Quels sont les auteurs contemporains qui peuvent se vanter d’avoir une relation aussi vécue, même ténue, avec leurs lecteurs? Aucun. Amélie Nothomb est un cas unique.

Amélie Nothomb jeudi à la Librairie Nouvelle.
Lorsqu’elle aime ses lecteurs ce n’est pas par des déclarations faux culs dans des Talk show promotionnels télévisés. Non tous les jours, dès potron minet, l’écrivaine belge surdouée, inclassable, imprévisible, lit les lettres de ses admirateurs et répond. Répond vraiment. Et lorsqu’elle fait une signature comme jeudi à Orléans à la Librairie Nouvelle, ils sont des dizaines à faire la queue pour l’écouter, puis avec une signature recevoir les quelques mots chaleureux de cette auteure prolixe en diable.
Pétillante comme ses coupes de champagne
En interview ,comme derrière la table de la librairie orléanaise, Amélie est plus qu’une “bonne cliente”, comme disent les médias, c’est une pépite. Elle pétille comme ces coupes de champagne qu’elle siffle derechef, brillante, cultivée, excentrique avec parfois ses grands chapeaux extravagants, et surtout douée d’un humour hors pair qu’elle distille à la louche comme dans ses romans et ses contes. Une vraie belge en somme, la Belge qui comme chacun sait est une française qui ne se prendrait pas au sérieux…Frappe toi le coeur (Albin Michel), son 26 ème livres, a pour thème la jalousie.
Le choc des cultures
Cette boulimique d’écriture confie qu’elle a tapé 70 manuscrits dont une majorité non publiés “parce que je ne les aime pas”. Son secret pour trouver l’inspiration? “Ne jamais s’arrêter d’écrire”, dit cette stakhanovistes des mots, cette gourmande de l’autodérision. Mais aussi du choc des cultures comme lorsqu’elle retourne au Japon dans son plus gros succès “Stupeur et tremblements”, où elle décrit sa descente aux enfers jusqu’à devenir “dame pipi”.
Luchini de la littérautre
Depuis l’Hygiène de l’assassin, Amélie Nothomb a vendu des centaines de milliers d’exemplaires, avec des titres comme “Métaphysique des tubes” Pétronille”., “Ni d’Eve ni d’Adam”….

Une écrivaine populaire et adorée.
Pourquoi ses livres, devenus maintenant des contes se réduisent-ils, comme neige au soleil, à de moins en moins de pages? Elle reprend une lampée de champagne et s’amuse, “parce que je sais de mieux en mieux découvrir tout ce qu’il ne faut pas écrire”. Imparable. Pimpante, elle disserte encore sur l’enfance, cite Romain Gary, parle de la mère qui est pour l’enfant, “une princesse”, sur la jalousie passive qui devient jalousie active dans son roman…Intarissable Amélie. Bonne à l’écrit et à l’oral.
Amélie Nothomb, la Luchini de la littérature, dont les lecteurs (beaucoup de lectrices) dévorent les ouvrages et qu’ils passeraient des heures à écouter tant ils dégustent à livre ouvert son brillant babillage. Il fallait les voir ces lecteurs orléanais bouchée bée devant leur idole littéraire. Un spectacle réconfortant à l’heure où l’écran deviendrait le seul lien social et “culturel”.
Ch.B