Fany Pidoux (PS), conseillère régionale déléguée pour l’égalité femme homme, la lutte contre les discriminations et le handicap répond au billet de notre chroniqueur Gérard Hocmard sur la clause de conscience. Nous lui donnons volontiers la parole.

Fanny Pidoux
“A la lecture de votre billet, M. Gérard Hocmard, nous pouvons constater que vous n’avez pas de mots assez durs face à la proposition de la sénatrice socialiste Laurence Rossignol quant à la suppression de la clause de conscience dans le cadre du droit à l’interruption volontaire de grossesse.
Vous en appelez au droit de retrait, à la morale, au totalitarisme. Vous donnez même l’impression que l’on a recourt à cet acte comme on consomme des friandises.
Avant de vous rappeler la réalité qu’est le droit à l’avortement en France, rapidement je répondrai à cela.
Tout d’abord le droit de retrait répond à la nécessité de se protéger face à un danger réel et immédiat, le plus souvent physique.
La morale, elle, est une notion bien trop vaste qui peut être utilisée et manipulée selon les uns et les autres, c’est d’ailleurs pour cela qu’en démocratie la notion de morale a été substituée par des règles de droit nous permettant de faire société, d’être reconnues comme une démocratie.
En dernier lieu, la référence au totalitarisme, discrédite à lui seul le propos. J’emprunterai cette formule, tous ce qui est excessif est insignifiant.
Quant à votre opinion sur le droit à l’avortement, assez patriarcal vous me l’accorderez.
Vous semblez nier que derrière cet acte il existe toujours une histoire, une complexité, une situation de détresse le plus souvent. Pire vous n’avez pas conscience « du parcours de la combattante » que ces femmes traversent.
Nous avons l’impression que la souffrance endurée est légitime comme s’il fallait faire pénitence. Il y a bien à vous lire une notion qui traverse le billet, que cette épreuve est une punition, que les difficultés rencontrées ne sont que le châtiment face à des femmes qui sont coupables de la situation.
Cette volonté que la femme souffre pour qu’elle puisse jouir de son droit est contraire à l’exigence de justice en démocratie. Le fait qu’un droit ne puisse être appliqué que dans l’adversité c’est nier le principe d’égalité face au droit, un fondement démocratique.
Oui, un fondement en droit, c’est un pilier, c’est rarement un alinéa dans une loi qui provoque une rupture.
Si’il fallait en appeler au fondement du droit, au droit à l’avortement, préférons lui adosser les fondements de liberté, liberté de disposer de son corps, d’égalité, d’égalité d’accès au droit, de fraternité, de bienveillance face à ces femmes qui vivent une épreuve personnelle.”