Alors que la Haute Autorité pour la Transparence de la vie Publique (HATVP) venait de dévoiler le train de vie de ses ministres, Emmanuel Macron en a profité, ce week-end, pour montrer à toutes et à tous, son patrimoine immobilier. Enfin celui de la République. A sa famille, il a fait visiter le bijou de la Renaissance et du Loir-et-Cher, Chambord, qui fêtera ses 500 ans en 2019. Dans la foulée, dimanche soir, il a fait voir à Laurent Delahousse son logement ordinaire parisien, l’Elysée, presque pièce par pièce, avec ses deux bureaux, l’officiel et le bordélique, et même l’escalier où il a évoqué le mystère de la disparition des portraits de ses prédécesseurs.
André Joly (maire de Chambord) et François Hollande.
La région Centre-Val de Loire a vécu deux événements de portée nationale ce dernier week-end : d’une part, l’élection de Miss France sous les projecteurs de TF1 à Châteauroux. D’autre part et, sans transition, le couronnement, le sacre d’Emmanuel Macron qui a fêté ses 40 ans à Chambord. Oui le sacre, non pas pour reprendre les propos de Jean-Luc Mélenchon sur “la monarchie présidentielle”, tellement ressassés que le leader de la France Insoumise aurait pu en faire l’économie. Mais parce que Chambord est un passage obligé pour un président de la
Georges Pompidou à Chambord. @Institut Georges Pompidou.
République. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs rappelé, Chambord, « une vraie histoire républicaine ».
Imaginé et voulu par François 1er, et sans doute, mais on n’en n’est pas sûr, œuvre du génial Léonard de Vinci, un bel exemple de coopération franco-italienne, le château et le domaine de Chambord, avec ses 32 km de mur d’enceinte en pierres, ses 365 cheminées, ses 440 pièces et son escalier à double révolution, appartient à l’Etat, toute la commune de Chambord aussi. Déjà, mettons les choses au point, Emmanuel Macron n’a pas séjourné avec sa famille à Chambord comme l’a indiqué la presse nationale: le château n’a jamais logé personne, pas plus le président de la République, qui a loué un gite proche du château pour 800 euros payés sur ses deniers, que les hôtes de la France qui ont pu fréquenter les lieux par le passé.
Le prestige des chasses présidentielles
Longtemps Chambord a servi sous couvert de chasses présidentielles à soigner les hôtes illustres de la France. Emmanuel Macron semble bien décidé à revenir à une tradition gaullienne du prestige et de la diplomatie des battues présidentielles. Chasseurs ou pas, tous les présidents de la République ont fait le voyage à Chambord. Pompidou que l’on voit sur les photos d’archives, clope au bec et jovial devant une brochette de sangliers sanguinolents, était le plus apprécié des gardes-chasse. Quant à François Hollande avec son patronyme qui fleure bon la tulipe, côté cour pas grand chose, mais côté jardin, il s’est contenté d’inaugurer les nouveaux jardins à la Française, payé… par un étranger.
Giscard n’y tirait pas que des sangliers…
Valérie Giscard d’Estaing au château de Gien., avec le maire de la ville, Christian Bouleau.
Mais le président le plus assidu à Chambord fut bien sûr Valéry Giscard d’Estaing qu’on ne dérangeait sous aucun prétexte, lorsqu’il chassait. Giscard qui a inauguré récemment le nouveau Musée de la chasse au château de Gien, ne tirait -si l’on en croit les anciens propriétaires de l’hôtel Saint-Michel qui faisait face au château- pas uniquement des sangliers à Chambord…Mitterrand qui n’était pas chasseur et qui laissait ça à François De Grossouvre, y reçut Helmut Kohl, en 1987, pour un mémorable sommet. Avant d’entraîner dans un pavillon de chasse, une petite escouade de journalistes pour un dialogue à bâton rompu au coin du feu, une séance de câlinotérapie dont il avait le secret, et que certains ont encore gravé en mémoire.
Dimanche, Emmanuel Macron et toute la petite famille en ont profité pour aller faire un saut à Beauval. Le zoo de la diplomatie panda, complémentaire de la diplomatie sanglier de Chambord. L’un public, l’autre privé, les deux sites touristiques les plus fréquentés de la région Centre-Val de Loire, Chambord et Beauval, bénéficieront sans doute de l’effet Macron. Jean Luc Mélenchon aurait-il préféré que le Président fête Noël et son anniversaire à Disneyland ?
Ch.B