En meeting à Saran la jeune tête de liste veut mobiliser pour faire du 26 mai une « révolution pour l’Europe ».
Ian Brossat samedi à Saran.@JJT
La carte jeune suffira-t-elle à enrayer la lente mais inexorable érosion de l’influence communiste dans le paysage politique français ? Le Parti communiste en est persuadé en présentant Ian Brossat comme tête de liste du scrutin européen du 26 mai. Le trentenaire, enseignant, adjoint au logement d’Anne Hidalgo à Paris, homosexuel assumé, change certes l’image de ce parti réputé pour ses caciques ou ses chefs un peu ternes à l’image de Pierre Laurent, l’ancien leader maximo national. Ian Brossat en meeting à Saran samedi où se tenait également un banquet républicain avec près de 200 convives change certes l’image de ce parti en le rajeunissant – à l’image également de Mathieu Gallois le jeune responsable départemental- mais en conservant les « fondamentaux » : l’engagement, la mobilisation citoyenne, le soutien aux luttes, à l’image de celle d’Amazon-Saran, dont deux délégués syndicaux sont venus longuement démontrer les mécanismes de dumping social et fiscal.
“Le gouvernement n’a rien compris”
Deux cents convives au “banquet républicain” à Saran.
Évidemment Yann Brossat est porté par la « colère des gilets jaunes » : « le gouvernement n’a rien compris, rien entendu, on a lâché quelques miettes mais on reste très loin du compte ». D’ailleurs Emmanuel Macron, « président des riches » n’aurait qu’une obsession « mettre la tête sous l’eau de ceux qui sont déjà le plus en difficultés » tout en rappelant que la suppression partielle de l’ISF rapporte chaque jour 33 euros à 350 000 familles riches.
Pour la bataille européenne Ian Brossat appelle à la lutte contre « l’austérité et l’Europe libérale » contre cette « Europe dont l’ADN est libéral et qui n’est qu’une machine à fabriquer de la régression sociale ». Pour cela Ian Brossat veut porter plusieurs revendications : interdire toute délocalisation industrielle à l’intérieur de l’Europe, mettre fin au travail détaché, imposer un moratoire sur les directives détruisant les services publics, lutter contre l’évasion fiscale qui coute 1000 milliards d’euros par an à l’Europe, taxer les GAFA (Amazon, Google, etc.) à la source, interdire les paradis fiscaux en Europe.
Baroud d’honneur ?
Ian Brossat et Mathieu Gallois.@JJT
Pour cela le PCF présentera en fin de mois une liste « multicolore » composée de gilets jaunes, de blouses bleues et blanches, de stylos rouges, et donc représentative de toutes les luttes en cours. Mais ce rajeunissement, ce ton offensif, les discours révolutionnaires, cet accompagnement du mouvement des gilets jaunes seront-ils suffisants pour porter le Parti Communique qui pourrait bien engager ici un baroud d’honneur. Car à défaut d’engranger 5% des voix, le 26 mai il n’obtiendra aucun élu avec comme seule consolation d’obtenir le remboursement des frais de campagne à partir de 3%. Certes aux dernières élections européennes de 2014 le Front de Gauche (donc avec les mélanchonistes) avait obtenu plus de 6,6% de bulletins de votes. Mais au premier tour des législatives de 2017 le PCF avait plafonné à 2,7%. Le risque est donc grand de disparaître du paysage d’autant plus que la France Insoumise (jamais citée au meeting de Saran mais dont l’un des représentants, Jean-Marie Boutiflat, était présent) vise aussi à « plumer la volaille communiste ! ».
J.-J.T.
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