Les élus frontistes s’inquiètent des répercussions des décisions gouvernementales sur le prochain budget régional. Ils veulent des explications
Michel Chassier le président du groupe à la région.
S’appuyant sur une phrase de François Bonneau, le président du conseil régional évoquant les finances de la région « nous sommes déjà à l’os », les élus du Front National lancent un cri d’alarme avant l’adoption du budget 2018. Celui-ci cependant est loin d’être acté puisque la séance sur les orientations budgétaires –première étape obligatoire avant le vote du budget- prévue pour le 19 octobre a été repoussée au 16 novembre. “C’est la première fois que cela arrive” explique
Michel Chassier, président du groupe des 17 élus FN au conseil régional qui effectuait hier sa rentrée avant la réunion d’une première commission permanente. Ce report est pour l’élu frontiste le signe d’une fragilité des finances régionales mises à mal par les décisions gouvernementales : baisse des dotations, réduction du nombre d’emplois aidés, nouvelles dispositions en matière de construction et de logements.
Encore que pour les emplois aidés le Front cache mal une certaine satisfaction « nous avons toujours dit que ces emplois, comme Cap’Asso dans la région n’ont pas vocation à devenir pérenne. Ils ne peuvent se justifier qu’en phase de démarrage de certaines activités ».
Non à l’éco-taxe !
François Bonneau accusé de “clientélisme”.
En ce qui concerne la baisse des dotations de l’Etat Michel Chassier rappelle que la région a déjà décidé de reporter certains investissements dans les lycées. En attendant le prochain congrès des régions où le gouvernement pourrait faire des annonces « calmantes » le FN réfute par avance toute solution de financement par les taxes. Pas question en particulier d’accepter au niveau régional le retour de l’éco-taxe poids lourds « alors que l’ensemble des taxes sur l’automobile et les carburants représente aujourd’hui près de 300 millions de recettes pour notre région qui, jusqu’ici, ne voulait pas mettre un centime sur les routes ». Face à cette situation qui n’annonce difficile Michel Chassier ne trouve pas de circonstances atténuantes à François Bonneau « qui a fait le choix de voter et de faire voter pour Emmanuel Macron à la présidentielle ». Et cela d’autant plus que la région ne tirerait pas toutes les leçons de cette fragilité financière « en continuant comme si de rien n’était à distribuer des subventions à tout va, avec du saupoudrage, du clientélisme et du manque de priorités ». Le Front National aimerait par ailleurs obtenir des éclaircissements sur certaines écritures comptables (10 millions d’euros quand même !) engagées en 2016 mais « non mandatées et non reportées ». Michel Chassier a écrit au président du conseil régional, au préfet, au payeur régional, mais sans obtenir de réponse jusqu’à présent.
Si le FN relativise quelque peu l’embellie dans le domaine de l’emploi régional « qui ne fait pas vraiment ressortir une tendance positive », il est au moins une décision que le réjouit : la décision de l’Etat de fermer le centre de déradicalisation de Pontourny en Touraine. Le Front a toujours été vent débout contre ce projet avorté. Reste maintenant à réutiliser les locaux existants.Véronique Péan, élue en Indre-et-Loire, propose la transformation du centre en lieu d’accueil pour les victimes d’attentats alors que, ironique, Michel Chassier évoque un « centre pour députés ou anciens députés déprimés ».
Marine Le Pen dans le Loir-et-Cher en novembre
Marine le Pen, à ses côtés Charles de Gevigney
Le Front National veut donc effectuer une rentrée active et offensive face à l’exécutif régional. Mais il devra affronter aussi quelques turbulences internes : l’absence de l’ancien président Philippe Loiseau qui n’a plus remis les pieds au conseil régional depuis son élection au Parlement européen. Il a, à ce titre, été sanctionné financièrement à plusieurs reprises pour son absentéisme, mais refuse pourtant de démissionner de son mandat. Autre question avec l’évolution du FN, ses débats internes sur la sortie ou non de l’euro et l’avenir de Florian Philippot. « Des débats normaux estime Michel Chassier et qui n’ébranlent pas notre cohérence interne ». Il attend pour cela les lumières de Marine Le Pen qui viendra ouvrir le débat en novembre dans le Loir-et-Cher.
Jean-Jacques Talpin