“Quand on est con, on est con…Petit con de la dernière averse, vieux con des neiges d’antan…”, le grand Brassens en avait fait une ritournelle grinçante, Jean-François Marmion, un psy, lui, en fait un livre. Alors que du temps de l’auteur du Gorille, la “fréquentation” du con se limitait à son proche entourage, avec internet et en particulier “grâce” aux réseaux sociaux, le con a démultiplié sa capacité de nuisance. De récents exemples d’actualité en sont la preuve.
Chef du magazine “Le Cercle Psy”, Jean-François Marmion s’est spécialisé dans la vulgarisation de la psychologie. Il a notamment coécrit un livre consacré aux psychopathologies et aux manières de les traiter. Sur ce thème du con, Il est interviewé par le Midi Libre.
Pourquoi avoir choisi de consacrer un livre entier à la connerie ?
La connerie est quelque chose d’extrêmement intéressant pour un psychologue, parce qu’elle est influencée par des émotions, des pensées, des processus sociaux. Mais alors que nous y sommes tous confrontés chaque jour, il n’existait pas de livre, de panorama général de la connerie.
C’est aussi en raison de ce paradoxe qu’il m’a semblé intéressant d’y réfléchir avec le concours de grands intervenants, psychologues, sociologues, écrivains, mais aussi spécialistes de l’intelligence et des neurosciences.
“La connerie n’a jamais été aussi visible, décomplexée, grégaire et péremptoire”, écrivez-vous en préambule de ce livre. Pourquoi cette accélération ?
On a l’impression qu’il y a de plus en plus de cons alors que, d’après les spécialistes, il y en a moins qu’avant. Les gens sont plus éduqués, ont plus de recul, mais le problème est qu’aujourd’hui chacun de nous est plus visible grâce à internet, que ce soit en vidéo, en photo ou par écrit.
Fatalement, avec internet les cons se voient plus. C’est ce qui fait que sur le web comme dans une foule, on retiendra toujours le gros con, celui qui sera le plus ordurier, le plus violent, le plus provocateur. C’est exactement ce qui se passe avec les “gilets jaunes” : alors que la majorité de ces personnes sont pacifiques, nous avons tous retenu les images de casse, d’affrontements et de dégradations, en attribuant une sorte de prime à la violence.
Pour le philosophe Edgar Morin, la connerie “unit l’erreur, la bêtise et l’assurance”. Est-ce une bonne définition ?
C’en est une, mais attention : faire une connerie, ce n’est pas commettre une erreur. Des erreurs, nous en faisons tous. La connerie, elle, commence quand on persiste dans l’erreur, parce qu’elle nous arrange et qu’on décide consciemment de la reproduire. Or, quelqu’un qui n’apprend pas de ses erreurs peut devenir nuisible, voire dangereux.
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- “Psychologie de la connerie”, Éditions Sciences Humaines, 377 pages, 18 €.