La délégation orléanaise qui arpente depuis ce lundi matin les rues de notre ville chinoise jumelle Yangzhou devra dès aujourd’hui prendre garde au nouveau site internet lancé ce dimanche par le gouvernement de la Chine Populaire permettant à tout bon citoyen de dénoncer directement ses proches ou ses voisins qu’il suspecte d'”activité subversive”, notion étendue dans la présentation du site (www.12339.gov.cn) aux tentatives de «renversement du système socialiste».
Page d'”accueil” du nouveau site
“Les forces étrangères hostiles”
En effet, au delà du voisin potentiel dissident, ce sont les «forces étrangères hostiles» qui justifient pour le gouvernement chinois la nécessité de faire de plus en plus appel aux citoyens pour récolter des informations que les informateurs pourront à présent fournir sur un formulaire en ligne, en donnant des précisions sur la nature du péril (espionnage, terrorisme, séparatisme, divulgation de secrets d’État, subversion) et sur le suspect (nom, nationalité et coordonnées). Evidemment, les informations utiles seront «récompensées».
Une nouvelle bande dessinée
Le site a été lancé à l’occasion de la Journée d’éducation à la sécurité nationale, organisée tous les 15 avril depuis 2016. Une bande dessinée intitulée Un ami qui avance masqué a également été présentée, afin d’appeler la population la vigilance contre «l’infiltration politique». Elle met en scène un Occidental faisant partie d’une ONG étrangère qui tente d’organiser des manifestations en Chine. Pour réaliser son odieux dessein, il corrompt un Chinois chargé d’inculquer à des ouvriers des «idées occidentales» en matière de droit du travail et de syndicats.
Mais heureusement, l’histoire se termine bien, du point de vue de Pékin: grâce à la vigilance d’un ouvrier – qui dénonce ces agissements par un appel téléphonique – le Chinois est arrêté, et l’Occidental, poursuivi par des menottes géantes, tente désespérément de s’enfuir…
Le régime communiste remet ainsi au goût du jour – en la perfectionnant grâce aux nouvelles technologies – une pratique de la dénonciation qui avait fait des ravages pendant la Révolution culturelle (1966-1976), sous Mao Tsé-toung. Et souvenons-nous qu’en 2015, la chaine Arte révélait dans un documentaire du journaliste allemand Hartmut Idzko que“pratiquement tous les produits chinois bon marché proviennent d’un camp de travail“.
Alors bon voyage aux influenceurs !
GP
Source: http://www.lefigaro.fr/