Élu à la tête de son parti en avril dernier après la présidentielle et les médiocres résultats du PS aux législatives Olivier Faure serait-il déjà assis sur un siège éjectable ? Lundi soir, au nouveau siège du parti à Ivry certains se risquaient déjà à évoquer « l’après Faure ». Le député de Seine-et-Marne qui a fait ses classes dans l’Orléanais n’est toujours pas parvenu à faire l’unanimité chez les siens qui tirent à hue et à dia tant qu’ils peuvent.
Le premier secrétaire avait convié ses troupes à un inventaire du quinquennat Hollande destiné à préparer le dévoilement samedi prochain de la stratégie socialiste en vue du scrutin des européennes en mai. Dans un discours d’un peu plus d’une heure il souhaitait faire entendre aux siens et aux électeurs que les socialistes avaient tiré les leçons de la défaite et les conclusions nécessaires à préparer l’avenir. De toutes ses forces il voulait plaider pour le rassemblement de la gauche. Pour lui, il n’était pas question de désigner des « boucs émissaires » qu’ils se nomment François Hollande ou Benoît Hamon. « La vérité c’est que François Hollande n’est pas attendu comme le loup blanc pour la prochaine élection présidentielle, que Benoît Hamon plafonne à 2% dans les sondages et que nous sommes entre 4 et 6%. Cela prouve bien que ce n’est pas d’enlever X ouY qui permet de répondre à la question. La question c’est sur quoi la gauche est attendue, pourquoi on a déçu et comment on est capable de construire un rapport différent avec les français », a-t-il conclu.
Question cruciale à laquelle a répondu une volée de bois vert. La première badine a été lancée par Stéphane Le Foll, ancien bras droit puis ministre de François Hollande, candidat malheureux au leadership du PS.« Ce n’est plus le moment de dresser un bilan des années Hollande. Il aurait fallu le faire plus tôt ! Ce n’est pas en regardant le passé que le PS va se reconstruire », a martelé a distance le maire du Mans, qui a boudé la réunion d’Ivry et qui plaide pour une “redéfinition du cadre politique. Et aujourd’hui, ce cadre c’est l’après « Gilets jaunes » et le défi écologique », précise-t-il.
Des frondeurs en quête de bataille
A son tour Luc Carvournas, député du Val-de-Marne, fondateur du mouvement Arc en ciel qui avait lui aussi posé sa candidature à la tête du PS vitupère : « J’ai tout fait pour qu’une liste d’union la plus large possible soit mise en place. On était prêt à accepter qu’Oliver Faure n’en prenne pas la tête, en faveur de Ségolène Royal par exemple. Mais de cette liste d’union il ne reste plus que Place Publique (le mouvement lancé par le philosophe. Raphaël Glucksmann) Ce n’est pas à nous de passer derrière un mouvement à peine naissant. Et qui, de surcroît, nous lance un ultimatum pour nous déterminer avant deux mois ! C’est au conseil de décider, Olivier Faure devra s’y plier. » dit-il , très agacé
Mais, ce qui fait surtout monter la tension au sein des parlementaires socialistes, c’est la stratégie – ou son absence, susurrent les mécontents – pour les européennes mise en œuvre par le premier secrétaire. Au point de vouloir convoquer d’urgence, dès le 9 février, un conseil national exceptionnel, c’est-à-dire le parlement du PS.
Dans l’entourage du Premier secrétaire qui a déjà dit que, en cas de force majeure, il ne se déroberait à prendre la tête d’une liste PS (avec quelques satellites) on réplique. « Olivier Faure a eu mandat pour définir la stratégie européenne du parti, Il ne vise que l’intérêt général et celui du parti alors que d’autres continuent de poursuivre des ambitions personnelles. » Ce à quoi ajoute, Patrick Kanner président du groupe socialiste sénatorial. « Il est temps qu’il le fasse savoir. C’est à lui d’aller au combat. » Pour le meilleur, espèrent quelques-uns pour le pire, ricanent plus ou moins sous cape d’autres visiblement déterminés à le pousser à la faute.
Françoise Cariès.
Incapables de s’entendre et de s’unir
Unie, la gauche cumulerait 26,5% des intentions de vote pour les européennes, soit plus que la liste d’Emmanuel Macron (23,5%), ou encore que celle de Marine Le Pen (20,5%), à en croire un sondage Elabe pour BFM-TV. Mais, conséquence de l’éparpillement des initiatives, aucune des quatre listes présentées à gauche ( France insoumise, Europe Ecologie-Les Verts, Génération.s Parti socialiste) ne parvient à dépasser les 10%.
Sur Europe1, Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a déploré « la folie de cette gauche qui est en réalité en capacité d’incarner une alternative à Emmanuel Macron mais qui va laisser dans l’élection européenne, si elle continue à se diviser, le monopole de l’alternative à l’extrême-droite .Il y a aujourd’hui des forces à gauche qui sont à la fois réformistes, pro-européennes, écologistes et qui devraient se retrouver. Franchement, on en est à signer les mêmes textes, les mêmes tribunes dans les journaux et après, au moment de l’élection, on dit qu’on va y aller de manière séparée. Quel sens ça peut avoir ? »
L’écologiste Yannick Jadot et Benoît Hamon, candidat du PS à la dernière présidentielle ont refusé la main tendue d’Olivier Faure. Il exclut cependant, dans le cadre de cette élection, un rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise.L’alternative ne peut pas être construite avec Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi ? Parce que sur la question européenne nous sommes très éloignés. Je suis pro-européen, il ne l’est pas. Il est au contraire pour un retour à une forme de souverainisme », estime-t-il.
F.C.