Rien à voir avec la crise entre Marine Le Pen et Florian Philippot : Charles de Gevigney nous l’a confirmé hier de vive voix, sa démission surprise du secrétariat départemental du Loiret du FN est due à “des raisons privées”. “Je n’avais plus de temps à libérer pour moi”, a t-il répété lors d’un point presse avant la session du conseil régional de la semaine prochaine.
Charles de Gevigney (FN).
C’est une décision qu’il avait déjà prise “depuis quelques mois”, mais il indique “avoir attendu la fin du cycle des élections“, pour la rendre publique. En fait c’est une bonne partie du bureau, c’est-à-dire l’exécutif du FN qui est à reconstruire. Jeanne Beaulier, l’adjointe de Charles de Gevigney et conseillère régionale, et un autre membre Eric Charpentier, ont aussi remis leur démission dans la foulée.
Désigné par le bureau politique à Paris il y a trois ans, ce rural, attaché à la défense de l’environnement mais pas de la façon des écologistes de gauche, Charles de Gevigney avait débroussaillé depuis un parti en crise dans le Loiret. Son prédécesseur, Bernard Chauvet avait claqué en effet la porte du parti fin 2014. À cette époque, nous étions dans le nettoyage par Marine Le Pen de écuries d’Augias paternelles.
Il a fait le job aux élections
Nommé en pleine campagne des élections départementales en 2015, Charles de Gevigney qualifié de “proche de Marine Le Pen”, s’était infligé la reconstruction d’un parti miné aussi par la crise orléanaise avec le départ de deux de ses trois élus municipaux, Christophe de Bellabre et Arlette Fourcade ? Puis le SD (secrétaire départemental) a du gérer le cycle des élections, d’abord régionales en 2015, après les cantonales, puis la Présidentielle, les législatives et enfin les sénatoriales. Avec des résultats décevants.
“J’en ai fait le tour”, dit aujourd’hui Charles de Gevigney qui, comme d’autres élus régionaux, reste sceptique sur la nomination par Paris du Secrétaire départemental. “On ne se bouscule pas au portillon”, confie Charles de Gevigney à propos de sa succession. “Il y a un creux dans le calendrier électoral”, donc une pause qui est censée permettre aux amis de Marine Le Pen de préparer ce qui est pour le parti d’extrême-droite l’objectif essentiel, les municipales de 2020 (ou 21). Deux candidats sont en lice pour succéder à Charles de Gevigney dans le Loiret, dont l’un souhaite une “direction collégiale”…
Michel Chassier, président du groupe FN àl la région et Charles de Gevigney qui reste conseiller régional.
Derrière le discours lénifiant de Charles de Gévigney sur les motifs privés de sa démission, on sent pointer une certaine déception. Pourtant le responsable des fédérations, l’ancien élu d’Orléans et de la région Centre, Jean-Lin Lacapelle est toujours aux commandes. Mais il semble bien que ça grince aussi dans d’autres département, puisqu’à Saint-Étienne (Loire) par exemple, six élus municipaux viennent de rendre leur carte pour dénoncer “une gestion calamiteuse de la fédération”.
C’est pour reprendre en main les rênes d’un parti ébranlé par une crise interne sans précédent que Marine Le Pen a entrepris une tournée des popotes à travers la France. De toutes façons c’est bien elle, la patronne, qui nommera le successeur de Charles de Gevigney.
Ch.B.
Marine Le Pen fera étape à Blois dans le cadre de sa tournée des régions le samedi 18 novembre pour un dîner-débat. Pour le moment le FN a des difficultés à trouver une salle disponible pour accueillir 500 personnes.