Samedi dernier, le chanteur et poète Gaël Faye a investi la grande salle de l’Astrolabe pour un concert qui affichait complet. Pendant deux heures, les spectateurs ont pu découvrir le monde de cet artiste touchant, qui allie le rap à la poésie. Et qui transforme un concert à Orléans en voyage au Burundi. C’est que Gaël Faye n’a pas été couronné “Révélation scène”, lors des dernières Victoires de la musique, pour rien !
Son dernier EP, Rythmes et botanique, est sorti le 14 avril, et Gaël Faye sillonne la France pour le présenter. En 2013, le public découvrait cet artiste atypique qui racontait son histoire personnelle dans son premier album, Pili pili sur un croissant au beurre. Mais c’est avec son premier roman, Petit pays, que l’écrivain-chanteur a définitivement conquis le cœur des gens, et des critiques aussi. Petit Pays a reçu en 2016 de nombreux prix littéraires dont le prestigieux Goncourt des lycéens. Ceux qui ont vu un Gaël Faye plutôt discret sur les plateaux de télévision ont eu la surprise de le découvrir tout en feu samedi soir ! « Comment ?! Mais il a écrit un livre, il devrait faire des concerts plus calme ! » s’amuse le rappeur, devant les airs surpris de quelques spectateurs.
C’est que Gaël Faye, c’est une boule d’énergie et de danse sur scène. Il bouge sans cesse, au rythme du piano et de la trompette qui l’accompagne, et lorsqu’il aborde des thèmes graves qui lui tiennent à cœur, on a même l’impression de le voir boxer sur scène, pour mieux combattre l’injustice et le cynisme actuel.
« Est-ce qu’il y a des idéalistes dans la salle ? » tempête-t-il en début de concert. Et devant les oui criés, il se réjouit : « Tant mieux, j’en suis un moi aussi ». Il fallait qu’il le soit, lui qui tapait sur son clavier toute la journée à la City à Londres, pour abandonner un monde qu’il n’aimait pas, et réaliser son rêve d’enfant : devenir artiste, chanteur et vivre de sa passion. Pari réussi aujourd’hui.
On a du mal à définir son style musical. Est-ce plutôt du rap ou du slam ? Ou encore du hip-hop ? C’est un peu tout à la fois et bien plus encore. C’est de la poésie chantée, de la dentelle de mots déroulée qui nous saisit à la gorge. Des fois, entre deux morceaux, Gaël récite dans le silence les paroles de ses chansons.
Grand, fin et le visage souriant, cet aède des temps modernes célèbre avant tout l’humain, dans un univers trop connecté. « Vivez le moment présent ce soir, et oui, je m’adresse à tous les appareils photo et portables devant moi ». Message reçu, les portables sont jetés au fond du sac pour le reste de la soirée, sans regret. Gaël Faye raconte ensuite son enfance au Burundi, sans écran, avec la chanson L’Ennui des après-midi sans fin. Né d’un père français et d’une mère rwandaise exilée au Burundi, il a grandi dans ce qui fut pour lui un paradis de l’enfance jusqu’à ses 11 ans, où il est envoyé en France pour fuir la guerre qui se propage. Il habite aujourd’hui à Kigali, au Rwanda, pays apaisé, avec sa femme et ses deux enfants.
Il chante un rythme tropical et samedi soir, avec la chaleur qu’il fait à Orléans, les spectateurs n’ont aucun mal à se mettre dans l’ambiance. Le chanteur profite d’une pause pour distribuer plusieurs bouteilles d’eau au public et parler avec ses plus jeunes fans, qui devant la scène sont tout sourire. Gabriel, petit garçon de 5 ans, en profite pour monter sur scène et enlacer son chanteur préféré. C’est d’ailleurs avec plusieurs enfants que se finit le concert, lorsque tous sur scène pour accompagner Gaël Faye, ils reprennent en chœur Pili pili sur un croissant au beurre. Les deux heures sont passées, minuit est presque là, mais personne n’a envie de partir. A l’Astrolabe samedi soir, on avait du mal à se dire au revoir avec Gaël Faye.
VM
https://www.youtube.com/watch?v=XTF2pwr8lYk : Petit pays, la chanson qui l’a fait connaître au public
https://www.youtube.com/watch?v=NY_NoXztk-U : Tôt le matin, premier extrait de son nouvel EP