Journal Orléans Concours #9
Maroussia Gentet cl Marie Line Bonneau
L’ovation fut unanime et légitime. A l’annonce du grand Prix Blanche Selva de la treizième édition du Concours International de piano d’Orléans, les applaudissement plus que nourris se sont follement élevés, ce dimanche soir , dans la salle Jean-Louis Barrault du Théâtre d’Orléans. Remarquable lauréate du Concours international de piano d’Orléans, cette très belle artiste plébiscitée qu’est Maroussia Gentet, celle qui aura enchanté, charmé, et captivé les mélomanes depuis le 8 mars dernier, aura donc, et ce n’est que justice, raflé non seulement le grand Prix Blanche Selva, mais aussi , excusez du peu, le Prix des étudiants du Conservatoire, le Prix André Jolivet, ainsi que les Prix Albert Roussel, Ricardo Vines et Sacem. Maroussia Gentet aura également reçu des mains de Nathalie Kerrien, ajointe au maire d’Orléans chargée des affaires culturelles, la médaille de la ville d’Orléans.
Une tellurique et charnelle création d’Hector Parra
Lors de la longue et intense finale publique de ce dimanche, Maroussia Gentet fit avant tout merveille dans l’interprétation, donnée par ses soins en création mondiale, de la tellurique pièce d’Hector Parra, “Au cœur de l’oblique”, œuvre imposée et commande officielle du Concours. A nouveau, la jeune pianiste française fait merveille en conjuguant l’intime et le feu couvé. Avec une virtuosité et un don de soi absolu, spirituel et charnel, cette interprète semble charmer la lave de cette très belle œuvre saisissante, percutante et aux sonorités de cordes gutturales.
Avec un jeu haletant, Maroussia Gentet dompte cette écriture et fait corps avec elle. Tout est ici affaire de sortilège et d’une interprétation qui n’en finit jamais de tutoyer et de questionner la musique, dialoguant furtivement avec la moindre surprise de l’écriture.
Maroussia Gentet cl Marie Line Bonneau
Peu après la remise des prix, cette artiste, s’affirmant extrêmement “touchée” par tous ces honneurs, revient sur son bonheur de s’être lancé au prix d’un immense et difficile travail, dans la compréhension de la composition d’Hector Parra, cette puissante architecture “colossale”, d’une dimension résolument “inhumaine”, “minérale”, et qui invite à une “respiration” de la Terre .
Et Maroussias Gentet d’évoquer le travail de tout le corps que nécessite cette pièce “monstrueuse et qui submerge tant.” Heureuse et modeste lorsqu’on lui parle de la beauté de son programme proposé dès les premières heures des éliminatoires, Maroussia Gentet parle avant tout de son désir de servir l’œuvre de compositeurs soucieux d’inviter au champ perceptif inépuisable, à l’harmonie cristalline. Ils sont en fait ceux qui “captent des particules de lumières”, ou même cette résonance éternelle qui veille derrière, selon elle, la peinture de Rothko.
Bref, Maroussia Gentet, magnifique artiste, va présider, avec l’art et le verbe, à la renommée d’un concours qu’elle a enchanté avec une âme, une dramaturgie pudique et une virtuosité absolue d’authenticité.
De remarquables virtuoses aussi récompensés
Au terme de ce dimanche, on ne peut aussi que saluer le jeu de Jyconjun Jo dans le “El Amor y la Muerte”, de Granados, pièce inspirée, d’une profondeur émouvante, véritable temps suspendu à la poignante délicatesse et, sans nul doute, l’une des plus belles déclarations d’amour à la vie et à ses soubresauts de ce concours 2018. Beau lauréat de cette manifestation, Hyeonjun Jo aura quant à lui reçu les Prix Chevillon-Bonnaud, Alberto Ginastera, Isang Yun.
Hyeonjun Jo cl Marie Line Bonneau
Convaincante participation , enfin, de la pianiste japonaise , qui aura brillé par sa présence et son assurance dans l’interprétation définitivement accomplie de “Arpège”, œuvre de Donatoni donnée avec l’impeccable emdi ensemble ditigé par Yoichi Sugiyama. Au terme de cette finale, Miharu Ogura, chaleureusement applaudie par le public, aura reçu des mains du jury présidé par Hie-Yon Choi , les Prix Edison Denisov, Claude Elfer, la bourse Foyer Joyeux, la Bourse en mémoire de Franco Donatoni, et le Prix Chevillon Bonnaud ex-aequo avec Hyeconjun Jo.
Miharu Ogura cl Marie Line Bonneau
De belle allure, la cérémonie de clôture de cette belle édition dont Isabella Vasilotta , directrice artistique, musicologue et pédagogue, a été la grande et performante cheville ouvrière, a bénéficié de l’a-propos culturel soucieux de l’œuvre collective, d’Eric Denut, président d’Orléans Concours International. A l’heure de brillants remerciements, ce dernier aura tenu à sensiblement rendre hommage à Françoise Thinat, présidente honoraire et fondatrice du Concours.
C’est ainsi que toute une salle composée du public, de jurés, de candidats, de musiciens, de toute l’équipe du concours et de partenaires économiques du festival, a tenu à lui adresser une standing ovation avant qu’elle ne prenne la parole, terriblement émue, pour remercier généreusement bon nombre de participants d’une belle et grande aventure, humaine et musicale.
Jean-Dominique Burtin.
Photos: Marie-Line Bonneau.
Aussi au palmarès
Julien Blanc: PrixMaurice Ohana.
Jahye Euh: Prix Boucourechliev.
Kyrill Zvegintsov: Prix Samson François.
A noter: le Prix Olivier Greif n’a pas été attribué.
Mention spéciale: au vieux Steinway du Théâtre qui, trop sollicité par l’interprétation de “Au cœur de l’oblique”, a perdu une corde aiguë et a du passer la main, dès le second candidat, à un piano plus jeune, Plan B heureusement prévu et assuré.
cl Marie Line Bonneau