D’une direction à fleurets mouchetés, Simon Proust, chef invité, ouvre ce samedi 10 février, au Théâtre d’Orléans, grande salle Touchard, le concert de l’Orchestre Symphonique d’Orléans devant quelque neuf cents spectateurs. Place tout d’abord aux Danses Roumaines de Bela Bartok, palette musicale, prisme chatoyant allant du langoureux au sautillant, œuvre ou l’archet du premier violon, Gilles Lefevre, répond au feu d’une baguette qui n’a de cesse de danser avec la flamme de l’orchestre.

cl Marie Line Bonneau
Et puis voici l’élégant et frêle Takuya Otaki, grand lauréat du douzième Concours international de piano d’Orléans qui s’éprend, magistralement, du troisième Concerto pour piano et orchestre en mi majeur, de Bela Bartok.
Une radieuse osmose
Au premier miroitement des cordes répond immédiatement le pianiste qui épouse la masse mouvante orchestrale, puis dialogue avec elle en de lumineux flux emplis d’intensité et de parenthèses éthérées.
Faisant montre d’un lyrisme empli de pudeur, d’un feu de douceur aigu, d’un martellement éthéré teinté de mélancolie, Takuya Otaki, pianiste orchestral , engage avec chaque pupitre et un chef en radieuse osmose, un discours qui n’a de cesse d’aller crescendo et de fructifier.
Ici, sans cesse, le souffle de l’interprétation attise la braise d’une partition aux tourments abstraits et aux bourrasques brillantes où le folklore se teinte d’éternel contemporain.
Au terme de ces instants d’une chaleureuse et grande rareté offerts par le soliste , l’orchestre et son chef , salués de belle manière par l’enthousiasme du public, Takuya Otaki donne un bis, plein de fraîcheur et d’une céleste mélancolie, à savoir ce Chant populaire hongrois, ritournelle de douces caresses effervescentes figurant sur son récent CD consacré à Bartok et dédicacé de manière attentive à la pause.
Pur bonheur musical
Dès la seconde partie du concert, Simon Proust révèle les riches heures d’une nouvelle belle page, à savoir la Symphonie n°1 en do majeur , de Beethoven. Une fois encore, ses mains affleurent limpidement à l’art de tout un orchestre enchanté de s’écouter comme de se livrer et de répondre aux intentions de ce chef avec lequel il partage une émouvante comme talentueuse admiration pour le grand maître commun que fut Jean-Marc Cochereau.
Jouvence enfin avec les Danses de Galanta pour orchestre, de Zoltan Kodaly.
Ici, voici l’émouvante présence d’un chant de clarinette offert par Olivier Petit qui vient nous rappeler que cet orchestre, qui a fait âme avec Takuya Otaki et Simon Proust, est composé de nombreux solistes de premier plan. Tous étaient ce samedi réunis avec une précision d’enfer, synonyme de minimalisme paradisiaque et de douce comme festive éloquence. Pour un grand, très grand bonheur musical. Fruit d’une magnifique communion en répétition.
Jean-Dominique Burtin.
Photos: Marie-Line Bonneau.

Takuya Otaki cl Marie Line Bonneau