Verra t-on un beau jour Mark Zuckerberg, le patron de Facebook dans le bureau d’un juge d’instruction français? Au hasard à Orléans. pour répondre par exemple des contenus haineux, racistes et antisémites diffusés ou relayés sur son réseau social (et ailleurs sur la toile) contre la Jeanne 2018 et Béatrice Odunlami en raison de leurs origines béninoises. Qui y croit? Qui s’imagine sérieusement que les milliardaires du net qui ne payent déjà pas leurs impôts en France ou dans les autres pays où ils raflent les revenus publicitaires, obéiront un jour à la loi sur la presse applicable dans notre pays?
Seul le Premier ministre en semble convaincu. Lundi il a présenté le nouveau plan de l’exécutif contre le racisme et l’antisémitisme. La loi française va être modifiée afin de “renforcer les obligations” de détection, de signalement et de suppression de contenus illicites sur internet, a t-il indiqué.
Comme annoncé par Emmanuel Macron début mars, la France va par ailleurs “se battre” pour un projet législatif au niveau européen contraignant les opérateurs du Net, et notamment les réseaux sociaux, à retirer très rapidement le “torrent de boue” des contenus “haineux, racistes ou antisémites”, a confirmé le Premier ministre lors d’un discours au Musée national de l’Histoire de l’immigration à Paris porte Dorée (12 ème).
Mais “sans attendre” l’aboutissement de ce chantier communautaire, la législation nationale va être modifiée. “Nous avons des marges de manœuvre. Des marges qui permettent de renforcer les obligations”, a assuré le chef du gouvernement.
Annoncé depuis des mois, ce deuxième plan (2018-2020) fait suite à un premier dispositif lancé dans un contexte de déferlement d’actes antisémites et antimusulmans après les attentats de janvier 2015.
Répondre aux lois de la République
“On ne me fera jamais croire que les réseaux sociaux seraient des espaces hors-sol. Pour moi, tout ce qui est publié et diffusé en France, est publié et diffusé en France. Et doit donc répondre aux lois de la République”, a souligné M. Philippe, flanqué de huit membres du gouvernement.
Chiche?
“Ce qui m’énerve, c’est que de nos jours, il semble plus facile de retirer la vidéo pirate d’un match de foot que des propos antisémites”, a-t-il insisté. Oubliant au passage tous les contenus qui choquent le puritanisme américain, comme la reproduction du tableau “L’origine du monde” de Gstave Courbet. Ou lorsque Magcentre avait été “blacklisté” par Google d’un de ses gestionnaires de pub au motif que nous avions publié une photo de footballeurs nus, présentée au Musée d’Orsay et qui avait donc été vue par des milliers de visiteurs et que le moteur de recherche avait considéré comme “pornographique”!
Une mission confiée à l’enseignant franco-algérien Karim Amellal, à la députée LREM Laetitia Avia et au vice-président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Gil Taïeb planchera sur ces modifications législatives.
Pistes envisagées: de lourdes amendes, comme en Allemagne, contre les réseaux sociaux qui ne retirent pas des propos haineux sous 24 heures, la “fermeture des comptes ayant diffusé de manière massive et répétée” des messages de haine. Ou encore “l’enquête sous pseudonyme” de cyber-enquêteurs sur les espaces de discussion en ligne.
Comme déjà évoquée par M. Philippe, la possibilité va être étudiée de permettre à un plaignant de qualifier lui-même le mobile raciste ou antisémite de son agression, comme au Royaume-Uni.
Enfin, sur le volet éducatif, le plan prévoit la création d’une “équipe nationale de réaction” afin d’assister enseignants et acteurs de terrain confrontés à des situations conflictuelles.
Ch.B (avec AFP).