Douloureuse coïncidence: alors qu’à Tours jeudi soir la majorité du maire (LR) Serge Babary (devenu sénateur) doit se choisir un candidat à sa succession, une élection qui aura lieu le 17 octobre en conseil municipal, la cour d’Appel d’Orléans a résonné de nombreuses fois mercredi après-midi du nom de l’ancien sénateur-maire Jean Germain (PS). Le procès des “mariages Chinois”, déjà appelé en première instance le 7 avril 2015, le jour où le sénateur d’Indre-et-Loire, prédécesseur de Serge Babary, qui fut aussi vice-président de la région Centre, s’était donné la mort, qui avait été reporté en octobre 2015,
Les quatre protagonistes de cette affaire, dite “des mariages chinois”, ont comparu à cette audience de la Cour d’appel, Lise Han, l’ancienne maîtresse de Jean Germain, son mari Vien Loc Huynh, François Lagière, l’ancien directeur de cabinet de Jean Germain et Jean-François Lemarchand, directeur de la SPL (Société publique locale), l’Office de tourisme Tours-Val de Loire. “Il a été le chef d’orchestre et eux les artisans”, a lancé Elise Tamil, l’avocate général, de ce système d’escroquerie et de détournement de fonds publics à propos de Jean Germain, aujourd’hui disparu.
Lise Han, originaire de Taïwan, avait été condamnée en première instance en janvier 2106 par le tribunal correctionnel de Tours à 30 mois de prison, dont un an ferme . Entre 2007 et 2011, elle organisait des « noces romantiques » pour les touristes chinois dans la région des Châteaux de la Loire.
Aux termes de marchés de plusieurs de plusieurs milliers d’euros -un :préjudice estimé au total à près d’un million d’euros par l’accusation- conclus entre la mairie de Tours et la société qu’elle avait créée, des couples chinois venaient renouveler leurs voeux devant le maire de la ville, dans le cadre d’un programme touristique comprenant visites de châteaux et promenades en calèche.
Un mélange des genres qui lui aurait ainsi permis d’empocher près de 750.000 euros de marchés publics pour l’organisation entre 2008 et 2011 de la célébration par le maire de Tours de 240 mariages symboliques de couples chinois.
Trois mille euros par mariage
En plus de son salaire de 3 000 euros que lui avait octroyé l’ancien maire de 2008 à 2011, pour un emploi à son cabinet dans les relations internationales avec la Chine, elle percevait en effet, 3 000€ par “mariage”. Maîtresse à l’époque de Jean Germain, elle avait été embauchée à la mairie pour superviser les échanges avec la Chine en 2008. Même si elle avait alors démissionné de la direction de son entreprise, elle continuait de fait à en tirer toutes les ficelles.
Son mari l’homme de paille
Mercredi à Orléans, l’avocate générale au terme d’une journée d’audience, présidée par Sophie Madec, a requis une aggravation des peines: 36 mois contre Lise Han dont 12 avec sursis soit deux ans fermes et interdiction de diriger une société commerciale, 24 mois avec sursis pour François Lagière, avec interdiction d’exercer des emplois publics durant cinq ans, 18 mois avec sursis contre Jean-François Lemarchand avec aussi une interdiction d’emploi public durant cinq ans, et 12 mois avec sursis contre le mari de Lisee Han, l’homme de paille dans cette affaire, faux gérant des sociétés. A la suite de la publication par le Canard Enchainé des premières informations sur les mariages chinois, Lise han avait été “exfiltrée” du cabinet de Jean Germain vers la SPL Tours Val de Loire dirigé par Jean-François Lemarchand. Aux deux fonctionnaires, il est reproché d’avoir “fermé les yeux” sur le système mis en place par le maire et sa maîtresse, à la suite des “pressions” ont-ils dit de Jean Germain. “Il y avait un devoir de désobéissance” a encore dit Mme Tamil.
“Le succès touristique ne justifie en rien les infractions”
Lise Han à son arrivée à la Cour d’Appel d’Orléans.
“Il n’est pas question ici de savoir si les mariages chinois ont eu des retombées en termes économiques et touristiques pour la Touraine”, a indiqué Elise Tamil, “cela ne justifie en rien les infractions commises”. L’avocate générale n’a pas mâché ses mots contre certains membres de “ce monde politique…A la société on demande de se serrer la ceinture,alors que d’autres, certains élus, pratiquent la gabegie”.
En première instance, Lise Han avait été condamnée à un an de prison ferme et 800.000€ de dommages et intérêt en faveur de la ville de Tours et de Tours Plus, devenue métropole. La Cour d’Appel d’Orléans a mis son arrêt en délibéré au mardi 30 janvier.
Ch.B