Chaque année la rentrée politique s’ouvre sur plusieurs inconnues. L’an II de l’ére Macron n’échappe pas à la règle. Avant de se permettre quinze jours de vacances, le président de la République, secoué par l’affaire Benalla, l’a dit aux Français, il ne lâchera rien. Il faut donc s’attendre qu’il mette en route une multitude de chantiers, tous destinés à changer le pays sans laisser à ses ministres et à sa majorité le temps de souffler. S’il n’en était pas ainsi le macronisme perdrait de son sens, les ministres devraient se contenter d’un rôle de gestionnaires administratifs et le mouvement « En Marche » de regarder le temps qui passe.
Dans l’immédiat trois grands dossiers
⇒ La réforme des retraites d’abord qui sera présentée au début de 2019 pour être votée après les élections européennes, la réforme ne devant entrer dans les faits qu’en 2025. Repoussée de huit mois en raison de sa complexité technique et d’un besoin de consensus chez les partenaires sociaux, celle qui peut être considérée comme la mère des réformes du quinquennat va maintenant occuper le devant de la scène. Au menu : garantie du financement du futur régime, mise en place d’un système universel avec la disparition des 42 caisses des retraites actuelles et la disparition des régimes spéciaux (SNCF, RATP….). « Pour un euro cotisé, les mêmes droits pour tous » sera le leitmotiv gouvernemental. Dans un pays passionné d’égalité cela devrait satisfaire l’opinion d’autant plus que, le premier ministre l’a annoncé, les fondamentaux demeureront : « Il s’agira d’un système par répartition dans lequel les actifs paient pour ceux qui sont à la retraite ».
⇒ Plan pauvreté : Prévu au conseil des ministres du 15 septembre, le plan pauvreté décalé pour cause de coupe du monde de football entend s’attaquer aux cause de la pauvreté : « Non pas de nouvelles aides, en solde de tout compte mais un accompagnement réel vers l’activité » a déclaré en juillet le président devant le Congrès réuni à Versailles. « En France quand on nait dans une famille pauvre on le reste pendant des générations » regrette Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé qui porte ce dossier. Le gouvernement espère ainsi gagner une image plus sociale. Est ainsi mis en place le versement unique des allocations, établies sur les mêmes critères. Cela devrait éviter de multiples et fastidieuses démarches aux bénéficiaires et ce d’autant plus, autre bouleversement en vue, que le prélèvement à la source permettra d’ajuster automatiquement le montant des allocations aux revenus des bénéficiaires.
⇒ La loi Mobilité arrive devant le parlement dès sa reprise fin septembre. Elle comporte une kyrielle de mesures : créations de sociétés anonymes par les collectivités locales, lancement de Route nationale de France, mise en place d’établissements publics pour financer des projets locaux et des voies réservées au covoiturage, etc.
Sont également dans les tuyaux un projet de loi sur la bioéthique en 2019, un projet de loi agriculture et alimentation (Egalim) et la réforme constitutionnelle, promesse de campagne d’Emmanuel macron qui semble bien avoir du plomb dans l’aile.
L’opposition au pied du mur
Quelle attitude adoptera l’opposition ou plutôt les oppositions ? En juillet, avec l’affaire Benalla et les 80km/h, elle a trouvé une fenêtre de tir efficace, faisant reculer Macron sur sa réforme constitutionnelle. Il serait navrant qu’elle s’arrête là mais pour aller plus loin, pour plus d’efficacité il lui faut des idées et un programme, autrement dit qu’elle sorte de sa convalescence sinon Macron demeurera Jupiter sur son Olympe.
Françoise Cariès.