Lors d’une conférence de presse devant la presse régionale et les télévisions locales, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a souligné le manque de dialogue d’Emmanuel Macron deux jours avant le mouvement du 17 novembre des gilets jaunes contre la hausse des taxes sur le carburant et à la veille du Congrès des maires qui se tiendra du 20 au 22 novembre, porte de Versailles à Paris.
« Pourquoi, au fond, le Président se trouve face aux gilets jaunes ? Parce qu’il n’a pas été attentif aux corps intermédiaires », lance-t-il avant d’énumérer « les élus, les syndicats, les organisations professionnelles et les médias. Une relation directe sans ces corps intermédiaires, ça conduit à se confronter samedi en direct à ces gilets jaunes ».
Mise en garde
Un constat en forme de mise en garde du président du Sénat qui rappelle dans la foulée que lors de l’examen du projet de loi de finances comme cela a été voté en commission le Sénat proposera la suppression de la hausse des taxes sur les carburants. « Sous couvert de favoriser un objectif que nous partageons, la transition écologique, la hausse brutale des taxes sur les carburants ne sert qu’à alimenter les caisses de l’Etat. J’entends qu’au-delà de l’affaire des carburants, il y a un sentiment, notamment de la part des classes moyennes, que vraiment ça ne va pas, qu’il y en a assez. Je crains que ces blocages signent le début d’un affrontement majeur. Je voudrais qu’on fasse tout pour l’éviter. Il faut que le gouvernement écoute, entende. Ce n’est pas se déjuger que d’avoir une part d’écoute. J’espère que ce ne sera simplement qu’un cri d’alerte, un cri d’angoisse de nos concitoyens ».
Puis, répondant à une question de la salle et alors que le président de la République a affirmé mardi soir sur TF1 qu’il n’avait « pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants », le président du Sénat affirme : « La repentance, ça ne m’intéresse pas. On doit tous avoir notre part d’humilité quand les choses ne vont pas. C’est vrai que la relation entre le Président et les Français s’est singulièrement dégradée. Ne pensez pas que ça me réjouit, car le pays a besoin d’être réformé. Cette dégradation nous ouvre à des tentations populistes pour les européennes. Le président de la République récolte en ce moment ce qu’il a semé ».
La commune une petite République dans la grande
Le président du Sénat qui participa à « l’appel de Marseille » lors du congrès de l’Association des Régions, repris par « l’appel de Rennes » lors du congrès des Départements de France, appelle le gouvernement à reprendre le dialogue sous une forme nouvelle avec les trois grandes associations d’élus. Puis il a énuméré plusieurs dossiers sur lesquels, pour lui, il existe une ligne rouge à ne pas franchir : réforme de la fiscalité locale « Je suis persuadé qu’il n’y a pas de pouvoir politique autonome sans pouvoir fiscal. Le pouvoir politique ne s’exerce pas dans la simple gestion de moyens financiers procurés ou concédés », assène-t-i
Il pointe également le redécoupage des circonscriptions électorales et la limitation du cumul des mandats dans le temps. Il a également attiré l’attention sur les élections municipales de 2020 pour lesquelles il pourrait y avoir une crise de vocations tant chez les maires que chez les conseillers municipaux. « Cette situation ne peut être traitée avec condescendance ou légèreté. C’est un signal d’alarme qui touche à la vitalité de notre démocratie locale. Je le dis sans cesse, «la commune, c’est une petite République dans la grande ».
En ce qui concerne, l’absence annoncée d’Emmanuel Macron la semaine prochaine au congrès de l’Association des maires de France Gérard Larcher constate, « La décision appartient au président de la République ». Il semble que ce soit le premier ministre qui se rendra au congrès des maires. “Ce n’est pas une première mais je pense qu’il faut toujours affronter la lame ».
F.C.