui nous amène des saumons transgéniques dans nos assiettes ».
Sur le dossier politique des privatisations d’Engie, de la FDJ ou d’ADP, « la 1 ère frontière française », Marine Le Pen s’est vigoureusement opposée à « la vente des biens des Français ». Quant au rétablissement de la proportionnelle, c’est selon elle le meilleur moyen de réconcilier les Français avec la démocratie. « Avec Jean-Luc Mélenchon, nous pesons 40 % des voix à la Présidentielle mais seulement 25 députés sur 277 à l’assemblée. Les lois ne sont pas votées à la majorité » s’est-elle emportée.
Le Brexit lui a permis de condamner « l’Europe carcérale » et de dire qu’elle ne s’inquiétait pas d’un No deal. « Le Gouvernement joue la politique du pire. L’Europe s’est surtout employée à rendre très compliqué la sortie de la Grande-Bretagne pour éviter la contagion » . Et de regretter que la France ne joue pas un rôle d’arbitre. Pas un mot cependant sur un éventuel Frexit remplacé par le souhait d’une Europe des nations souveraines établissant entre-elles des coopérations.
Avant la Marseillaise, Marine Le Pen adressa un dernier avertissement à ses troupes. « Il faut battre Macron le 26 mai sinon il accélèrera les réformes sur les retraites où l’assurance chômage ». Et de décliner son slogan : « construisons l’Europe des nations contre l’Europe de Macron ».
Jean-Luc Vezon
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Les Gilets jaunes en nombre
Des gilets jaunes affichés au meeting de RN.
On retiendra aussi de ce meeting la forte participation des Gilets jaunes de Mer et sa région où existe un foyer important de contestation. Ils étaient ainsi une bonne trentaine à afficher leur mécontentement sur leurs chasubles. « On en a marre d’être sabré par un gouvernement de nuisibles et d’incapables», déclarait péremptoire Dany, chef d’entreprise à la retraite.
En ligne de mire de cet homme qui concédait venir juste d’adhérer au parti populiste, le grand débat« qui nous roule dans la farine », la finance qui maltraite le peuple ou la hausse des denrées alimentaires. Entouré de ses amis Bruno, Damien ou Patrick qui ne cachaient pas leur sympathie pour le parti d’extrême droite, l’homme mettait cependant un bémol sur l’immigration en déclarant qu’il n’avait rien contre les travailleurs immigrés mais que la France ne pouvait plus accueillir tous les miséreux du monde.
D’autres étaient venu sans leur gilet jaune comme Olivier qui déclaré être là pour s’informer sur le
programme du RN. Comme beaucoup, cet ouvrier à petit salaire comptait bien exprimer sa colère
dans les urnes le 24 mai prochain.
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Vers 100 députés d’extrême droite au Parlement ?
Marine Le Pen entourée de Nicolas Bay et Jordan Bardella.
Co-président du groupe Europe des nations et des libertés au Parlement européen, Nicolas Bay croit de son côté fermement à l’émergence d’un puissant groupe d’extrême droite au terme du scrutin. Un groupe pouvant atteindre selon lui les 100 députés sur les 705 du parlement de la prochaine législature. Ce serait à ses yeux « un signal politique fort ».
« Outre la France où nous espérons bien arriver en tête, nos amis devraient avoir des élus en Italie, Espagne, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Tchéquie, Slovaquie, Danemark, Bulgarie ou en Estonie. Et avec le poids de nos idées au Conseil européen, nous espérons bien infléchir la politique de l’UE et défendre notre identité comme nous le faisons actuellement sur le règlement de Dublin qui est bloqué au conseil », expliquait N.Bay.
Sous l’égide de l’italien Matteo Salvini (Ligue du Nord), des contacts sont d’ailleurs en cours pour la
constitution d’un seul groupe. N.Bay a aussi confirmé l’hypothèse de la disparition du groupe Europe pour la liberté et la démocratie directe où siègent les nationalistes Allemands de l’AFD (Alternative für Deutschland) qui rejoindraient ainsi un nouvel ensemble souverainiste où le Rassemblement national serait à la manœuvre pour bloquer les institutions.
Le programme du Rassemblement national sera présenté lundi à Strasbourg ainsi qu’un manifeste
de 80 pages sur sa vision de l’Europe et de l’homme. Les 79 noms de la liste seront enfin dévoilés
complètement mais il ne devrait pas y avoir de Gilets jaunes en tant que tels comme nous l’a déclaré Nicolas Bay.
Jean-Luc Vezon