Quand la turbulence s’invite au menu, rien de tel qu’une vieille recette pour calmer les esprits. Emmanuel Macron vient de dégainer un plan de communication à la mode de ses prédécesseurs.
Emmanuel Macron lors de son interview en 2016 à Orléans.
Il a mis sur le feu deux grandes interviews : la première jeudi au 13 Heures de Jean-Pierre Pernaut sur TF1 qui fédère chaque jour, à l’heure de la pause déjeuner 5,4millions de téléspectateurs, essentiellement des seniors qui ces derniers temps ont mal au porte-monnaie. Dans la petite lucarne notre président va pouvoir mettre de l’onctuosité sur la mobilité, la limitation de vitesse, la fracture territoriale, les hôpitaux en mal de personnel, les ephads surmenés, les grèves perlées …. C’est de la ruralité, près de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) qu’il s’adressera à ces citoyens, de école de Berd’huis, un petit village de l’Orne. Mais Aie, Aie, il y a déjà eu un petit couac : L’Elysée ignorait que ce bâtiment dépendait d’une structure intercommunale et a engagé le dialogue avec le maire oubliant le président de l’intercommunalité. Un incident vite réparé.
Le second, dimanche soir sur BMFTV, se déroulera depuis le palais de Chaillot car le site Mediapart a refusé le décor du palais présidentiel face au tandem Bourdin-Plenel, le roi de l’interview musclée sur RMC-matin et le champion de l’investigation, fondateur du site Mediapart.
Les “vieux médias” restent de puissants relais
Force a été pour le président et ses conseils de constater l’échec de leur stratégie en communication. Les petits messages sur les réseaux sociaux ont fait long feu comme les échanges impromptus avec les citoyens. Les derniers sondages montrent que la côte présidentielle est en baisse, que l’avalanche de réformes tous les trois jours depuis des semaines donne le tournis au bon peuple de France. Alors il faut abandonner la rencontre intimiste pour passer à la parole solennelle, en deux rendez-vous très officiels pour que chacun prenne le temps d’écouter le propos présidentiel et de se pénétrer de sa justesse.
Quoi qu’en pense ordinairement le nouveau monde, les vieux medias restent de puissants relais, incontournables par gros temps lorsqu’il devient urgent de redresser la barre. Seul, aujourd’hui le capitaine peut intervenir car chacun sait qu’il est le maître à bord et que, en conséquence, son premier ministre et ses ministres ne possèdent pas une autorité suffisante pour influencer les débats.
Puisque l’opinion affiche résolument un décalage avec la politique gouvernementale, Emmanuel Macron monte au créneau pour dissiper le malentendu autrement dit faire « l’indispensable travail de pédagogie » qui ressemble beaucoup à une communication de crise. Les rendez-vous à la télé comme les deux de cette semaine sont un grand classique présidentiel. L’Elysée n’invente pas et agit bien qu’il ait juré sur ses grands dieux qu’il était différent, tout comme ceux qui l’ont précédé, lesquels ont, paraît-il, tout raté.
Emmanuel Macron fera-t-il une quelconque annonce ? Il y a peu de chance car il est persuadé de mener le pays sur la bonne voie et d’avoir raison. Ces deux interviews doivent juste servir à faire entrer la France dans la modernité avec de vieilles recettes maquillées en pédagogie.
F.C.