L’élection du nouveau président du parti Les Républicains aura lieu ce dimanche et le suivant si un second tour est nécessaire. Le vote se fera par scrutin électronique comme en a décidé, à la quasi-unanimité, le bureau politique de LR en juillet dernier. Sans adversaire de poids, Laurent Wauquiez devrait être élu, peut-être dès le premier tour. Aucun ténor de la droite n’a décidé de venir croiser le fer avec le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Seuls, deux candidats inconnus du grand public, Florence Portelli et Maël de Calan tentent leur chance sans grande illusion.

Laurent Wauquiez (LR).
Si l’issue du vote ne fait guère de doute, le niveau de la participation suscite des inquiétudes. Lors de la dernière élection à la présidence du parti, qui s’appelait encore UMP, 54% des adhérents avaient voté pour départager Nicolas Sarkozy, Hervé Mariton et Bruno Le Maire, soit un peu plus de 155 000 personnes. Cette fois, il n’est même pas sûr que la barre des 30% soit atteinte. Les cadres de l’appareil espèrent entre 60 000 et 80 000 votes, alors que le parti compte un peu plus de 230 000 adhérents. « Ce chiffre est un trompe-l’œil puisque tous ne sont pas actifs en ce moment. Si l’on arrive à la moitié du chiffre de 2014, ce sera vraiment bien. Mais nous imaginons plutôt 50 000 participants…Ce sera de toute façon mieux que les 300 personnes qui ont levé la main pour élire Christophe Castaner à la tête du parti d’Emmanuel Macron », tacle Geoffroy Didier, directeur de campagne de Laurent Wauquiez.
La faute à Wauquiez ?
Pour beaucoup d’adhérents l’élection est jouée d’avance. L’organisation d’un débat aurait pu créer une dynamique électorale mais celui-ci n’a pas eu lieu. Laurent Wauquiez a refusé de se prêter à l’exercice. Il n’avait rien à y gagner. Contredit par ses adversaires ou mis en difficulté, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes aurait pu se trouver médiatiquement affaibli. Cependant, une victoire décrochée avec une mobilisation historiquement faible n’est pas le meilleur tremplin pour commencer son mandat à la tête d’un parti qui a l’ambition d’être la première force d’opposition capable de préparer une alternance en 2022.
Laurent Wauquiez n’ignore pas qu’une faible participation fragilisera le leadership dont il aura besoin pour remettre en ordre de marche sa famille politique. Tenant d’une « droite assumée », il va devoir rassembler un parti fortement divisé et déboussolé par ses échecs électoraux récents.
L’avenir en ligne de mire
A la veille du vote, selon plusieurs sondages, Florence Portelli ancienne porte-parole de François Fillon pour la présidentielle arrivera en deuxième position. Maël de Calan qui, contrairement à Florence Portelli n’a jamais affirmé qu’il allait l’emporter, vient de recevoir le soutien appuyé d’Alain Juppé. Le maire de Bordeaux, opposé à la ligne Wauquiez, avait pourtant dit qu’il ne se mêlerait pas de cette élection. Or le score du jeune conseiller départemental du Finistère, battu aux législatives par une LER peut avoir des conséquences sur l’avenir de la droite ouverte, écartelée entre un ralliement au président de la République et une participation active à la recomposition de la famille. « Nous ne sommes pas les derniers des Mohicans car nos idées sont majoritaires dans l’électorat. Si je fais 15% nous pouvons peser le double dans trois ans », déclare pragmatique le benjamin de cette élection.
Les représentants de la droite modérée au sein de LR, forts de leur expérience et de leur situation de grands élus, Alain Juppé, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Christian Estrosi qui n’excluent pas de partir à terme en cas de débâcle, espèrent qu’à minima un 10% de Maël de Calan obligera Laurent Wauquiez à leur offrir des postes non négligeables. Ils ont déjà les élections européennes de 2019 en ligne de mire et la construction d’un grand mouvement du centre à cet effet. De leur côté, Laurent Wauquiez et les siens voient d’un assez bon œil la campagne de Maël de Calan qui contribuera non seulement à la diversité du parti mais aussi , pourquoi pas, à la le neutralisation de ce bébé Juppé.
F.C.