Courjumelle* revient, en DVD et en séances publiques. Ce film réalisé par Jean-Claude Raoul retraçant la vie solognote en 1920, fort de son succès précédant, recommence sa tournée des communes de Sologne. Un bel hommage aux près de 200 bénévoles qui ont participé à l’aventure en 2017.
« Je suis amoureux de la Chine. Lors de mes voyages dans ses campagnes, où j’ai vécu notamment dans un petit village de riziculteurs de montagne, j’ai retrouvé des similitudes avec mon pays d’origine. Et c’est ce que j’ai voulu transcrire ici », raconte Jean-Claude Raoul, reporter, auteur et réalisateur mérois, l’initiateur du projet. Il connait bien aussi le Loir-et-Cher pour avoir publié plusieurs ouvrages sur le département. « Ce documentaire-fiction fait revivre des tranches de vie des années 1920. Un grand-père, une grand-mère et leurs petits-enfants nous replongent au cœur de cette période ». Tourné dans plus d’une quarantaine de communes, « il se veut une transmission des métiers, croyances, architectures qui ont succombé sous les coups de boutoir du progrès. Avec lui se sont diluées des croyances, dont certaines persistent encore mais ne sont plus chuchotées que par un petit nombre ».
« Courjumelle ? une ferme dans laquelle les cochons sont si gros qu’avec seulement une oreille on peut refaire les portes de la grange et que si vous tombez dans le puits, vous mourrez … de vieillesse avant de toucher le fond tellement il est profond. C’est dire qu’à Courjumelle on ne triche pas avec la vérité. Ce n’est pas comme à Marseille où tout est exagéré… »
Le projet semblait fou : réunir des figurants, trouver des lieux, convaincre des élus de près de 40 communes. Tout en recueillant des témoignages, en partant à la recherche de documents pour être au plus près de la réalité de l’époque. Et cela a fonctionné. Au point que lors de ses séances de projections publiques, fin 2017 et début 2018, plusieurs séances ont été nécessaires, comme à La Ferté-Saint-Aubin, par exemple.
Le projet était ambitieux, et c’est ce qui fait son charme. « Le budget était de 50 000 euros, obtenus grâce à un financement participatif. Certains ont donné beaucoup. L’équipe technique, c’est trois personnes. Et, il n’y a aucun comédien professionnel parmi les figurants ».
Les années 20, racines du changement
Pourquoi les années 1920 ? Pendant la guerre, ce sont les femmes qui ont fait vivre la terre. Quand les hommes sont revenus, tout du moins la plupart, il a fallu reconstruire, inventer de nouveaux modes de vie.
« Je voulais aussi évoquer ces paysages, métiers, gestes, qui ont disparu. Ces souvenirs sont en train de s’effacer des mémoires, avec les personnes qui pouvaient encore témoigner ». Pas de nostalgie pour autant. Jean-Claude Roux préfère vivre en 2020 qu’en 1920, mais il veut témoigner, et construire ainsi une nouvelle aventure humaine. Au point que certains, dans la troupe, rêvent même d’une suite de Courjumelle, ce village qui n’existe pas, mais qui parait si vrai.
Sorti fin 2017, voilà 1 an, Courjumelle est apparu sur les écrans en même temps que le film de Nicolas Vannier. En a-t-il pâtit ? « Certainement pas, bien au contraire. Cela nous a servi, focalisant l’attention sur notre région. », assure Jean-Claude Raoul. Et, de l’avis e tous, « Les images de nature comme les décors sont superbes », reconnaissent les spectateurs.
Les nouvelles projections commencent cette semaine. Après Sennely ce vendredi 14, la tournée continuera par Villebarou, Mer, Sonzay, Huisseau sur Mauves, etc. « Nous avons plus de succès dans les communes du Loir et Cher que du Loiret, je ne sais pas pourquoi », glisse un brin amusé Jean-Claude roux. Peut-être qu’une association régionaliste comme Sologne blésois serait intéressée…
Jean-Luc Bouland.
*Réalisé par Jean-Claude Raoul, avec Guy Pardessus, Maryvonne Moquart, Marie-Claire Lemaire, Jean-Claude Guinot, Louis, Charlotte et Juliette Raoul…et plus de 150 habitants de Sologne.