Ceux qui comme moi s’attendaient à voir un bon vieux film de guerre vont peut être repartir déçus. Dans le nouveau film de Spielberg, pas de canons, de baïonnettes et de charges furieuses. Enfin pas trop. Le « roi du divertissement » a laissé tombé les fusillades de Il faut sauver le soldat Ryan et les péripéties d’Indiana Jones pour l’intrigue politique. Tout le monde regarde sa montre, ça risque d’être long…
C’était sans compter le pluralisme de Spielberg. On peut aimer ou pas ses films, force est de constater la diversité de son travail.
Pour réunir les dernières voix nécessaires à l’adoption du 13ème amendement et de l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis, les protagonistes vont harceler sans relâche les derniers démocrates susceptibles de trahir leur camp. C’est bien connu en politique tous les coups sont permis : chantage, manipulation et dissimulation constituent la toile de fond de ce film. Et tout cela avec « la complicité de l’homme le plus intègre d’Amérique » ; Abraham Lincoln, 16ème président des Etats-Unis.
Dans ce film, Lincoln est encore plus vrai que sur les billets de 5 dollars. Daniel Day-Lewis n’est plus le « boucher » excentrique de Gangs of New York ni le prospecteur misanthrope de There Will Be Blood. Presque méconnaissable, il incarne un président vieillissant qui en a fini avec les compromis et souhaite voir l’œuvre de sa vie réalisée. Lincoln sort de sa teinte verte et devient aussi palpable que Mitterrand. Alors tant pis si les historiens ne sont pas contents, les biopics ne les faisant en général pas sauter de joie.
Nicolas Pons