Jazz or Jazz a ouvert ses portes mardi soir avec des artistes aussi éloignés que créatifs dans des univers musicaux loin des standards du jazz. Après le concert d’ouverture du Trio Palacio qui nous invitait à traverser l’océan, le festival a continué de nous faire voyager avec le double concert de Vincent Peirani et de Dhafer Youssef.
Vincent Peirani cl Marie Line Bonneau
Le festival Jazz or Jazz que la Scène Nationale d’Orléans nous propose jusqu’à samedi ne pouvait rêver plus belles entrées, celles de Dhafer Youssef et Vincent Peirani. L’un est le maître de l’oud, un instrument à cordes pincées incontournable dans la musique arabe, l’autre prince de l’accordéon, aussi rare que chaud dans le jazz mais sur une autre rive que celle du musette. Tous deux sont des musiciens inspirés, cheminant hors des chemins battus pour nous emmener dans des voies surprenantes voire déconcertantes. Vincent Peirani est considéré comme l’actuel grand accordéoniste français de jazz. Mais un jazz qui n’est pas borné par une histoire, des traditions ou des blocages, un jazz fusion, créatif, loin des standards internationaux avec une musique inclassable mais envoûtante.
Emile Parisien cl Marie Line Bonneau
Ce jazz c’est d’abord celui d’une bande, d’un groupe de copains -Émile Parisien au saxophone, Tony Paeleman aux claviers, Julien Herné à la basse et à la guitare électrique, Yoann Serra à la batterie- qui se connaît sur le bout des doigts pour nous transporter sur le chemin d’un jazz singulier. Tout à tour jazz band, quintet de musique de chambre ou groupe rock l’ensemble explore, intellectualise, retravaille avec une palette aussi large que chaude. On y part de l’opéra de Purcell délivré de sa gangue baroque par la batterie endiablée de Yoann Serra, au mythique Led Zep en passant par des ballades fleur bleue comme l’hommage à Enzo le fils de Vincent, flirtant avec le classique ou la musique contemporaine.
Énergie renversante !
Vincent Peirani ne s’interdit rien en faisant totale confiance à son groupe et à la force du collectif qui étouffe parfois les individualités. Vincent Peirani à des doigts en or mais son accordéon se fait trop modeste et se laisse dominer par le saxo, par la joie de jouer exubérante d’Émile Parisien ou les envolées de batterie.
Dhafer Youssef cl Marie Line Bonneau
Dhafer Youssef, avec Sounds of Mirrors, est sur un autre registre mais explorant lui aussi des chemins empruntés avec un mariage chaleureux de musiques orientales, indiennes, rock ou classiques. De toutes les musiques y compris vocales puisque Dhasser Youssef aux doigts d’or pour mener l’oud dans ses derniers retranchements nous assène une performance vocale incroyable où sa voix cristalline dépasse les limites jusqu’à résonner aux extrêmes limites dans nos têtes. Parfois il sait aussi se calmer avec des ballades doucereuses issues de sa culture soufie, cette branche mystique de l’islam qu’il transmet par petites touches mais avec une énergie renversante !.
Bref deux grands musiciens, deux univers et deux cultures que le jazz explore avec talent.
J.-J.T
Le bonus photos de Marie-Line
Jazz or Jazz
Théatre d’Orléans
Ce mercredi soir:
-House of Echo concert Jazz Migration* à 18h salle Vitez
-Double concert avec la cap-verdienne Lura
et le cubain Roberto Fonseca (Grammy awards 2016- Meilleur album latin jazz))
Tout le programme de Jazz or Jazz et réservation
*Concert proposé dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de jeunes musiciens de jazz porté par AJC, avec le soutien du Ministère de la Culture, de la fondation BNP Paribas, de la SACEM, de l’Adami, de la SPEDIDAM, du CNV, de la SCPP, de la SPPF, du FCM et de l’Institut Français. Ce dispositif a pour but de faciliter le repérage et l’émergence des artistes par la mise en place d’un parcours de professionnalisation.