Coups de mentons et démonstrations de biceps n’auront pas suffis : le gouvernement a révélé son projet de réforme de l’apprentissage, peu favorable aux propositions des Régions. Pour la première fois depuis 30 ans, une compétence décentralisée et pilotée par les Régions sera assez largement recentralisée, en contradiction avec la volonté affichée du gouvernement de conclure un « pacte girondin » avec les collectivités locales dont les Régions. Pour les présidents de Région, le compte n’y est pas pour répondre sur tous les territoires aux besoins et au maintien du développement de l’apprentissage.
Vers des fractures territoriales ?
Selon les présidents de Régions, dont François Bonneau président de Centre-Val de Loire, tès actif dans les négociations avec Hervé Morin, “le risque est grand de voir de véritables fractures territoriales dans l’accès à l’apprentissage entre les zones métropolitaines et non métropolitaines (en zone rurale, en zone de montagne, dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville)”. L’autre point de tension selon eux concernerait “la complexité engendrée par ce dispositif avec près de 700 branches différentes en responsabilité”. Enfin, les présidents de régions craignent “le risque de fragilisation des CFA interprofessionnels, des formations transverses ou encore l’absence de moyens pour poursuivre le développement de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur et la fonction publique”.
Alors maintenant, que faire ? On avait pourtant entendu ronfler les présidents de régions lors du congrès de septembre dernier où ils firent grand coup d’éclat en claquant les portes sur l’air du “retenez-nous ou on fait un malheur”. Puis l’automne est passé, et ils avaient réintégré la conférence des territoires, mais c’était promis, sur l’apprentissage et les CFA, on allait voir ce qu’on allait voir.
“Dans l’attente du dépôt du texte par le Gouvernement, avec les autres acteurs de terrain de l’apprentissage, les Régions seront donc extrêmement vigilantes et elles continueront de porter leurs propositions pour une véritable réforme :– une transformation de l’orientation et de l’information de nos jeunes effectivement confiée aux Régions ;
– un copilotage avec les branches mais avec une véritable régulation publique pour soutenir les formations transverses et les territoires les plus fragiles et éviter les concurrences entre voies de formation ;
– un choc de simplification sur les normes pesant sur les entreprises”, expriment-elles dans l’attente du texte définitif.
Finalement, après les 450 M€ de dotations sucrés aux Régions c’est une nouvelle fois le Gouvernement d’Édouard Philippe qui s’apprête à l’emporter… A l’aube d’une semaine où la Région Centre-Val de Loire va se réunir en session plénière le 22 février, il serait étonnant qu’on entende pas mugir du fond de nos campagnes ces féroces soldats…