Dans sa réponse à notre article concernant l’immeuble construit quai du Fort Alleaume, Muriel Cheradame, adjointe à l’urbanisme de la ville d’Orléans, nous rappelle que cette construction a reçu un permis de construire dans le cadre d’une procédure régulière respectant les spécifications et restrictions du PLU, ce que nous n’avons jamais contesté.
2 + 1
3+1 ou 2+1 ?
Ce qui interroge en revanche c’est justement que dans le cadre de ce PLU (Plan Local d’Urbanisme), on puisse réaliser un bâtiment sur lequel non seulement l’Architecte des Bâtiments de France, mais aussi la Mission Loire UNESCO semblent émettre de sérieuses réserves en parlant d’un projet “regrettable”. Et justement que dit le PLU: la hauteur est limitée à “trois étages plus combles”, mais si l’on arpente le quai depuis le pont Georges V jusqu’au pont Thinat, on constate qu’aucun bâtiment ancien ne dépasse la hauteur de “2 étages plus combles” sur cette partie du front de Loire. De quel droit et pour répondre à quelles pressions, le PLU de la ville se permet-il ainsi de rompre délibérément avec l’épannelage (autrement dit la ligne des toits) qui forme le paysage urbain ligérien dans ce secteur pourtant défini dans le même PLU comme “la vue la plus qualitative” et donc à protéger ?
Notre article fait suite à une alerte des riverains justement surpris de la hauteur prise par cette construction en cours et le moins que l’on puisse dire, c’est que les réactions suscitées sur les réseaux sociaux à la suite de sa publication montrent bien la sensibilité du public et sa désapprobation unanime en découvrant ce bâtiment pourtant déclaré “conforme”.
Et les riverains ?
Bien sûr nous dit Muriel Cheradame, il y a eu, avant le permis de construire, une réunion de riverains pour la présentation du projet, et de fait, il n’y a eu aucun recours avant le permis de construire, mais quand on connait la lourdeur de telles procédures et leurs peu de chances d’aboutir puisque le projet était déclaré d’avance conforme au PLU, on comprend mieux comment on en arrive à cette distorsion entre un règlement administratif et sa perception par les habitants à l’évidence massivement en désaccord avec cette décision. On ne saura jamais trop recommander aux citoyens de participer aux réunions de leur quartier, mais encore faut-il que l’on donne de véritables éléments de décisions à cette forme de démocratie directe qui semble devoir répondre à la volonté du maire d’Orléans de co-construire la ville, credo maintes fois répété par Olivier Carré.
Et pour finir, n’y a-t-il pas assez de foncier à Orléans pour satisfaire les appétits des promoteurs immobiliers en évitant de remplir un micro-terrain en plein cœur d’un centre historique que la ville s’acharne par ailleurs à rénover par la restauration de ses façades ?
Acheter un billet de loto du patrimoine, c’est bien, veiller collectivement à sa préservation c’est encore mieux !
GP