Dimanche 1er juillet, pour célébrer leur journée mondiale, les naturistes francophones se retrouvaient dans un parc d’attraction privatisé pour eux seuls. À Magny-en-Vexin, dans le Val d’Oise, le Parc Aventureland créait l’évènement, attirait les médias, et faisait office de précurseur.
Le projet n’était connu que de quelques-uns voilà encore quelques mois, mais a pris de l’ampleur en notre région Centre-Val de Loire, à la mi-avril, à l’occasion du Congrès national de la fédération française, à Luzeret, dans l’Indre. Les membres du nouveau conseil d’administration issu de cette assemblée réunissant des représentants de clubs de toute la France ont acté le principe : créer un évènement majeur le 1er juillet, date de la Journée Mondiale du Naturisme. Et c’est ce qui fut réalisé, en clôture d’un mois de juin qui avait vu éclore dans différentes régions françaises, et pas seulement sur le littoral, des « Journées sans maillot » destinées à attirer de nouveaux adeptes. Ainsi, le dimanche 24 juin, près de 900 personnes se sont retrouvées dans le tout récent espace naturiste de Vincennes pour la première « journée parisienne du naturisme », à l’initiative de l’association des naturistes de Paris.
Mais, ce 1er juillet, l’évènement était exceptionnel, unique en son genre. Il ne s’agissait pas de se retrouver en nombre dans un lieu habituellement dédié au naturisme, ou d’organiser une journée Portes ouvertes, comme auraient pu le faire les clubs d’Orléans ou de Tours, mais de se rassembler dans un lieu inhabituel, qui leur était entièrement réservé, un parc d’attraction proposant près d’une cinquantaine d’activités, toutes possibles, ou presque, en toute nudité. Rien à voir avec les activités piscine ou les soirées aux Balnéades organisées deux fois par an depuis plusieurs années, par exemple, par le Club Joie et Santé d’Orléans, même si certaines peuvent réunir plus de 100 personnes.
Un parc d’attraction privatisé !
L’idée avait germé fin 2017 dans la tête de Jean-Pierre Henry, le directeur de l’Aventureland, qui avait estimé que les valeurs défendues par son site étaient proches de celles des naturistes, exceptées la pratique de la nudité. Relancée en avril, élaboré par la nouvelle équipe fédérale, le projet aboutissait donc en ce 1er juillet pour proposer un site entièrement privatisé et gratuit pendant pour toute personne y venant nue ! Il suffisait pour cela de se pré inscrire auprès de la fédération.
Certains vinrent de Marseille ou de Lille, d’autres d’Auvergne et d’Ile de France, et d’autres de Normandie ou de la région Centre, seuls ou en famille, pour profiter de l’ensemble des installations en toute nudité, si on excepte quelques attractions en forêt, comme l’accrobranche ou la tyrolienne, où le short était demandé par raison de sécurité. Près de 300 personnes répondirent à l’appel, encadrées sur place par le directeur et une vingtaine d’employés, tous volontaires. Jean-Pierre Henry, pour cette journée exceptionnelle aussi pour son établissement, ne voulait pas leur imposer une situation qui aurait pu en indisposer certains. « Nous en avons beaucoup parlé entre nous ces quinze derniers jours. Mais, aujourd’hui, au bout de dix minutes, nous ne faisions plus attention au fait que vous étiez nus », déclarèrent certains d’entre eux aux organisateurs. Et beaucoup, à l’image de leur directeur, apprécièrent la bonne tenue du public sur le site « ce qui n’est pas toujours le cas avec d’autres publics ». Ainsi, Fanny, membre de la troupe angevine du cirque Bartelli, en résidence sur le site pour la saison, à l’issue d’une représentation unique sous chapiteau ce jour-là, déclarait spontanément au public « à la prochaine fois ».
Cette prochaine fois, la majorité des participants la demandait avec un grand sourire aux organisateurs en partant, certains déclarant même « qu’une journée comme cela, cela donne vraiment envie de prendre sa licence à la fédération ».
Une expérience qui ferait école ?
Ce qui était unique dans cet évènement, c’était le fait que l’initiative vienne d’une entité privée, et non pas qu’elle ait été sollicitée pour le faire, comme le furent voilà quelques années un certain nombre d’établissements de bowling, à Marseille, Lyon ou Paris, pour des séances naturistes. De tels lieux sont plus faciles à privatiser qu’un parc d’attraction. Et, la deuxième spécificité, c’est le nombre de personnes concernées, même s’il n’est pas impossible, comme l’évoquèrent certains, que la peur d’une médiatisation trop importante ait freiné quelques volontés.
Car tout l’enjeu était là. Accueillir des naturistes chez soi pour une journée exceptionnelle, c’est intéressé les médias, tels C8, TMC, Le Parisien, qui étaient présents, et donc faire parler de soi, notamment sur le web, à moindre coût qu’en achetant des pages de publicités. De quoi, peut-être, donner des idées à d’autres établissements similaires, où pas, dans d’autres régions.
« Il y a des premières expériences qui devraient faire école », soulignaient en guise de bilan certains administrateurs fédéraux présents sur place. Cela peut-il s’imaginer en région Centre-Val de Loire ? Affaire à suivre.
Jean-Luc Bouland