En son bon pays de Berry, la « pomme féerique » de George Sand sera à l’honneur pour le marché de la Truffe d’Issoudun, le 23 décembre prochain. Ce sera, pour l’occasion, comme pour les vendanges, l’ouverture du ban des truffes.
À la veille du réveillon de Noël, se déroulera la 17e édition du marché de la truffe d’Issoudun. Une manifestation organisée par l’association « Issoudun Cité de la Truffe » et par l’Association des Trufficulteurs de Champagne berrichonne qui souhaite aussi mettre en avant l’ensemble des produits du terroir berrichon.
Le marché 2018 avait connu une belle affluence.
Si la Champagne berrichonne, qui se partage entre les départements de l’Indre et du Cher, cherchait les preuves qu’elle est un grand terroir truffier, elle les a trouvées au long de l’hiver 2016 – 2017. C’est une récolte d’environ 700 kg de truffes noires melanosporum de grandes qualités gustatives qui avait été réalisée. C’était une preuve que le redéploiement truffier débuté voilà près de deux décennies commençait à porter ses fruits. Si l’on considère qu’une fois que l’on a planté les chênes, il faut attendre 10 ans avant les premières récoltes et si on estime que seulement un chêne sur quatre donnera des truffes, selon les spécialistes, ce résultat, assez exceptionnel tout de même, était le reflet d’un travail de patience efficace. Quinze années après les premières plantations d’arbres mycorhizés, le Berry truffier avait ainsi renoué avec des récoltes qui se comptaient en tonnes à la fin du XIXe siècle, sur ces deux départements. C’est en effet une certitude, la culture de la truffe en Berry ne date pas d’hier. On en trouvait plus de deux tonnes au XIXe siècle dans toute la région de Champagne berrichonne (les registres de la récolte 1860 parlent de 500 kilos de truffes récoltés dans l’Indre et de 2 tonnes dans le Cher). D’ailleurs, George Sand, qui aimait s’en régaler, l’avait baptisé la « pomme féerique ».
La météo devrait impacter la récolte
La truffe est auscultée sous toutes ses coutures.
L’été et le début d’automne d’une sécheresse hors normes risquent d’avoir des effets pervers sur l’opération qui consiste à rechercher des truffes : le cavage. La météo est l’un des éléments qui impactent le plus la saison trufficole à venir. S’il pleut en juillet et août, les naissances sont plus nombreuses. A l’image de la saison passée. Au contraire, en cas d’été sec, sans trop d’orages, la truffe à des difficultés de pousse, et la production se développe peu. De fait, il est peu probable que le tonnage soit d’aussi bonne teneur que l’an passé. Cependant, les truffes seront bien là. D’autant que, pour aider la nature, plusieurs trufficulteurs ont pu réaliser des arrosages en août.
Les truffes vendues à Issoudun proviendront donc principalement de l’aire de production de Champagne berrichonne, mais également de Touraine et de Charente. Comme les autres années, une quinzaine de trufficulteurs sont attendus. Tous sont des producteurs récoltants. Le marché d’Issoudun, le tout premier de la saison des truffes, est un marché de détail qui s’adresse aux particuliers essentiellement. Toutes les truffes y sont contrôlées avant la vente. La dernière demi-heure de ce délicat et assez long travail de tri, effectué par des personnes habilitées, se déroulera en présence du public. La vente des truffes débutera « à la cloche », à 10 heures précises.
D’autres spécialités du Berry à l’honneur
15.000 chênes truffiers ont été plantés voilà une quinzaine d’années.
Pour bien faire comprendre que le Berry n’a pas seulement pour gastronomie le pâté de Pâques et la galette aux pommes de terre, aux côtés des truffes, il sera proposé des produits du terroir pour réaliser de repas de fête : chocolats et confiseries, foies gras, lentilles vertes du Berry AOP, safran, des vins AOC, escargots, épicerie fine, morilles séchées, du caviar d’Aquitaine – le producteur, Michel Berthommier est originaire d’Issoudun – des livres sur la gastronomie… et des plants de chênes truffiers.
Depuis sa création, le marché d’Issoudun défend la qualité – les truffes jugées de qualité insuffisantes sont immédiatement retirées- la transparence et la convivialité. Sur site, des explications sont données pour identifier ce qu’est une bonne truffe, et la différencier d’une truffe ayant souffert du gel ou d’un excès d’eau, ou encore colonisée par de minuscules parasites. Des ateliers de cuisine seront également tenus, bénévolement, par l’Association des Tables gourmandes du Berry et des chefs militant pour la connaissance de la gastronomie française. Sur place ils proposent des dégustations gratuites de bouchées truffées.
Le marché peut aussi être prolongé pour qui le souhaite par un repas gastronomique « Autour de la Truffe » préparé par Edmond Guémon, l’ancien chef d’une table réputée dans l’Indre, « Le Relais de Charost », et son équipe de cuisiniers locaux. La préparation par tous ces spécialistes bénévoles explique le prix de 25 € intéressant de ce repas de fête.
Fabrice Simoes
Le marché de la truffe en pratique :
Menu du marché : Velouté de potimarron à la truffe, Foie gras et ses pépites de truffes fraîches, jambonnettes de volailles farcies à la truffe et son gratin, et, en désert, Gourmandises surprises.
Marché de la Truffe à Issoudun le dimanche 23 décembre, au PEPSI, rocade route de Bourges. Ouverture des portes à 9 h 30, pour accès aux stands hors l’espace des trufficulteurs et pour suivre le contrôle des truffes. Fermeture des stands à 13 heures. Entrée 3 euros.
Parkings sur place autour du PEPSI. Marché surveillé intérieurement et extérieurement.