Il s’est mis en congé de LR...jusqu’aux élections européennes. Juppéiste affirmé, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Dominique Bussereau était samedi à Orléans à l’invitation du Conseil départemental et de Marc Gaudet. Il a répondu aux questions d’actualité de Magcentre. Dominique Bussereau ne ménage pas Laurent Wauquiez mais affirme son soutient à Jean-Pierre Door (LR) candidat aux législatives partielles du Loiret les 18 et 25 mars prochains. Interview.
Magcentre – Dominique Bussereau, vous êtes en congé de LR, quelle est votre analyse, vous l’homme des départements, sur l’attitude de Laurent Wauquiez qui s’est présenté jeudi soir sur France 2, comme le représentant de la France des territoires ?
Dominique Bussereau: Etant en congé de LR, je n’ai pas suivi cette émission, il y avait un excellent film policier sur une autre chaîne… Ma position est très claire: je trouve que LR s’est mis dans une situation d’opposition systématique au Président de la République que je n’aime pas. Elle dessert l’opposition républicaine. D’autre part, Laurent Wauquiez fait preuve d’un fort euroscepticisme, or moi je suis rentré en politique par Giscard pour l’Europe. Et je trouve que LR va trop chercher les mêmes thèmes que le Front national.
– Sur l’immigration en particulier ?
Oui, mais pas seulement. Cette course à l’échalote avec le FN ne me plait pas.
– Et sa défense des zones rurales et des territoires vous qui êtes présidents des départements de France ?
L’opposition ville-campagne a toujours existé dans le discours politique, portée par les uns et par les autres, Laurent Wauquiez est président de la région Auvergne-Rhône-Alpes avec Lyon deuxième métropole française, donc je trouve cela artificiel. Qu’il faille défendre les départements ruraux, qu’il y ait chez le Président de la République un certain tropisme vers les grandes métropoles européennes et internationales, c’est exact. Mais faire de Macron –et je ne suis pas à En Marche- le Président des villes contre la France rurale, je trouve que c’est un peu simpliste. Même s’il y a parfois dans les discours du Président et du Premier ministre, des aspects un peu “recentralisateur”.
– Des départements qui souffrent que leur conseillez-vous ?
Les départements comme les autres collectivités souffrent des baisses de dotation de l’Etat. De plus, nous avons des charges que l’Etat nous transfère sans nous les compenser. Deux dossiers en ce début d’année, celui des mineurs non accompagnés. Nous avons eu un flux l’an passé de 50 000 dont plus de 20 000 sont restés dans les départements. L’état nous confie des garçons, qui sont mineurs ou pas, qui arrivent d’Afghanistan ou d’autres pays en guerre, et que l’on doit accueillir avec les mineurs de l’aide sociale à l’enfance. Or, l’Etat ne nous compense que quelques jours par an pour leur séjour. Cela pose des problèmes sociaux aux éducateurs et des problèmes financiers.
Va sortir dans quelques jours un rapport commandé par le Premier ministre et par moi, qui va faire un point de la situation, et l’Etat devrait annoncer une prise en charge supplémentaire de ces mineurs. C’est une situation qui est liée aux problèmes migratoires, ces jeunes passent par la Libye et des pays d’Afrique où ils ont exploités, voire violés, réduits à l’esclavage.
Deuxième dossier plus structurel, les allocations de solidarité, le RSA, l’APA et le handicap, tout cela réuni fait environ douze milliards d’euros et l’Etat ne nous en finance que la moitié. Ce sont des sommes que nous versons au nom de la solidarité nationale. Là aussi, nous sommes en négociation pour que l’Etat ne se débarrasse plus sur nous…Il faut que l’Etat reprenne une partie supérieure du financement. Nous ne signerons pas les contrats que l’Etat demande aux 340 collectivités françaises, départements, intercommunalités, régions, tant que dans nos dépenses, nous aurons des dépenses faites pour le compte de l’Etat.
– Croyez-vous toujours à l’avenir des départements ?
Plus que jamais…Je suis dans une région la Nouvelle Aquitaine, 4,5 millions d’habitants, grande comme l’Autriche, certaines villes dans la Creuse ou la Corrèze, le bord des Deux Sèvres, sont à 3- 400 km de la capitale régionale Bordeaux. Jamais le maire de ces contrées ne rencontrera le président de Région. C’est le département qui assure la solidarité sociale et financière. La récente réforme régionale a conforté les départements. Par contre, sur les métropoles on peut s’interroger sur leur trop grand nombre. Par amitié pour Serge Grouard, Olivier Carré et les députés d’Indre-et-Loire -je suis né à Tours- j’ai voté en me bouchant les oreilles et le nez lors de la réforme des métropoles. Mais en région Centre il y a Orléans et Tours, on a échappé à Romorantin, à Dreux, Pithiviers, à Loches et Argenton-sur-Creuse…On a fait beaucoup trop de métropoles…
Pour vous c’était Orléans ou Tours ?
J’ai vécu toute mon enfance le débat entre Orléans et Tours, je n’ai pas l’intention de le reprendre, surtout maintenant que je suis président de Charente-Maritime…Il ne devrait y avoir que 4 ou 5 métropoles à l’échelle européenne. S’il y a une volonté commune du département et de la métropole pour ne former qu’une entité, pourquoi pas. Mai pas question que ce soit l’Etat qui’ l’impose. Si à Marseille par exemple, il existe une volonté commune pourquoi pas ? Mais si c’est le préfet qui vient dire “je supprime le département”, il n’en n’est pas question.
– Le Loiret va connaitre une législative partielle après l’annulation de l’élection de Jean-Pierre Door (LR) en juin, il se représente, le soutenez-vous ?
Je n’ai que de bons souvenirs avec Jean-Pierre Door. Quand j’étais ministre de l’Agriculture, je suis venu dans sa circonscription régler un certain nombre de problèmes, on a créé des choses ensemble, j’ai été bluffé à l’Assemblée par sa connaissance des questions sociales et médicales, dont il est l’un des meilleurs spécialistes…
– Donc vous le soutenez ?
Bien évidemment, même si je suis en congé de LR, Jean-Pierre est un ami, j’ai apprécié son travail et je dirais la même chose d’un député d’une autre tendance si j’avais apprécié son boulot. C’est un excellent député et pas seulement quelqu’un qui s’occupe de sa circonscription, il est porteur de dossiers qu’il maîtrise parfaitement et sur le social et le médical, à l’Assemblée il n’y en a pas tant que ça
– Votre position ne va pas dans le sens d’un rajeunissement des Parlementaires ?
On peut être jeune et con, et vieux et intelligent…Ou l’inverse.
Propos recueillis par Ch.B