Le “guide secret des châteaux forts” par André Degon

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Féru d’histoire, de vieilles pierres et de patrimoine sur les routes de France et de Navarre, André Degon nous propose une troisième immersion secrète.  Après le « Guide secret de Rouen », le « Guide secret de Franche-Comté », il nous plonge dans le monument emblématique du Moyen-âge, les châteaux forts. C’était le fief défensif des seigneurs: la France, éclatée alors en une kyrielle de duchés, comtés et royautés, se couvrit alors de châteaux forts.

Le château de Langeais (Indre-et-Loire). F.Chorel.

Avant que la Renaissance ne fit des châteaux des résidences, voire des palais lieux de l’art de vivre, des arts et des lettres, des plaisirs de la chasse et de l’amour, le Moyen-âge imagina par la force des événements des châteaux avant tout guerriers.

A travers ces châteaux forts se décline l’Histoire de France dont notre pays a su conserver en plus ou moins bon état des milliers d’exemplaires à travers les régions. André Degon (qui collabore à Magcentre), devait faire des choix et il débute son ouvrage, « le Guide secret des châteaux forts » par une sorte de diagonale (du fort) qui irait des Hauts-de-France au Centre-Val de Loire en enjambant l’Ile-de-France.

Chinon, premier rancard de jeanne

Chinon.

Réputée dans l’épopée johannique pour avoir abrité le premier « rancard » entre l’héroïne qui délivra plus tard Orléans et le « gentil dauphin » Charles VII, Chinon, première étape ligérienne, précéda le mouvement général des XIème et XIIème avec des premières pierres entre le V ème et le X ème siècle. « Il fut longtemps un enjeu entre les comtes de Blois et d’Anjou » écrit l’auteur, avant de devenir avec Loches le château préféré du roi. Rénové ces dernières années avec notamment la construction d’un bâtiment d’accueil digne du lieu, Chinon offre un

Chinon belvédère sur la Loire.

belvédère unique et délicieux sur les toits de la vieilles ville, d’élégantes  demeures en tuffeau, et au-delà, sur la belle Loire où, sur les quais, une statue de Rabelais monte la garde. En regard, il faut  aussi se rincer l’oeil du château de Chinon depuis les vignes qui descendent en cascade vers la cité. Après un siège de neuf mois, en 1204, Philippe Auguste, réussit à prendre la forteresse qui restera nous dit André Degon, « sous le contrôle des rois de France durant plus de 160 ans ». C’est lui qui fit construire la tour du Coudray, maintenant bien rénovée sur trois étages et où eu donc lieu l’entrevue avec Jeanne.

Loches et son sinistre donjon

Le château de Loches. F.Chorel.

Avec Chinon, Charles VII, en affectionnait un autre, Loches, une belle paire de châteaux forts. Loches et sa cité royale, un château de sinistre réputation et dont la visite impressionne toujours les plus petits. Foulques Nera y fit ériger le donjon de 36 mètres, l’un des mieux conservés de France, Loches au sud Touraine, passa de main en main, résidence royale d’Henri II Plantagenêt,  il tomba dans le giron des Anglais après « la prise éclair de la ville par Richard Cœur de Lion ». Mais c’est la tour Louis XI qui reste de sinistre mémoire. Outre qu’elle jouxte une salle de torture parfaitement outillée, elle fut le cachot du chroniqueurPhilippe de Commynes qui y passa huit mois enfermé dans une cage et, du cardinal de la Balue qui y survécu durant huit ans.

Le Logis Royal y abrita de moins sinistres activités, Charles VII y logea sa maitresse officielle, la belle Agnes Sorel morte en accouchant d’un quatrième enfant. On analysa sa dépouille en 2005, enfin ce qu’il en restait, et la conclusion fit grand bruit et confirma ce qui s’était murmuré à l’époque, Agnes Sorel était morte empoisonnée. “Close case” (affaires classées) ne s’étant pas encore penché sur le mystère, on ignore encore à cette heure si le dauphin Louis XI était dans le coup…

Le mariage de Langeais en catimini

Le château de Langeais côté cour.

Sur la route de l’ouest une fois quitté Tours,  le château fort de Langeais fut l’œuvre première de Foulque Nera, personnage peu recommandable, qui multiplia les cruautés et les châteaux.  Langeais est un château honni des indpendantistes du grand ouest, puisqu’il scella le rattachement de la Bretagne au royaume de France. Le 6 décembre 1491, Charles VII y épousait Anne de Bretagne à Langeais, en catimini puisque celle-ci avait été déjà marié par procuration à Maximilien empereur germanique qui guignait la Bourgogne, Langeais était le « verrou stratégique sur la route de la Bretagne ».

Langeais et son pont levis.

Son entrée, entre deux grosses tours, en plein cœur de la petite cité, présage un château sévère, voué à la défense face à un siège.  Mais côté cour, «  on quitte le moyen-âge pour aller vers la Renaissance », comme l’écrit André Degon et de fait, les jardins sont une pure merveille avec vue sur la forteresse. Après la Révolution Langeais tomba presqu’en ruine. Mais un riche aventurier, Jacques Siegfried en tomba amoureux et mit vingt ans à le remettre en état. Il fit don de Langeais à la Fondation de France qui assure toujours la gestion du château.

De pont levis en mâchicoulis

Il faut en convenir le Val de Loire, riche comme nulle part en châteaux Renaissance, n’est pas la mieux pourvue en châteaux forts.

Du château du Duc de Guise, tout là haut  dans les Hauts de France à la forteresse de Bonifacio, André Degon nous promène en France de pont levis en mâchicoulis. De la tapisserie de l’Apocalypse au château d’Angers, au château de Saumur à Plessis-Bourré chez nos voisins des Pays-de-la-Loire. Il faut encore citer de l’autre côté de l’hexagone, la merveille du château du Haut-Koenigsbourg, cadeau du Kaiser, perché sur son piton vosgien. Et en Normandie le château de Combourg, âme de Chateaubriand et encore plein sud la cité de Carcassonne, remarquable enceinte fortifiée tour à tour prise par les cathares puis domaine du royaume de France et restaurée par Viollet-Le-Duc qui en sauva bien d’autres.

Le guide secret des châteaux forts par André Degon, un fil rouge original pour se construire des solides circuits, forts en secrets d’histoire dans nos régions.

Ch.B

Guide secret des châteaux forts
Par André Degon
Aux Éditions Ouest-France,
141 pages. 14€.

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