En plein mouvement des « gilets jaunes » il pleut des coups politiques comme à Gravelotte la mitraille. Gérald Darmanin, ministre des comptes public a ouvert le bal avec un tweet assassin, qui a mis le Sénat en colère et en grève. Darmanin s’est-il réjoui qu’on parle ainsi de lui ? Ce fut en son temps la méthode Sarkozy. Mais après avoir provoqué une vague l’ancien président savait retomber sur ses pieds avec le ressac qui lui sculptait une personnalité.
Albéric de Mongolfier (LR), sénateur d’Eure-et-Loir).
Gérald Darmanin ne sait pas faire preuve de la même élégance. A l’habileté il substitue l’arrogance. Lundi il en a remis une couche en pointant la supposée « peste brune » » qui se serait abattue samedi sur les Champs Elysées. Aussitôt, la classe politique au grand complet lui est tombée dessus ce qui n’a pas fait reculer l’élu de Tourcoing. Tout juste s’il a reconnu que de son point de vue la peste n’était ni d’extrême droite ni d’extrême gauche et qu’elle distingue simplement les casseur des « honnêtes gens ». Monsieur Darmanin aime beaucoup faire durer aussi longtemps que possible les polémiques qu’il provoque plutôt que les éteindre. En politique focaliser l’attention sur sa personne c’est exister.
Il n’est pas sûr que le président de la République obligé par les « gilets jaunes » ce mardi matin de monter en première ligne sans succès immédiat apprécie ces dérapages et n’ait pas convoqué monsieur leur auteur dans le secret de son bureau pour le « recadrer ».
Albéric de Montgolfier : « restons au tarif de 2018 »
Le Sénat à majorité de droite, lui, ne s’est pas privé de remontrances publiques. Après avoir suspendu ses travaux pendant tout le week-end et avoir reçu le soutien du premier ministre, la Haute Assemblée en a profité pour mettre la pression sur l’exécutif dès la reprise de l’étude du projet de la loi de finances. Contre l’avis du gouvernement représenté par le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Comptes Publics, Olivier Dussopt les sénateurs ont adopté un amendement d’Albéric de Montgolfier, sénateur LR d’Eure-et-Loir proposant de geler les tarifs à la pompe à partir du 1 janvier 2019.Cela revient à supprimer la nouvelle hausse de 3 centimes sur l’essence et de 6 centimes sur le gazole prévue à cette date. « Restons au tarif de 2018. Il est déraisonnable de fixer à l’avance une trajectoire d’augmentation des prix des carburants sans connaître les éventuelles évolutions des cours du pétrole », a déclaré Albéric de Montgolfier en séance. Et toc, même si ce gel voté par le Sénat risque fort de n’avoir qu’une portée symbolique car la mesure a peu de chance d’être adoptée en seconde lecture à l’Assemblée à majorité LREM.
Darmanin fait amende honorable
Gérard Darmanin, ministre des Comptes publics.
Mis en difficulté, le ministre des comptes publics n’a pu se soustraire aux questions d’actualité ce mardi après-midi au Sénat. Il a du y faire amende honorable. Salué par de huées, après avoir assuré qu’il soutiendrait en deuxième lecture la nouvelle version de l’amendement sénatorial à l’origine de son tweet polémique, il a reconnu qu’ « au lieu de faire des tweets, il vaut mieux dire en face les choses, vous avez raison. Je le dis bien volontiers, j’aurais dû être au Sénat », a poursuivi le ministre, en précisant qu’il était au moment des faits à Tourcoing, ville dont il a été maire, pour “accueillir deux ministres” et “parler de rénovation urbaine”.
En apparence tout est rentré dans l’ordre. Bousculer le débat et même l’électriser au moment où le président de la République cherche à l’apaiser n’est-il pas surprenant ? Contrer le sénat, en voulant faire passer la majorité sénatoriale pour des défenseurs des privilèges des élus est un coup politique à contre-courant au lendemain d’un congrès des maires où les élus sont venus à Paris clamer leur mal-être et où l’exécutif cherche à les amadouer. Quand on attaque il vaut mieux être sûr de ses arrières. « Trop d’arrogance finit pas se payer », disaient à l’issue des questions d’actualité plusieurs sénateurs.
F.C.