Gérard Depardieu ! Le sage du Berry

Il y a un peu de Cyrano, de Raspoutine, de Jean de Florette et surtout du paysan du Berry chez Gérard Depardieu. Il est l’un des plus grands acteurs français et le fils de Dédé et de La Lilette, un petit gars de Châteauroux dont, avec l’âge, le physique ressemble de plus en plus aux vieux Berrichons usés par le travail et quelques excès que l’on croise dans les champs.
Ils vont le pas mesuré, l’œil exercé, goûtant le silence de la campagne et les joies de leur vie à taille humaine. Gégé, le fort en gueule,s’est bâti un destin hors du commun, film culte après film culte : « Les Valseuses, Buffet froid, Le Dernier Métro, Cyrano…. » pour ne citer qu’eux mais derrière les embardées qui secouent les bien-pensants et les politiquement corrects, le sage du Berry veille.

En ce moment comme bien souvent, ce monstre sacré s’active sur plusieurs fronts. Tous les soirs au Cirque d’hiver à Paris, il reprend « Depardieu chante Barbara » et publie un livre très personnel « Monstre », dans lequel il expose sa philosophie.

Etre soi-même et toujours désirer

Phrase après phrase comme autant de maximes, cet amoureux de la vie que l’âge contraint mais qui ne se « laisse saisir ni par la douleur ni par la mort », raconte son histoire, dresse son portrait du moins tel qu’il se voit, explique ses choix, brosse son nouveau quotidien.Plus lui que lui.

Sans détour, avec la gouaille qu’on lui connaît, avec un sens inné de la poésie et de la valeur des mots, il revendique « son droit à la connerie… Je suis assez franc pour le dire. A partir du moment où on se fait chier, vous n’allez pas continuer à vous faire chier. Donc je vais ailleurs ». C’est déjà évoquer ses relations avec les Français et la France. Mesuré mais ferme, « Les Français je les aime beaucoup. Mais je les vois et je me rends compte qu’ils sont de plus en plus tristes. Mais les Français ne sont pas ma préoccupation principale. C’est moi…. Il devient de plus en plus compromettant d’être soi-même, de ne pas être comme tout le monde», dit-il avant d’ajouter un peu plus loin, « ce que je ne supporte pas, et c’est pour ça que ce pays m’emmerde ».

Faire sortir les monstres

Apaisé, le comédien demande pardon à ses enfants, à Guillaume qu’il compare à Rimbaud. Devenu maître es-mots, lui qui longtemps en a manqué, il fait la louange du silence : « Je sais ce qu’on gagne avec les mots mais aussi ce que l’on perd. Il faut ressentir le silence avant les mots, lui laisser le temps d’éclore ». Il lit essentiellement des grands textes religieux dans lesquels il trouve une forme de « purification ».

Puis, il conclue en résumant qui il est par une métaphore qui justifie le titre de son livre : « J’ai connu un potier dans le Berry : quand ça le faisait chier de faire des assiettes, toujours les mêmes, il prenait sa terre et il faisait un monstre. Un énorme monstre. En terre cuite. Et il disait : »Je fais ça parce qu’il faut que ça sorte ! J’en ai plein comme ça à l’intérieur de moi ! » Il avait raison. Il faut laisser sortir ses monstres, si on ne veut pas que ce soient eux qui nous bouffent ».

Un livre, léger et tendre, plein de profondeur, à lire jour après jour comme le recueil de pensées qu’il est.

F.C.

«  Monstre »  Gérard Depardieu

ed Cherche Midi  212 pages 18 euros

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 7°C
    • après midi 18°C
  • vendredi
    • matin 7°C
    • après midi 20°C
Copyright © MagCentre 2012-2025