Le maire de Tours, Serge Babary aura donc mis fin au suspense en cette fin d’été. Loi sur le non-cumul des mandats oblige, en cas d’élection à la chambre haute, l’actuel maire de Tours devra abandonner son fauteuil municipal. Aussi attendue qu’elle était, l’annonce de la candidature de Serge Babary aux Sénatoriales n’a pas manqué de faire réagir.
Le slogan « 100% maire » de 2014 attise les critiques
Élu en 2014 avec la promesse d’être 100% maire, Serge Babary affichait sa volonté de se consacrer entièrement à la ville de Tours en opposition à Jean Germain, le maire d’alors, pointé comme cumulard… Le candidat Babary allait même jusqu’à émettre des doutes sur le choix éventuel de Jean Germain en 2017 entre Sénat et Mairie…
Ce slogan « 100 % maire » ressort logiquement aujourd’hui dans les critiques faites à Serge Babary. Pour Emmanuel Denis, élu municipal EELV cette « décision est un manque de respect envers les Tourangeaux ». Même son de cloche du côté des élus du groupe d’opposition Tours 2020 qui voient « un renoncement de la parole donnée en 2014 » et une décision qui « n’est pas à la hauteur des enjeux que doivent relever notre ville et son agglomération en cette rentrée 2017 ».
Des critiques auxquelles le maire de Tours s’était préparé en répondant simplement : « J’ai été 120% maire pendant 3 ans. Je ne laisse rien tomber, je vais continuer de me battre pour la Touraine, et je vais rester au Conseil Municipal ». Fermez le ban.
Pourtant cette décision laisse forcément un goût amer. Oui car si Serge Babary restera celui qui a mis fin au Germanisme à Tours, s’il est élu le 25 septembre prochain, il ne sera resté finalement maire que trois ans, juste le temps d’un demi-mandat.
Maire : une charge pesante
Âgé de 71 ans, Serge Babary avait déjà annoncé ne pas vouloir se représenter en 2020. Maire de transition pour beaucoup, va-t-il chercher au Sénat une porte de sortie honorable à sa carrière politique ? Une carrière où finalement l’apothéose de 2014 aura été suivie de trois années certainement plus compliquées que ce qu’il espérait en arrivant aux commandes de la ville. Ce qui fait dire à certains observateurs et élus que le maire de Tours ne se plaisait finalement pas dans ce fauteuil épineux. « La charge de maire est pesante » expliquait il y a quelques mois un adjoint. Des propos repris aujourd’hui par Emmanuel Denis pour qui « Serge Babary ne paraît pas épanoui dans son costume de maire ».
Quelles conséquences pour la ville de Tours ?
Alors que Serge Babary commence à imposer sa marque après trois années en demi-teinte où il aura été difficile de déceler une stratégie politique claire, si ce n’est, reconnaissons le, l’assainissement des finances, ce départ plus que probable au vu du corps électoral pour ces sénatoriales, peut-il avoir des conséquences sur les projets de la ville de Tours ? Du côté de Jean-Patrick Gille, « ce départ est avant tout le signe d’un échec. Pendant trois ans, Serge Babary n’aura pas réussi à définir une stratégie politique. Il a manqué des projets et de vraies perspectives, à voir ce que fera le suivant ». Une chose est sûre, une période de transition aura forcément lieu , le temps que le nouveau maire prenne ses marques.
Quelle succession ?
Serge Babary l’affirme, « l’heure n’est pas à la succession. Je ne suis pas encore élu, ma succession ne s’ouvrira que si je le suis et pas avant ». Malgré tout en coulisses, les choses se préparent depuis plusieurs mois. La mise en place d’un comité politique, sorte de premier cercle autour du maire était la première étape à une succession voulue en douceur, malgré les ambitions affichées de plusieurs adjoints et les relations parfois tendues entre différents élus de la majorité. Le message est donc clair, tout doit se faire sereinement, du moins en façade. Et le choix du successeur pourrait en dire beaucoup sur l’ambition affichée pour les trois années restantes du mandat. Parmi les prétendants, certains affichent en effet des ambitions politiques claires et pourraient en profiter pour préparer idéalement 2020 et les futures élections municipales.
Parmi les hypothèses les plus crédibles, trois noms sortent régulièrement dans les conversations :
Christophe Bouchet. En effet, depuis plusieurs mois, l’actuel adjoint au rayonnement et au tourisme s’affiche en effet aux côtés du maire, est très présent à toutes les représentations publiques… Seule ombre véritable au tableau, son appartenance à l’UDI. Les Républicains seront-ils prêts à lacher symboliquement une mairie comme Tours ? Oui à en croire Philippe Briand dans la NR samedi…
Thibault Coulon, reconnu comme un élu maitrisant bien les dossiers est un autre prétendant crédible. Mais ses positions sociétales marquées et ses différentes « querelles » passées avec certains collègues, peuvent jouer en sa défaveur.
Jacques Chevtchenko, premier adjoint ayant déclaré il y quelques mois être prêt à prendre le relais de Serge Babary. Bien que plutôt en retrait ces derniers mois, l’élu pourrait être la solution de transition et d’apaisement. Un choix qui remettrait les ambitions et débats sur la tête de liste de 2020 à plus tard, mais qui ne trancherait pas la question du leadership.
D’autres candidats à la succession pourraient se déclarer également à l’instar de Xavier Dateu ou Olivier Lebreton, ce qui promet de longues discussions au sein de la majorité …
Quoiqu’il en soit, à la différence de Serge Babary qui avait la légitimité d’avoir réussi l’union à droite autour de lui, son remplaçant devra rapidement imprimer sa patte pour se garantir une légitimité forte au sein de la majorité et enclencher une dynamique positive pour la ville de Tours et les Tourangeaux…
Des hypothèses qui ne restent valables qu’en cas d’élection de l’actuel maire de Tours. Si en tant que tête de liste des Républicains, Serge Babary a de grandes chances d’être élu, une élection n’est jamais jouée d’avance, surtout en cette année 2017 qui aura rebattu pas mal de cartes. En cas d’échec, c’est un Serge Babary fragilisé qui resterait alors maire de Tours, avec au bout du compte trois années de fin de mandat qui s’avéreraient longues et compliquées pour lui mais aussi pour la droite dans son ensemble…
Mathieu Giua.