Ce samedi le Parti socialiste réunit son conseil national et lance une plate-forme numérique pour plancher sur les élections européennes de 2019. Son nouveau Premier secrétaire, Olivier Faure, peine à crever l’écran, il faut dire que le chantier de reconstruction est immense. . Premier secrétaire du Parti socialiste depuis le congrès d’Aubervilliers des 7 et 8 avril 2018, Olivier Faure n’est plus tout à fait un inconnu au niveau national mais pas encore une tête d’affiche médiatique. Magcentre l’a rencontré.
Olivier Faure, Premier secrétaire du PS.
Voulant mieux le connaître et conscient que ce 13 ème premier secrétaire avait devant lui une maison à reconstruire et donc un immense chantier, un groupe de journalistes de la presse quotidienne régionale l’a convié à un déjeuner débat. D’entrée de jeu Olivier Faure a reconnu son manque de notoriété : « Si moi, j’avais dit à la place de François Hollande, « Macron président des très riches » cela n’aurait pas eu le même impact. Dans un cas comme celui-ci c’est l’émetteur qui compte ». François Hollande, dont il fut le collaborateur et à la différence d’un autre qu’il n’a pas besoin de nommer auquel il refuse de s’opposer : « Je refuse toute idée de compétition entre le PS et François Hollande », dit-il en saluant le succès littéraire actuel de l’ancien Président.
Engagé dès son adolescence orléanaise
Olivier Faure et les militants socialistes du Loiret..
Né le 18 août 1968 d’un père fonctionnaire du Trésor public et d’une mère infirmière, Olivier Faure a grandi à Orléans. Il y a effectué son cursus universitaire, y a obtenu un diplôme en droit économique en 1991 et à 16 ans, adhéré au Parti Socialiste. C’est dans le Loiret qu’il a mené sa première campagne électorale, lors des cantonales de 1994 à Saran.
Après un passage à Grenoble dans une PME de haute technologie il a rejoint en 1997 le cabinet de Martine Aubry au ministère du Travail et collaboré au programme de transformation sociale de Lionel Jospin . Puis, après le choc du 21 avril 2002 il s’emploie aux côtés de François Hollande à relever le PS et à rassembler les socialistes autour d’un projet commun. En quelque sorte un avant-goût de ce qu’il entreprend aujourd’hui. Depuis 2012 député de la circonscription de Sénart-Le Mée en Seine-et-Marne, il a été réélu député en juin 2017, avec plus de 61 % des voix face à une candidate En Marche et a pris la présidence de son groupe, la Nouvelle gauche, à l’Assemblée.
Se réinstaller, se retrouver
Olivier Faure a conscience des difficultés qu’il a devant lui et que pour en venir à bout il lui faudra un certain temps, sinon un temps certain. Pas de quoi l’effrayer même si ses troupes réduites telle une peau de chagrin ne sont pas aussi unies qu’il le souhaiterait et qu’il le faudrait. Les finances du parti sont au plus bas et son siège historique, rue de Solférino dans les beaux quartiers, a été vendu avant sa prise de pouvoir. Il lui faut gérer un déménagement et une nouvelle installation qui est loin de ravir les militants. « Notre déménagement va se produire fin septembre au plus tard le 15 octobre. Si nous prolongions notre séjour dans les locaux de Solférino nous serions passibles de 100 000 euros d’astreinte par jour. Ce sont des contraintes financières qui nous ont imposé de choisir le site d’Ivry. Avec les 45 millions de la vente de Solférino, nous avons du éponger 20 millions de dettes dont certaines datées de la campagne de 2012, provisionner 12 millions pour la prochaine campagne présidentielle car nous n’avons plus d’immeuble à gager pour que les banques nous prêtent. Les 13 millions d’euros restant serviront à l’apurement de certaines situations dans les fédérations, à assurer la location du nouveau siège et la marche du parti. Nous avons également du tailler dans les permanents et payer des indemnités de départ. Nous sommes passés de 140 à 40 », précise Olivier Faure avant d’ajouter, « Nous avons cherché dans Paris mais il y a peu de disponibilités comme dans toute l’Ile-de-France. Nous avions trouvé des locaux dans le Sentier mais ils n’étaient libres qu’à l’été 2019. Dons Ivry s’est imposé. C’est très bien desservi par le métro, l’autobus et le RER ; nous serons à 10 minutes en vélo de la gare d’Austerlitz ».
Droit d’inventaire
L’ancien Président Françoiis Hollande avec le sénateur du Loiret Jean-Pierre Sueur lors d’une signature.
Reconstruire une maison en ruine implique de commencer par savoir qu’elles furent les causes du désastre pour les éviter à l’avenir. Olivier Faure en est conscient : « Tout le monde au PS a besoin d’inventaire ce qui nous permettra à tous de comprendre notre défaite et d’admettre que nous n’avons pas su intégrer les revendications des classes moyennes et populaires. Il nous faut surtout dépasser ce qui nous a opposés pendant cinq ans. C’est indispensable. Le PS doit assumer son tournant social-démocrate déjà franchi avec la politique mené par François Hollande. Si nous n’arrivons pas à mettre sur pied une gauche de gouvernement, la droite de Macron aura encore de beaux jours devant elle. La reconquête sera longue. Un espace existe pour cette gauche mais à l’heure actuelle il est rétréci ».
Que sera cette gauche, qui comptera-t-elle dans ses rangs, ira-t-on vers une nouvelle union de la gauche ? Olivier Faure ne se prononce pas. “Nous parlons avec toutes les sensibilité de la gauche à l’exception des insoumis”, se contente-t-il de dire. Pour l’instant il faut avancer et déjà il dessine trois phases «l’installation, puis l’accélération suivie des européennes ». Ce samedi 9 juin se tient un conseil national très important avec sous le pilotage de Boris Vallaud, député des Landes la mise en place, d’une plate-forme numérique pour une consultation populaire qui s’adresse aux militants et aux sympathisants. Il en coûtera 1 euro à chaque participant.
Pour l’heure point de tête de liste désignée pour les européennes de 2019. « Deux personnes ont fait savoir que cela les intéressaient, Pierre Moscovici et Christian Eckert, il y en aura d’autres. C’est loin d’être tranché », précise le Premier secrétaire Quant aux municipales qui suivront l’année suivante, Olivier Faure s’attend à une offensive d’En Marche dont on voit déjà les prémices : « Il y aura des maires opportunistes, c’est certain qui céderont aux approches d’Edouard Philippe et des siens. Ces démarches montrent la faiblesse des structures d’En Marche. C’est un fourre-tout qui n’apporte que des zakouski aux maires. Une campagne municipale se fait sur un bilan et des projets. Qu’apporte En Marche ? Un clivage entre les populistes et les autres. Macron allume la mèche et la fait durer, c’est sa méthode. A ce petit jeu, Mélenchon est un épouvantail commode. Sur le spectre politique Macron et Philippe sont avec beaucoup de flou en adéquation avec Fillon et Juppé, avec le discours de la droite depuis 20 ans… Je ne crois pas à une deuxième phase du quinquennat plus à gauche ».
F.C.
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