Des amis de Nicolas Vanier, Rock et Kathryn Boivin, un couple de trappeurs du Yukon, territoire canadien, en forme de triangle rectangle, voisin de l’Alaska, au climat polaire, aux hivers très longs et très froids, ont établi des liens très étroits avec le Solognot arpenteur du grand nord .
Rock, Kathryn et leur fils Ely sont en France pour promouvoir leur livre, « Rêves de Trappeur », un carnet de bord qui relate l’aventure du couple très uni qu’ils forment du début des années quatre-vingt à aujourd’hui dans ce territoire somptueux mais difficile où ils ont choisi de vivre et de donner un but à leur vie, portés par les mêmes rêves et la même quête d’absolu et de liberté.
Ce livre publié à l’initiative de Bernard Fixot et préfacé par Nicolas Vanier est le récit à deux voix d’un couple de coureurs des bois, non pas comme ceux d’autrefois, sorte de « pirates des forêts », mais en authentiques post soixante-huitards en quête « d’authenticité dans les rapports humains, du grand frisson dans l’immensité des glaces , de vie comme un trappeur, de chasse et de pêche, courir sur les pistes, naviguer sur les rivières, se sentir en accord avec la nature, avec la vérité des gens. Dans le grand froid, par moins quarante, qu’on soit riche, pauvre, indien, noir ou vert, on est tous sur un pied d’égalité ».
Le regard bleu de Rock ne triche pas, sa parole dit ce qu’il a vécu et le bonheur qu’il en a retiré au milieu d’immenses souffrances physiques et de grandes frayeurs. Cette vie choisie n’est pas sans risque car, quel que soit le siècle, le grand nord reste le grand nord avec ses immenses forêts enneigées, ses caribous, ses loups, ses grizzlys et ses moins 40° quotidiens en hiver. En un mot le grand nord se mérite et choisit ses rares élus.
Seul Rock aurait-il survécu, aurait-il triomphé de cet univers impitoyable ? Mais il y eut toujours près de lui Kathryn, sa moitié avec qui il a tout partagé d’égal à égale. Rock ne transige pas avec ce qui est pour lui une évidence et l’un des ciments de leur couple. Lorsqu’ils se sont rencontrés Kathryn gagnait sa vie en conduisant une pelleteuse dans une mine d’or.
C’était une très belle et forte femme sur laquelle le temps qui passe a eu très peu de prise. Par sa mère elle est issue des « Premières Nations » (pour nous Français des Indiens d’Amérique) et descend d’un grand chef des Indiens sheet-chestn. Ces deux âmes si semblables et si complémentaires se sont reconnues et, la main dans la main, ont répondu à l’appel de la forêt.
De cette passion commune, ces deux êtres singuliers ont fait une réussite dont témoigne leur livre. Il est à leur image, simple, naturel, dépourvu de grandiloquence mais non d’humour et de dérision. Il est le fruit d’une expérience commune menée avec opiniâtreté et l’amour sans faille d’une vie droite et simple. Il ne cherche pas à convaincre. Il dit c le grand nord tel qu’il est, les risques qu’on y court lorsqu’on s’y aventure et le bonheur sans équivalent qu’on peut y trouver. Rock et Kathryn prélèvent dans la nature l’essentiel de ce dont ils ont besoin pour vivre : du bois de chauffage pour bâtir leur « cabane », fabriquer leurs meubles, du gibier, des poissons, des fruits, des plantes pour se soigner. Ils éprouvent un grand respect et de l’admiration pour les chiens de traineau, Nicolas Vanier aussi. Malgré un emploi du temps promotionnel trouveront-ils le temps d’en parler en Sologne avec la chaleur qui anime les conversations entre vrais amis ? Ce n’est pas impossible.
Françoise Cariès
Trois questions à Rock Boivin
Mag’Centre : Comment avez-vous fait connaissance avec Nicolas Vanier ?
Rock Boivin: Lors du tournage du « Dernier Trappeur », le premier film de Nico. Je construisais une cabane pour les besoins du film quand il est arrivé chez nous. Avec Nico, nous nous sommes tout de suite compris, nous sommes de la même race, des vrais amoureux de la nature et des grands espaces. Nous éprouvons le même besoin de nous dépasser, de repousser les frontières, d’aller plus loin et encore plus loin si possible, nous sommes vite devenus amis. Avec mes chiens de traineau, j’ai doublé le héros du film. Norman Winther, dans certaines scènes acrobatiques, c’est moi.. J’en garde un très bon souvenir.
Mag’Centre : Vous avez également participé à son aventure sibérienne…
Rock Boivin : J’étais son pisteur dans sa traversée de la Sibérie d’est en ouest. J’étais en motoneige à plus de soixante kilomètres devant, je traçais sa route. Un enfer cette « slutch », mélange de neige et d’eau, on n’y voyait rien. Puis Nico a logé chez nous avec ses seize chiens pour s’entrainer à, la plus grande course de chiens de traineau, l’Iditarod.
Mag’Centre : Si vous parveniez à passer quelques jours chez Nicolas Vanier serait-ce votre premier séjour en Sologne ?
Rock Boivin : Non. Je m’y suis déjà rendu en revenant de Sibérie. Je connais Montrichard. Avec Nico nous y avons eu du bon temps, nous avons évoqué le Yukon, nos souvenir communs, nos chiens, la Yukon Quest cette course à laquelle notre fille Kyla a participé, elle est musheuse. Nous avons des projets car lui comme nous, nous sommes toujours tentés par l’aventure et les grands espaces où la magie est partout et où l’on se sent être.
Recueilli par F.C.

Rêves de trappeurs
Rock et Kathryn Boivin
Ixo éditions 300 pages 19,90 euros