Ça n’est plus un secret pour personne – l’a-t-il déjà été ? – le maire de Romorantin-Lanthenay et ex-sénateur Jeanny Lorgeoux briguera bien un 7e mandat dans la capitale de la Sologne en mars 2020. D’ici là, le vieux lion a encore quelques petits trucs à dire, et quelques coups de griffes à donner…
Magcentre.fr : vous avez signé le 5 juillet dernier à la Préfecture de Blois la convention-cadre Action Cœur de Ville. Qu’attendez-vous de ce dispositif ?
Jeanny Lorgeoux : Ce plan ambitieux, visant à accompagner la ville dans la redynamisation de son centre- ville, vient compléter l’expérimentation Dauge pour laquelle nous avons été choisis en 2017 (1). Prévu sur 6 ans, elle a pour objectif de nous accompagner dans la restauration de notre patrimoine historique et industriel, véritables leviers d’attractivité. Il s’agit de dégager de nouveaux espaces de vie et de travail pour les citoyens et de renforcer le potentiel touristique. Tour de l’ancien château, venelles du cœur médiévale, sites Normand… nous avons déterminé plusieurs actions qui seront pilotées par Véronique Monteil, chef de projet.
Action Cœur de Ville va renforcer l’impact du plan Dauge avec notamment la possibilité de mener des opérations foncières sur « les dents creuses » ou encore d’agir en pour le logement avec nos partenaires (Action logement par exemple). Nous allons ainsi toucher 800.000 € en 2018. C’est une bouffée d’oxygène qui va nous permettre par exemple d’achever la restauration du quartier Matra par la réhabilitation de la Porte des Béliers (voir photo). Ce nouveau quartier illustre le renouveau urbanistique de Romorantin-Lanthenay.
Magcentre.fr : où en est Romorantin sur le plan économique ?
JL : Grâce à l’action de tous, en dépit du drame récent de Carrier qui mobilise l’État et tous les acteurs concernés, nous retrouvons une certaine vigueur économique qui se traduit aussi par un regain de population (18.300). Cela se matérialise également par un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale (9,2 % au 1er trimestre 2018). Le secteur de l’aéro-défense se porte bien tout comme l’entreprise CAILLAU qui connait un fort développement avec 600 salariés. Sa nouvelle usine sera d’ailleurs inaugurée en septembre et à cette occasion, j’ai d’ailleurs invité le Président Emmanuel Macron. Son rebond illustre la résilience de notre territoire qui accueille aussi de nouvelles entreprises comme Gestion Prestation Services (GPS, assurance) qui fait travailler 300 personnes au cœur de la ville. Notre territoire au travers ses organisations, comme la Maison de l’emploi, que j’ai créée, ou le GEAR, présidée par Michel Lombard, illustrent que la fatalité du déclin peut se corriger grâce à la volonté et l’intelligence collective.
Magcentre.fr : vous êtes président de la communauté de communes du Romorantinais et du Monestois. Avez-vous des velléités de création d’une communauté d’agglomération ?
JL : À mes yeux, une agglomération ne se construit pas en violant les communes ou à marche forcée comme dans le Vendômois. Il faut respecter les territoires, les traditions. Je suis de nature plus porté à la coopération qu’à la fusion qui ne doit d’ailleurs être ni confusion ni perfusion. Il reste que notre communauté est ouverte. Val de Cher-Controis, Sologne des Rivières et même Chabrisien dans l’Indre voisine. Son périmètre n’est pas figé et nous y réfléchissons avec ces deux derniers EPCI. Sur le fond, je suis plus pour l’indépendance dans l’interdépendance comme le disait Edgard Faure.
Magcentre.fr : briguerez-vous un 7e mandat en 2020 ?
JL : Je l’ai annoncé. Je ne suis plus sénateur, je suis en bonne santé et j’ai encore beaucoup de projets pour la capitale de la Sologne et le Romorantinais. Je serai donc candidat avec une équipe rajeunie et soudée. Depuis 1985, je n’ai d’ailleurs jamais eu un seul départ. 3 piliers constitueront mon programme : la rénovation du centre-ville, la création d’emplois et la santé. Sur ce plan, j’ai gagné la bataille de l’hôpital. Romorantin conservera une direction générale autonome et fonctionnelle. Et un nouveau directeur sera nommé en septembre.
Magcentre.fr : où vous situez-vous politiquement exactement depuis que vous n’êtes plus au PS ?
JL : Je n’ai pas de carte à LREM mais je soutiens l’action réformatrice et progressiste du Président de la République Emmanuel Macron. Il faut déverrouiller la France même si la traduction de cet objectif n’est pas toujours satisfaisante. Ce sont les entreprises qui créent la richesse, l’État doit être souple, soutenir la liberté d’entreprendre, récompenser le mérite et corriger les inégalités. Le Gouvernement s’inscrit dans cet objectif. Sur le fond, je reste social-démocrate et profondément humaniste. Je tenais d’ailleurs les mêmes propos au PS. Vous le savez, je tiens à ma liberté de penser.
Magcentre.fr : Romorantin est la ville de Louise de Savoie et de François Ier. Avez – vous prévu des manifestations à l’occasion du 500e anniversaire de la Renaissance ?
JL : Oui naturellement. C’est pour Romorantin que Léonard de Vinci a conçu, à la demande de François Ier, son concept de cité idéale avec un palais gigantesque, une ville nouvelle pour la cour et tout un réseau de canaux. Le génie toscan a laissé une forte empreinte sur les rives de la Sauldre. À cette époque, Romorantin était ville royale mais nous avons eu ni le temps ni la chance de nous déployer. Avec le soutien de la Région Centre-Val de Loire et la participation du Centre d’Études Supérieures de la Renaissance à Tours, une grande exposition verra le jour (en 3D et avec notamment des machines conçues par le maître). Le professeur Pascal Briost et Martine Vallon, ex directrice du Musée de Sologne, se consacrent d’ailleurs à ce projet. Léonard de Vinci était un génie, à mes yeux le plus grand de notre humanité en marche car il était à la fois artiste et scientifique.
Propos recueillis par JLV.
(1) Romorantin fait partie des 17 villes d’art et d’histoire à secteur sauvegardé et protégé (ANVPAH) concernées par cette expérimentation à savoir Gien, La Châtre, Sancerre, Sedan, Chaumont, Lunéville, Longwy, Bar-le-Duc, Saint-Dié-des-Vosges, Guebwiller, Lauzerte, Lodève, Figeac, Villefranche-de-Rouergue, Pont-Saint-Esprit et Mende.