Patrick Rambaud, le pasticheur en chef de notre vie politique, vient d’enterrer le précédent président de la République à sa manière caustique et très efficace. “Ah! Que c’est dur de n’être plus rien quand on s’est cru presque tout!”, constate le talentueux mémorialiste. Mémorialiste car il y a du Saint-Simon chez Rambaud.
A peine Nicolas Ier installé sur son trône, notre écrivain à la plume acérée s’est mis à observer la “ Désopilante Majesté” et les siens, ducs et duchesses, comtes et comtesses, barons et baronnes, transfuges,courtisans, flatteurs et affidés. Il ne trouva aucun plaisir à cet avènement et c’est peu de le dire, mais il tint une “chronique de la cour” dont il nous régala, une fois par an pendant le quinquennat du “Culotté Potentat”.
Royal en archiduchesse des Charentes
Mais foi de Rambaud , maintenant que “le sautillant monarque a dégagé”, qu’il a salué l’avènement de François IV , de sa “première compagne”, la marquise de Pompatweet, et de son ancienne concubine, l’archiduchesse des Charentes, cette sixième mouture sera la dernière. C’est confesser que la chute de “Nicolas de rien du tout” fut une libération pour son esprit sarcastique et pour son emploi du temps d’érudit. Prix Goncourt 1997 pour “La Bataille”, le romancier va se lancer dans une nouvelle entreprise que pour l’instant il veut secrète. Mais avant de clôturer la série, il s’est repu des derniers soubresauts du règne pimenté des avatars de M.Sinclair de Strauss-Khan de part et d’autre de l’Océan Atlantique et des manigances des entourages élyséens et gouvernementaux sarkozistes sur le point d’être débarqués. C’est piquant c’est méchant et très bien informé. “J’écris pour que nous gardions les yeux ouverts” ne cesse de répéter Patrick Rambaud partout où il passe et ces temps-ci on l’invite beaucoup.
Françoise Cariès
– “Tombeau de Nicolas Ier et avènement de François IV”
Patrick Rambaud (Grasset), 230 pages 16 euros.