Blanchi le 2 juillet dernier par l’UCI, le britannique Chris Froome est hélas bien dans le peloton du Tour qui s’est élancé depuis Noirmoutier-en-l’Ile. Sur la base des conclusions de l’Agence mondiale antidopage (AMA) déclarant que le taux excessif de salbutamol (antiasthmatique) ne constituait pas un contrôle positif, « l’homme qui pédale plus vite que son vélo » sillonne les routes de la Grande boucle comme si de rien n’était… à peine quelques sifflets vite couverts par la caravane publicitaires ! Quant aux quelques coureurs qui osent l’ouvrir, on leur fait vite comprendre qu’il est plus raisonnable de faire profil bas.
Cette décision est scandaleuse et incompréhensible pour tous les passionnés à l’image de Bernard Hinault, le Blaireau lui-même, qui s’est insurgé dans les médias. Une nouvelle fois, le cyclisme montre un visage indigne en laissant la suspicion s’installer. Après les moteurs dans le pédalier, on apprend que le peloton renferme un champion asthmatique dont les performances sont décuplées par la Ventoline.
Alors que les étapes ennuyeuses se succèdent à l’envie offrant une course insipide dictée dans les oreillettes par de petits directeurs sportifs, les amateurs de vélo s’interrogent. Quels sont les dessous des cartes ? De quels moyens de pression la richissime équipe Sky a-t-elle usé pour couvrir son coureur ? pour qu’il ne soit pas suspendu à titre conservatoire après avoir été pris pour dopage sur la Vuelta en septembre 2017 ?
Car, les sportifs me comprendront, le salbutamol ou ventoline n’est pas un produit neutre et sans effet. Cette molécule permet une dilatation des voies respiratoires favorisant une meilleure expiration, une meilleure oxygénation du sang et donc des performances sportives plus élevées. Ainsi pour un même niveau de préparation et de motivation, un coureur sous ventoline aura-t-il un avantage substantiel.
Dans cette pitoyable affaire, ce sont bien toute les instances du cyclisme qui sont complices. L’UCI qui a lâchement décidé de clore la procédure envers Froome mais aussi l’organisateur du Tour, la société ASO, qui a cédé à la pression du « cyclistement correct » au mépris des valeurs sportives élémentaires.
Avec son milliard de spectateurs sur les écrans de la terre entière, le Tour, machine à cash, s’accommode sans complexe de la présence d’un coureur dont la puissance développée par kilo est suspicieuse pour nombre de médecins. Mais quels messages cela renvoi-il aux jeunes coureurs du sport amateur ? comment le cyclisme peut-il se prévaloir d’être un sport propre porteur de valeurs éthiques ?
Alors oui, Monsieur Froome va sans doute gagner son 5e Tour de France en lâchant ses adversaires dans les cols à 10 % et en affichant une fréquence de pédalage de 97 tours par minute (proche de celle constatée sur le plat !). Pour ma part, je ne doute pas que nous serons nombreux à ne pas être devant notre écran pour assister à cette mascarade de vélo, ce triste spectacle d’un coureur qui utilise honteusement le règlement à son profit pour battre ses adversaires.
J-L. V.