Ce bel ouvrage porte en couverture Le clairon du dimanche, Antony 1947. Fort de 188 pages et richement illustré des photographies en noir et blanc, “Doisneau et la musique ” est un livre édité à l’occasion de l’exposition “Doisneau et la musique” regroupant 200 photographies présentées à la Cité de la musique-Philharmonie de Paris depuis le 4 décembre 2018 et jusqu’au 28 avril 2019.
Chanson et musique classique, de la rue aux studios
Ici, Clémentine Deroudille, petite fille du photographe, mais aussi commissaire des précédentes expositions sur Brassens en 2011 puis sur Barbara en 2017, nous offre un art de Doisneau méconnu.
On aimera ainsi trouver dans cette publication structurée en plusieurs parties (La rue, La chanson, Studios, Jazz, Maurice Baquet, Année 80-90) de facétieux portraits du charmant et surréaliste violoncelliste Maurice Baquet des année 60, ceux de l’ensorcelante et troublante accordéoniste Pierrette d’Orient et de la solide chanteuse Madame Lulu de 1953.
A voir aussi de fiévreux et attachants portraits des
Rita Mitsouko de 1988.
Higelin, Renaud, Gréco, Leny Escudero, Bourvil, Prévert,
Aznavour, Truffaut, Barbara
Brassens apparaissent entre autres ici et là, personnalités judicieusement dans la rue ou les salles, clichés en noir et blanc accompagnés souvent d’heureux commentaires de Doisneau, photographe humaniste. A découvrir encore le jazzman Mezz Mezzrow, les compositeur André Jolivet, Henri Dutilleux, Pierre Boulez, Francis Poulenc, la diva Maria Callas de même qu’un reportage sur l’orgue de cristal de Larry et Baschet ainsi que sur les ateliers de la maison Buffet Campon, célèbre facteur de clarinettes dés les années 1938.
Le bel art de tirer l’oeil et l’oreille
En dos de couverture figurent ces lignes de Doisneau (1912-1994): “Je prétends toujours que je suis venu à la photographie par l’oreille: j’ai raclé le violon quand j’étais jeune à partir de l’âge de cinq ans. J’étais avec un professeur très élégant, il plaisait beaucoup aux dames. Le pupitre était installé sous une grande glace.
Je voyais la demoiselle qui donnait les leçons de piano avec les cheveux comme un soleil et mon professeur de violon l’observer avec attention.
Dans mon rétroviseur improvisé, commençait alors un ballet dont j’étais le chef d’orchestre…
Mon sens de l’observation est devenue très aigu”.
Jean-Dominique Burtin
“Robert Doisneau et la musique”, par Clémentine Deroudille, Flammarion, Cité de la musique Philharmonie de Paris. Prix: 29€90.
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“Debussy à la plage” par Rémy Campos
Avis aux mélomanes. On adore “Doisneau et la musique” mais on succombe aussi au charme de
“Debussy à la plage”. La minutieuse enquête de Rémy Campos, menée à partir d’une photographie conservée dans un album de famille, nous invite, en effet, à sauter à pieds joints dans le décor de la plage de Houlgate pour y retrouver le compositeur Claude Debussy et sa famille, venus en villégiature au mois d’août 1911 dans cette station balnéaire fréquentée par le grand monde.
L’étude de cette image et de clichés pris par des amateurs, dont Jacques-Henri Lartigue, ainsi que de dizaines de cartes postales permet de révéler les us et coutumes d’un monde très codifié mais aussi la part plus intime, presque banale, de la vie d’un artiste à une époque où la capture d’images à l’insu des individus concernés est déjà monnaie courante.
“Debussy à la plage”, de Rémy Campos, préfacé par Jean-Yves Tadié, 224 pages, 35€. Editions Gallimard .
L’ouvrage contient 1 CD audio d’une durée d’écoute de 74 minutes.