Question posée à la volée par Magcentre, rue Jeanne d’Arc, au milieu des premières poignées données par le Premier ministre : « pourquoi avoir accepté l’invitation aux fêtes ? ». Réponse ferme mais dans un sourire du Premier ministre en s’éloignant, « parce que j’aime le maire d’Orléans, parce que j’aime Orléans ». Ca va mieux en le disant. Parce que dans son discours, son « homélie » à Jeanne, son ode à la France, assez brève au demeurant par rapport à des prédécesseurs, mais c’est le style Philippe, il n’avait pas remercié le moins du monde son hôte. Par peur d’apparaître trop complice, de ne pas vouloir trop en faire politiquement?
Philippe-Carré, une complicité évidente. (c) Marie-Line Bonneau
Clairement les deux hommes s’apprécient, dans « le temps d’avant », ils ont tous deux été à LR et auparavant à l’UMP. Même Jean-Pierre Door, coiffé d’un magnifique Panama, qui est resté lui dans “l’ancien monde”, a eu droit à quelques plaisanteries complices du Premier ministre.
Alors il revenait au maire d’Orléans et président de la Métropole de monter le premier au créneau pour défendre Mathilde la Jeanne 2018, lamentablement insultée par la fachosphère. « J’ai une pensée toute particulière pour Mathilde, Jeanne 2018, que je salue pour son courage et son sourire. Il est la meilleure arme contre la bêtise de tous ceux qui n’ont compris ni le sens de nos fêtes, ni la force de son engagement. Le racisme n’a jamais sa place en France, à fortiori lorsqu’il s’agit de fêter la plus belle figure de notre roman national ». Edouard Philippe ne fut pas en reste, qui a complété avec cette belle image, parlant « des bûchers que l’on allume de manière anonyme sur les réseaux sociaux ». S’adressant à son tour à Mathilde il a apprécié qu’elle incarne Jeanne , “avec la douce fermeté et la persévérance de celle que vous représentez fièrement.”
Un coup de pouce pour le patrimoine de l’UNESCO
Le Premier ministre au micro devant la cathédrale. (c) Marie-Line Bonneau
Tant qu’à faire, l’occasion était bonne pour Olivier Carré de demander à son ami Edouard de donner le coup de pouce pour le classement des fêtes : « nul doute qu’après cette journée, vous aurez à cœur, Monsieur le Premier ministre, de soutenir leur inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, tant le rayonnement de Jeanne d’Arc est universel ». Croisons les doigts.
Jeanne d’Arc est la voix de la France et Orléans de tous temps a été au cœur de l’Histoire de France, pour le maire d’Orléans « le sort de notre ville s’est toujours trouvé mêlé à celui de notre pays », et il a ajouté, allusion à Emmanuel Macron président les fêtes ici en 2016 et accédant un an plus tard à l’Elysée, « celles et ceux qui veulent entreprendre réussissent ici ».
Comme chaque président des fêtes, Edouard Philippe dans son style sobre jusqu’à l’épure a troussé dans le portrait de Jeanne celui de notre pays : « elle appartient à tous. Elle et la France dans sa complexité, pays d’abîme et de firmament ».
Comment rendre hommage à Jeanne d’Arc morte pour la France sans évoquer de nos jours sous les applaudissements de la foule massée devant la cathédrale, l’image héroïque du Colonel Beltrame, et « aux soldats français là –bas à l’étranger et ici dans nos rues, qui risquent leur vie pour protéger les nôtres », a encore dit le Premier ministre.
Jeanne d’Arc pour rassembler
Rue Jeanne d’Arc dans la foule.
Après le premier de cordée de l’exécutif en 2016, Emmanuel Macron, c’est le deuxième de cordée, le Premier ministre, qui s’y est collé. C’est tout “bénéf” pour le maire d’Orléans qui veut ratisser très large aux municipales de 2020. Décidément il n’y a pas mieux que Jeanne d’Arc pour rassembler, jambe gauche, jambe droite.
Dans ce genre de fêtes populaire Edouard Philippe a un avantage, il sait prendre de la hauteur. Avec son 1,94 mètres, impossible de le rater au milieu de la foule. En revanche, rayon discours, le Premier ministre n’est pas dans les sommets, dans le registre du lyrique et de la dithyrambe. Il laisse les grandes envolées au patron.
Edouard Philippe, mieux qu’un “collaborateur” de Président, a pu tester à Orléans sa popularité ce 8 mai, fort maitenant de l’onction johannique et populaire orléanaise. Et pour un Premier ministre abonné à la sale besogne qui était encore lundi au charbon avec les cheminots,cette popularité, elle va plutôt bon train.
Ch.B