“C’est un rural urbano-compatible, alors que j’ai été un rurbain, ruralo compatible”. Hugues Saury en transmettant le témoin lundi à Marc Gaudet, le nouveau président du département, a bien cerné ce changement dans la continuité. Entre le pharmacien d’Olivet la banlieue chic d’Orléans et l’agriculteur d’Ascoux près de Pithiviers, il pourrait y avoir tout un monde. En fait ce sera le changement dans la continuité. A l’heure où, si l’on caricature un peu, les régions et les métropoles seraient la France connectée par rapport au département qui représenterait la France rurale, celle qui se sent parfois larguée, socialement en bord du chemin, Marc Gaudet tombe à pic.
Confirmation auprès d’un de ses potes, un très poche du nouveau président: “c’est un type simple, proche des gens, à leur écoute“. Thierry, l’homme qui porte ce regard sur le nouveau président du département, n’est pas un politique à la recherche d’un fauteuil. C’est un de ses proches de là -haut du Pithiverais, là où Marc Gaudet a enraciné sa vie et sa carrière politique. “Lorsqu’on fait la foire aux gras en septembre, j’ai rarement entendu dire du mal de lui. ” “D’ailleurs ils sont nombreux à regretter qu’il ait du rendre son écharpe de maire“. Ascoux un peu plus de 1 000 citoyens, c’est là où tout a commencé. Marc Gaudet a toujours eu les mains dans la glaise. Au propre comme au figuré.
Dans le sillage de Fernand Gaudet
Tout petit il accompagnait déjà son père, non seulement sur le tracteur mais aussi en mairie. Fernand Gaudet fut maire d’Asoux de 1959 à 1983. Il lui a transmis le virus de la chose publique. Titulaire d’une licence d’histoire et d’un DEUG de géographie, décrochés à l’université d’Orléans, le fils Marc prend la mairie en 1995. Tout en exploitant la ferme familiale; Après un premier galop d’essai aux cantonales de 1998 où il fait battre, en se maintenant au second tour, le député Jean-Paul Charrié (RPR), il remet ça en 2004 contre le socialiste Claude Laurent. “Je suis parti sans étiquette en divers droite, et c’est passé”, contre le maire d’alors de Pithiviers, Philippe Pintaux (UMP).
C’est un peu plus tard que dans le sillage de Grégoire Mallein, qu’il prend sa carte au parti Radical Valoisien et de fait intègre l’UDI. Dont il claquera la porte fin 2015. En cause, la tête de liste Philippe Vigier battu par le PS François Bonneau: “il ne siège même pas dans l’opposition à la région et a laissé sa place à Peltier”.
Le retour chez les Radicaux?
Un président du département sans étiquette, c’est bien la première fois mais Marc Gaudet n’exclut pas d’adhérer à nouveau “dans six mois, quand ce sera clarifié”, et il ne cache pas qu’il apprécie Laurent Hénard le président des Valoisien. Alors un retour aux Radicaux de droite en passe de convoler avec ceux de gauche le PRG?
A 53 ans, ce grand gaillard de 1,94 mètres, ne cache pas son côté “convivial, bon vivant”. Il a tâté plus jeune un peu de rugby et il ne crachait pas sur les troisième mi-temps. D’ailleurs c’est un fidèle en amitié et, chaque jeudi soir, il ne raterait pour rien au monde, les soirées avec ses potes, des commerçants, des agriculteurs, des chefs d’entreprise, des retraités dont un ancien pilier de la République du Centre. ” C’est vrai que je vais plus facilement inaugurer un salon de la gastronome qu’un salon d’art contemporain”, lance Marc Gaudet. Les ronds de jambes et les belles théories, les grands discours, ce n’est pas sa tasse de thé. D’ailleurs sa confrérie pithivérienne s’appelle “Les chevaliers du tilleul”. Tout un programme! On y cultive aussi le goût du houblon… De temps en temps, pour se reposer de la petite musique politique, Marc Gaudet ne crache pas sur un karaoké.
Quant à son job d’origine, malgré les 40 000 km par an à courir les réunions, les visites de chantier, les casernes de pompiers, Marc Gaudet se fait fort de le préserver. Le tracteur ce n’est pas pour la photo, il continuera à labourer ses 70 hectares de betteraves et de céréales. “La moisson ça me détend”, il sait bien que son “emploi du temps “va se compliquer encore plus”, alors sur l’exploitation il va embaucher quelqu’un.
C’est la population qui est touchée
A la ferme d’Ascoux où il vit toujours, sa famille recomposée compte cinq enfants, “deux d’un premier mariage et trois du côté de ma femme”. Il aime le concret, le terrain, la proximité, bosse les dossiers, n’évite pas les sujets qui fâchent, la déviation de Jargeau, les mineurs isolés qu’il faut “traiter avec humanité”. Quant au conflit avec l’Etat qui réduit ses dotations, Marc Gaudet dans le sillage de ses prédécesseurs monte derechef au créneau: “si l’échelon de proximité est menacé, c’est toute la population qui est touchée“. A Ascoux, dans son village, l’ancien maire est fier du gymnase, de la maison familiale rurale, du salon de coiffure, du garage, de la boulangerie, du marchand de vin…A chaque fois des locaux que la mairie avait rachetés pour favoriser le dynamisme commercial. “Au département on retrouve ces actions concrètes, les routes, les collèges, les maisons de retraite…”.
Dans son discours d’installation à la présidence, Marc Gaudet, le pragmatique, l’homme de la terre et du territoire l’a bien dit: “ma vision du département est celle d’une institution de proximité qui a pour vocation d’être simultanément facilitateur avec nos partenaires, aménageur de nos territoires, accélérateurs de projets…“. Du concret, toujours du concret, l’agriculteur d’Ascoux reprend… le sillon tracé par Eric Doligé et Hugues Saury. Sans à-coup.
Ch.B