La Clause de conscience

Elle est un des fondements de la démocratie, quel que soit le domaine où elle s’applique, et requiert à l’évidence un certain courage puisqu’elle implique justement de résister à des injonctions auxquelles on considérerait dégradant d’obéir, qu’elle suppose un refus dont on doit être prêt à assumer les conséquences pour soi-même.

Par Gérard Hocmard Gérard Hocmard

Elle impose de réfléchir à ce que l’on accomplit et aux répercussions que cela aura au lieu de suivre un troupeau qui regrettera peut-être ses actes faute de s’être suffisamment projeté dans leurs modalités d’exécution et leurs conséquences. Moyennant quoi, elle est ce qui permet de se regarder encore en face dans une glace une fois l’horreur passée.

Il n’y a pas de place pour une clause de conscience dans un régime totalitaire, quand Big Brother vous regarde et liquide la moindre déviance.

Avant de proposer de l’abolir pour les médecins de façon à supprimer un ultime obstacle à l’avortement pour toutes, Mme Rossignol aurait peut-être pu s‘interroger, avec d’autres, sur la place de l’avortement comme moyen contraceptif dans une société techniquement avancée et disposant de toutes sortes de moyens contraceptifs pré – et post – relations sexuelles. Mais c’est un autre débat et on préférera rester ici sur le plan du principe.

Le droit de retrait est, à sa façon, lui aussi une sorte de clause de conscience, fondé comme elle, sur le refus de la mise en question de sa dignité personnelle. Si on suit la logique invoquée à propos des médecins, il faudra donc supprimer le droit de retrait à toutes les professions qui l’invoquent à juste titre, comme les enseignants, conducteurs de bus, ou cheminots agressés, à la différence de ceux qui iront quand même au casse-pipe, comme les policiers ou les pompiers ?
En soi, la proposition de Mme Rossignol de vouloir supprimer l’usage de la clause de conscience aux médecins est un premier pas vers une dictature faisant fi des convictions et de la morale personnelle qui est proprement intolérable.

Commentaires

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  1. “Un refus dont on doit être prêt à assumer les conséquences pour soi-même”: oui, pour soi-même, pas pour les autres, cad par pour les femmes, or dans le cas de l’avortement les gynécologues en question ne subissent aucune conséquence personnelle, et certainement pas en comparaison aux objecteurs de conscience pacifistes par exemple dans l’histoire, et contrairement aux femmes qui peuvent ne pas avoir un égal accès à l’IVG. L’important c’est de faire en sorte que le droit à l’IVG soit respecté, partout, dans toutes les unités de santé, et non remis en question régulièrement, comme il l’est en filigrane dans ce texte.

    • Attention aux arguments invoqués. Dans la situation où se trouve une femme à laquelle un médecin refuse de pratiquer l’avortement, elle peut aller voir un autre praticien. La question qui se pose est donc de savoir l’impact psychologique sur une femme dans cette situation et, en parallèle , la liberté pout tout médecin de pratiquer un acte médical.
      C’est surtout la façon de présenter ce refus qui peut impacter. Malheureusement les médecins ne sont pas toujours des bons psychologues…!

  2. Il ne faut pas transiger sur sa dignité, le droit de désobéissance est un droit quand quelque chose vient heurter votre conscience ou vous paraît inhumain.
    La vie, la mort sont sujets à prise de conscience et une loi d’obligation n’est pas fondée en la matière.

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