Louis Buteau.
Coup de théâtre au début du conseil municipal du 23 avril : le maire de Blois Marc Gricourt – qui avait bien ménagé le suspens – a annoncé le retrait de la délégation de Louis Buteau, actuel adjoint au commerce et à l’artisanat. La décision devrait être entérinée lors d’un vote en conseil municipal le 22 mai prochain.
« Une décision que je ne prends pas de gaité de cœur » a déclaré le maire de Blois, « Elle fait suite à de nombreuses prises de position prises par Louis Buteau par voie de presse. C’est une décision prise à l’unanimité de mon groupe politique ». Marc Gricourt a précisé qu’il gardait « en direct le délégation concernant le commerce ». Louis Buteau avait quitté le PS en 2017 pour rejoindre La République en Marche. Plusieurs fois des secousses se sont faites ressentir, avec une remise en question de choix concernant le commerce de centre-ville – et de gros doutes sur le projet Saint-Vincent – mais l’intéressé n’avait pas démissionné de lui-même.
Paradoxe : c’est au cours du même conseil municipal qu’a été votée la feuille de route de la manager du commerce Amandine Billy, et la rallonge budgétaire (+ 12.000 €) pour l’association de commerçants “Les Vitrines de Blois” afin de pouvoir embaucher une animatrice du commerce…
Un maire. Une méthode. Des élections qui approchent…
À l’issue du Conseil municipal, l’intéressé s’est exprimé, un peu sonné il faut bien le dire par une décision qu’il a appris le soir-même en même temps que tout le monde : “C’est le premier acte de la campagne électorale”, a-t-il d’abord commenté. “Pour ce qui me concerne, c’est la stupéfaction. Je l’ai appris ce soir, en même temps que vous”. Sur la forme, Louis Buteau regrette la brutalité de cette décision, portée comme une estocade par Marc Gricourt qui visiblement était échaudé par ce “frondeur”. Louis Buteau aurait aimé “qu’il m’avise avant de le dire ce soir” (lire ce qu’en dis le maire ci-dessous). “Ce qui m’est reproché c’est d’avoir adhéré l’année dernière à LREM et d’avoir rejoint Emmanuel Macron”. Et un certain nombre de prises de positions, ou l’organisation d’un débat le 30 mai prochain sur l’avenir du commerce en centre-ville ? “Je ne vois pas ce qu’on me reproche, il s’agit de débattre, ce que j’ai toujours fait avec d’autres personnes sur le sujet en commission et au sein du conseil. On ne tient pas compte de ma fidélité… J’ai toujours voté les budgets, la vidéo surveillance etc. Je n’aurais jamais procédé comme ça… “. Autre paradoxe : il a voté favorablement la proposition de vœu contre la loi du 22 janvier dernier sur la programmation des finances publiques, contractualisation avec l’État du gouvernement… Édouard Philippe.
Plusieurs fois il lui a été demandé de démissionner, l’été dernier notamment et il y a 15 jours encore, ce qu’il a toujours refusé. Le retrait de cette délégation coïncide avec l’annonce d’une soirée débat-conférence organisée par LREM sur le thème “Cœur de ville-Blois : quel centre-ville voulons-nous ?” (1). La goutte d’eau dans les bottes déjà pleines du maire de Blois ?
La suite est un feuilleton qui ne fait que commencer, par deux actes : l’acte I vient de se dérouler dans l’arène du conseil municipal lundi 23 avril au soir, avec l’annonce du retrait de sa délégation. C’est la sanction, et vue la forme, une petite vengeance. L’acte II se déroulera le 22 mai, lors du prochain conseil qui sera appelé à voter pour entériner ou non la décision. Louis Buteau devrait sans surprise “redescendre” à l’échelon de conseiller municipal, sans aucune délégation.
Et Marc Gricourt de régner seul sur la délégation du commerce Blésois. Ironie de l’histoire : déjà, lors de la précédente mandature, il avait évincé en 2012 Malika Ghedjati, chargée elle aussi de cette délégation du commerce et de l’artisanat. Depuis, la situation du centre-ville commerçant ne s’est guère arrangée, avec pour seul espoir de sauvetage “l’extension commerciale” dite “carré Saint-Vincent”. Un maire, des méthodes, et bientôt des élections. L’été sera chaud…
F.Sabourin.
(1) Le 30 mai prochain à 19h15 à la ferme de Brisebarre (Blois). En présence d’Olivier Razemon auteur de Comment la France a tué ses villes ? (ed. Rue de l’Échiquier), Patrick Vignal député LREM de l’Hérault et Marc Fesneau, député MoDem de Loir-et-Cher.
Le maire de Blois affirme avoir prévenu Louis Buteau de ce qui allait lui arriverIl avait la tête d’un boxeur sonné, ou d’un élève viré du cours après avoir flirté avec la ligne jaune pendant des mois, Louis Buteau, à l’issue du conseil municipal. Visiblement il avait appris le soir même son éviction, sans sommation. Ce qu’il a confirmé devant les médias locaux présents au conseil.
Cependant, ce n’est pas tout à fait le même discours dans la bouche du maire lui-même : “Il a été informé depuis huit jours de cette décision en réunion dans mon bureau avec Yann Bourseguin (l’adjoint à la tranquillité publique et rapporteur du budget) et il fut informé du retrait de sa délégation une heure avant le conseil, confirmation faite la veille lorsqu’il m’a informé qu’il ne démissionnerait pas”, indique Marc Gricourt au lendemain du fameux conseil.
Aucun doute possible, nous sommes bien dans une affaire politique qui sonne le début du match dont l’issue se trouve en mars… 2020.