Avant de s’adresser aux Corse, à Bastia, le chef de l’Etat avait exigé le décor qu’il souhaitait : point de drapeaux corses derrière lui mais six drapeaux français associés à autant de drapeaux européens. Puis, dans ce cadre par lui défini, à sa manière très doctorale, Emmanuel Macron a infligé une leçon républicaine aux Corses et aux élus qu’ils ont choisis pour les représenter.
Des concessions attendues il n’a point été question. Après avoir réaffirmé « l’union indéfectible entre la France et la Corse », il a dit oui à une mention de la Corse dans la Constitution mais non à la co-officialité de la langue corse, non au statut de résident pour l’acquisition du foncier et non à l’amnistie des prisonniers.
Identité corse pourquoi pas ? Mais dans la bouche du chef de l’Etat le mot identité ne recouvre pas le même concept que celui des élus nationalistes. Pour lui, l’inscription dans la constitution n’est pas une réponse aux questions et aux problèmes très concrets (logement, chômage) qui agitent les habitants de l’île. Et de leur rappeler, dans la foulée qu’il y avait eu depuis 1982, quatre statuts successifs les concernant sans que la question corse soit réglée. « Je ne vous encouragerai pas à croire que cela soit la mère des batailles », a-t-il prévenu sans aller jusqu’à dire explicitement que l’inscription dans la constitution ne changerait rien à la situation de l’île.
Le “rendez-vous manqué” des dirigeants corses
Jacqueline Gourault.
En filigrane il invitait son auditoire à commencer par balayer devant sa porte, en leur rappelant pour finir qu’ils jouissaient d’ores et déjà de compétences supérieures à n’importe qu’elle collectivité hexagonale. Et qu’ils gagneraient beaucoup en commençant à les exercer avant d’en réclamer de nouvelles
Mais n’est-ce pas justement, en partie, derrière ces réclamations nouvelles non obtenues que les responsables de l’exécutif corse songent à s’abriter devant ceux qui les ont portés au pouvoir tant leur semble difficiles à faire entre dans une pleine réalité certaines politiques sociales. Si ce refus peut agir comme un parapluie dans le futur, il n’en reste pas moins que la déception est grande chez Mrs Siméoni et Talamoni, respectivement président du Conseil exécutif et de l’Assemblée de Corse. Ils évoquent « un rendez-vous manqué » mais Jacqueline Gourault promue Mme Corse affirme que « le dialogue n’est pas rompu ».
F.C.